PARTIE 20

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Talla m’aime ! Je me l’étais répétée toute la nuit. Talla m’aime ! J’en étais convaincue. Talla m’aime ! Les preuves avaient toujours été là. Talla m’aime ! Il me l’avait toujours prouvé.
Comment avais pu être aussi aveuglée par la haine la rage pour ne pas l’entendre ou le voir ? Il avait était sincère sur toute la ligne. J’ai toujours cru que s’il m’avait épousé c’était par devoir après m’avoir violé mais non………..
Quel homme refuserai de toucher sa femme une mariée ? Talla l’avait fait ! Quel homme prendrait la défense d’une femme qui le minimisait à chaque fois ? Talla l’avait fait !
Je regrettais encore plus amèrement notre dispute de la dernière fois. Mes mots cruels me transperçaient le cœur.
L’heure n’était pas aux regrets, il me fallait agir et vite qu’importe le prix………………………………….
Depuis bien longtemps, je ne m’étais réveillée souriante. A la veille du baptême de ma belle-sœur, le sourire ne quittait plus encore l’effet de la lettre j'imagine . Pour ne pas entacher ma bonne humeur, j’étais allée voir Yacine qui squattait le salon de Mado depuis la fermeture des classes. 
_ Wa kii dou sama diabar (N’est-ce pas ma femme) ? lança Mado la première
_ Si si  c’est moi répondis-je
Yacine : T’es bien radieuse ce matin à quoi est-ce dû ? 
_ A mon mari !
Je l’avais sorti le plus naturellement possible. Jamais dire mon mari m’avait été aussi agréable. Sur le coup elles devinrent plus enthousiastes que moi.
_ Talla est de retour ? Cria Mado les yeux grands ouverts
_ Non
Yacine : Ne te moque pas de nous way
Moi : Rien que savoir que son mari l’aime est une pure source de bonheur
Mado : Et c’est maintenant que tu sais que ton mari t’aime Mdrr. Alors comment va-t-il le chenapan qui te sert d’époux
Sur le coup la tristesse me regagna en repensant à son accident. Mon sourire se figea et mes larmes menacèrent de sortir.  Mado et Yacine étaient les seules véritables amies que j’avais ici. Elles se regardèrent un moment avant que Mado ne dise à l’une de ses élèves de surveiller le salon de coiffure pour aller chez elle. C’était la première fois que j’y mettais les pieds. A chaque fois je lui rendais visite qu’au salon. Sa chambre était aussi belle que celle d’une mariée, elle n’avait rien d’une chambre de célibataire. Allant du grand lit, l’armoire, la coiffeuse, les pots de thiouraye dont moi-même n’avais pas sur ma coiffeuse.
_ Cathy Lou Hew (que se passe-t-il) pourquoi es-tu dans cet état ? 
_ Yacine c’est Talla il est à l’hôpital depuis cinq jours maintenant
Mado : Hôpital ? Qu’est-ce qu’il a ?
Moi : Il a eu un accident à son lieu de travail
Yacine : Il n’a rien de grave j’espère
Moi : Il s’est brulé au dos mais ils disent qu’il va mieux
Mado : Alors pourquoi te mettre dans cet état
Moi : S’il allait mieux alors Bouba n’irait pas le rejoindre
Mado : Quel Bouba si ton mari est malade c’est toi la plus apte à être à ses cotés
Moi : A vrai dire c’est moi que Badiène et oncle Talla voulaient amener mais Bouba leur a fait croire que ce n’était pas possible
Yacine: Mane dal Bouba akk Diabaram daniou may fébar (moi Bouba et sa femme me rendent malade) et que comptes tu faire? 
Mado : Cathy c’est que vrai tu es très jeune mais tu n’es plus une gamine surtout que tu as gouté à la chose
Yacine choquée apparemment émit un fou rire
_ C’est vrai poursuivit Mado. Tu vas aller dire à ta belle-mère que c’est toi qui iras aider ton mari et personne d’autre……
Yacine : Cathy que je vois là n’aura pas le cran de le faire
Mado : Reste là à être timide et tes droits te seront dérobés. Pense à ton mari un peu. Il ne te manque pas ? Ne voudrais-tu pas le voir ? Le sentir ?
Yacine : Oh Mado toi aussi ça suffit et à qui appartient cette chambre
Mado : C’est la mienne je travaille alors pourquoi je n’aurais pas la chambre que je veux mariée ou pas
Yacine : Tu devrais alors donner à ma copine quelques astuces
Moi : Vous avez raison. Je parlerai à ma tante et à Bouba
Mado : Alors votre baptême c’est demain ?
Moi : Oui vous serez là j’espère
Elles répondirent par l’affirmatif…………
J’étais restée discuter jusqu’à l’heure du repas pour rentrer. Il avait Tante Dior, son frère et mère Fama à la maison. Badiène s’offusqua de voir encore ma tignasse car je lui avais dit que j’allais au salon de Mado.
Badiène : Tu ne t’es tressée ?
Moi : Non Badiène j’étais simplement aller la voir et Yacine aussi était là-bas 
Mère Fama : Alors ma fille comment vont tes parents ?
Moi : Ils vont bien
Dior : Tu vas souvent les voir ?
Moi : Non pas tellement maman dit qu’une femme mariée doit rester chez elle
Oncle Talla : Elle a raison contrairement à certaine
Dior : Tu parles de moi si je suis encore à la maison c’est pour prendre soin de maman
Oncle Talla : Comme si ma femme ne pouvait prendre soin d’elle
Dior : Vous n’habitez pas avec nous alors comment prendra-t-elle soin d’elle ?
Mère Fama : Talla laisse ma fille tranquille je préfère qu’elle habite chez moi avec son mari.
Oncle Talla : Bon moi j’y vais-je dois régler les démarches de Bouba
Moi : Badiène Bouba est Là ?
Badiène : Oui il vient d’arriver pourquoi
Moi : J’aimerai vous parler avant qu’oncle Talla ne parte
Badiène : Dans ce cas va l’appeler il est dans sa chambre
Je le trouvai tout heureux discutant avec Salif qui prit peur en me voyant. Il avait au poignet une belle montre qui m’était familière mais je n’en fis pas office. Il me suivit chantonnant presque dans mes oreilles. Comment pouvait-il être aussi heureux alors que son frère se trouvait sur un lit d’hôpital ? Encore une fois j’eus mal de n’avoir pas soutenu Talla lors de leur nombreux altercations. Il prit place auprès de son oncle en face de moi.
_ Nous t’écoutons Cathy que voulais-tu nous dire ?
_ Badiène c’est vrai que je ne dois pas discuter tes décisions mais celle dont tu m’as fait part hier me laisse perplexe. Talla est mon mari depuis la nouvelle de son accident je ne dors presque plus. Tout ce que je veux c’est être à ses côtés le voir le soutenir. Je suis sa femme alors je lui apporterai de l’aide plus que n’importe qui. Donc je pense que si quelqu’un doit y aller c’est bien moi.
J’avais parlé d’une manière douce et ferme à la fois. Bouba me fixait comme s’il voulait m’étrangler mais se retenait. Quand à ma tante elle me regarda longuement sans rien dire. C'était la première fois que je m'opposais à une de ses décisions.
Dior : Tu as raison c’est toi qui dois partir. Moi je ne comprends pas ce que fait Bouba dans l’histoire……….
Oncle Talla : Ma fille je te comprends. Ta tante tout comme moi avions convenu que ce soit toi qui parte mais ……..
Bouba : Cathy si je pars ou que ce soit toi c’est du pareil au même …..
Dior : Ce n’est pas pareil  sale idiot quel réconfort peux-tu apporter à ton frère plus que sa femme….
Bouba : Ok tata comme tu veux. Mais Cathy tu es encore mineure tu n’as que 16ans
Moi : J’aurais 17 ans dans trois mois …….
Bouba : Peu importe tu restes encore mineure. Alors comment voudrais tu aller te présenter comme la femme de Talla là-bas  ? Voudrais tu qu’il soit emprisonné pour détournement de mineur ? C’est rien que pour cette raison que je vais y aller. En plus Talla est mon petit frère j’ai aussi mal que toi pour ce qui lui est arrivé……
Moi : Bouba si ce n’est que ça alors soit tranquille car je ne dirai pas que je suis sa femme une fois là-bas….
_ Bon Sang Cathy ne soit pas aussi bornée cria-t-il exaspéré
Sacré Bouba il n’a jamais su se contrôler. Lui qui jouait la carte de la diplomatie le voilà qui pétait les plombs…. 
Badiène : Hey calme toi tout de suite
Bouba : Non je ne vais pas me calmer. Cette fille refuse de comprendre alors qu’elle n’a pas son mot à dire c'est une affaire de famille. Talla est mon frère …..
Moi : Moi aussi je peux crier autant que toi et j’ai plus mon mot à dire sur Talla que toi. S'il est ton frère moi je suis sa femme
Bouba : Je te ne savais pas aussi égoïste tu ne penses qu’à toi. Pense à ton mari au moins il a besoin d’aide. Et nous n’allons pas resté là à attendre ta majorité pour le lui apporter.... Sale gamine
Moi : L’égoïste ici c’est toi Bouba pas moi. Depuis quand penses-tu à ton frère toi dis-moi. Depuis qu’il est souffrant je ne t’ai jamais vu affiché ne serait-ce qu’une mine peinée ou compatissant. Non au contraire tu es très heureux.……..
Bouba : N’ai-je pas le droit d’être heureux de la naissance de mon fils ? Ah je comprends essaye d’abord de donner un fils à mon frère et tu comprendras
_ Bouba hurla sa mère
Moi : Non Badiène laissez. Je ne fais que voir la personne qu’il ait en réalité. Avant c’était avec Talla qu’il était ainsi n’empêche je prenais toujours sa défense au détriment de mon mari et maintenant c’est mon tour.
Badiène : Je ne veux plus vous entendre tous les deux. Bouba tu ne dois pas parler ainsi à Cathy c’est ta petite sœur, la femme de ton frère. Et toi Cathy essaye de comprendre ce que Bouba t’explique tu es encore mineure. ………
_ C’est bon Badiène j’ai compris pleurais-je avant de prendre les escaliers.
Dans mon lit je pleurais tout mon soul. Bouba et Fily faisaient parfaitement la paire. Je me haïssais d’avoir insulté Talla pour eux. J’avais enfin compris qui ils étaient. Qui se ressemble s'assemble!
: Cathy
Je relevai la tête pour voir tante Dior. Dans mon élan j’avais même oublié de fermer la porte. Elle le fit et venue s’assoir à mes côtés pour me caresser la tête.
_ Pourquoi pleures tu maintenant ?
_ J’ai mal lâchai-je dans un gros sanglot  
_ Je comprends ma fille tu es jeune et très amoureuse de ton mari ça se voit ……..
_ Quoi moi non……
_ Ne joue pas la folle avec moi. Tu as le droit d’être amoureuse de ton mari et si ce n’était pas le cas tu n’allais jamais agir ainsi.
_ Vous pensez que j’ai mal agi ?
_ Non afin pas moi si c’était moi j’aurais fait pire j’imagine sourit-elle
_ Badiène doit m’en vouloir
_ Elle ne peut pas t’en vouloir tu es dans ton droit.
_ Alors pourquoi veulent-ils laisser Bouba y aller ?
_ J’en sais rien moi Bouba est là-bas à leur expliquer je ne sais quoi. En matière de paperasse je n’en sais rien du tout. Je n’ai pas été à l’école plutôt à l’école de la cuisine avec Mère Fama…..
Sans le vouloir je souris. Sacrée tante Dior! Beaucoup la craignait au sein de la famille. Fily la première. Elle ne jure que par elle. Malgré son fort tempérament elle est gentille c'est juste qu'elle ne tolère pas certaine chose et dit les choses tels qu'ils sont. Dame de fer comme on l'appelle, elle n'hésite pas à tirer les oreilles qu'importe la personne.
_ Ah vois-tu c’est mieux de te voir sourire que pleurer. Si ça ne dépendait que de moi alors ce serait toi qui partirais auprès de ton mari. J’imagine qu’il doit te manquer……
_ Oui pleurais-je anéantie depuis trois mois je n’ai pas parlé à Talla et s’il ne s’en sort pas je ne me le pardonnerai jamais ……
Sur le coup de l’émotion j’avais parlé sans réfléchir. Et il était tellement facile de parler avec Dior. Mon coeur  était meurtri a force d'enfouir des choses. Il était impératif de me soulager un peu……
_ Quoi c’est depuis qu’il est rentré alors ? Vous vous êtes disputez ?
J’hochai la tête en guise de oui honteuse
_ Alors je comprends mieux comment pouvez-vous rester trois mois sans vous parler ? surtout pour de jeunes mariés ta tante n’est pas au courant ?
_ Non personne ne sait …….
_ Talla me rappelle son père. Oumar mon frère pouvait être fâché sans que personne ne le sache. Ils ont très fiers. Ils peuvent tout supporter sauf quand on leur démontre qu’ils ne sont rien. Dans ce cas ils se renferment. C’est ce qui s’est passé entre nos demis -frères et Oumar. Ils nous ont toujours méprisés nous démontrant que nous n’étions et valions rien. Et malgré que le temps ait passé Oumar n’a pas oublié. S’il a eu de bonnes relations avec eux par la suite tout comme nous c’est à cause de notre mère. Ils ont bon cœur très bon cœur mais une fois blessé ils peuvent devenir rancuniers…..
_ Alors je doute que Talla me pardonnera je l’ai vraiment blessé. Je lui ai dis des choses méchantes
_ Dans tous les couples ils existent des problèmes. Et je ne veux pas connaitre le motif de votre dispute. S’il t’aime il te pardonnera et surtout lorsque tu es convaincante.
_ Pour ça il faudra que je sois à ses côtés …..
_ Tu as raison mais Cathy je vais te tirer les oreilles tu sais. Une femme amoureuse doit être sans vergogne envers son mari. Même si vous êtes fâchés et qu’il ne te parle pas toi, parle lui, fait le premier pas. Ainsi il reviendra vers toi……
_ Que vais-je faire Tante Dior maintenant ? 
_ Pour commencer tu vas te lever et aller te laver le visage. Tu vas sortir et faire comme si rien ne s’est passé d’accord. Je ne peux pas appeler Tapha pour qu’il t’aide car Talla l’a déjà appelé pour Bouba.
_ Oncle Tapha ?  
_ Oui c’est le seul que je connais là-bas qui pourrait t’aider mais dommage
_ Non tante Dior je connais sa fille Aida c’est ma première Njeuké (marraine) en plus c’est une très bonne amie de talla et son mari aussi est le meilleur ami de Talla….
_ Fallait me le dire plutôt toi aussi. Tu vas les appeler et leurs expliquer ce que Bouba a dit. S’il y’a un autre moyen pour tu ailles  alors je t’aiderai mais dans le cas contraire tu accepteras que Bouba partes.
_D’accord tata merci beaucoup
_ Ne me remercie pas réconcilie toi avec ton mari c’est tout ce que je te demande.
Je fis ce qu’elle me dit et sortit regarder la télé. Badiène me regardait surprise sans doute croyant que j’allais rester cloitrer dans ma chambre. Tante Dior avait bien su me redonner de l’espoir et m’ouvrir les yeux. Cependant si Talla était vraiment blessé par mes propos alors je doute qu’il pardonne. Il faudra que je ravale ma fierté et ma timidité être sans vergogne comme me l’a conseillé sa tante.
Le soir, les dames du quartier vinrent aider au pétrissage du mil pour la bouillie du lendemain. L’ambiance était au rendez-vous malgré les problèmes de la maison. J’étais dans mon coin rigolant avec mère Fama qui passait la nuit à la maison avant que Manse ne me dise de répondre à sa mère.
N’ayant ni la force ni l’envie de revoir Bouba surtout dans sa chambre alors je fis mine d’oublier pour faire autre chose…………….
Fily malgré que son mari lui ait convaincu de ne pas faire une grande cérémonie n’en faisait qu’à sa tête. Avec ses deux fils illégitimes elle n’avait pu faire de fête digne de ce nom alors elle n’allait pas se priver avec celui-ci. Avec l’aide de sa sœur Takana, elles ameutèrent toute leur famille et connaissance pour le baptême………….
A l’heure du coucher, Fily venu toquer à ma porte en compagnie de deux femmes. Dès qu’elle m’offrit son sourire le plus hypocrite je su que ce n’était pas vain.
_ Ah tu es là j’avais demandé à Manse de t’appeler……
_ Oui mais j’étais occupée
_ Ceux sont mes cousines elles sont là pour le baptême
_ Ah c’est bien
_Euh tu allais te coucher ?
_ Oui pourquoi ?
_ Euh comme il n’y a plus de place chez mes parents et dans ma chambre j’aimerai qu’elles dorment avec toi comme tu es seule….
_ Euh désolée car il y’a Mado et Yacine qui vont dormir ici ce soir  elles ne vont pas tarder je pense
_ Ok me lança-t-elle comme une insulte avant de tourner le pas
C’était le comble après tout ce qu’elle m’a fait. A croire qu’elle me prend vraiment pour une abrutie. Je refermai ma porte pour dormir paisiblement toute seule dans mon lit. Dorénavant elle n’a qu’à se démerder toute seule…………..
Bien qu’exténuée, je devais me lever tôt de peur que Badiène ne pense que j’étais en colère. Depuis la veille on aurait dit qu'elle me surveille. M’apprêtant d’une robe sobre de voile jaune avec de petits dessins fleuris verts j’allais saluer ma tante. L’espace familial grouillait  de monde ayant passé la nuit sur les lieux.
Dans la cour il y’avait  Yakar et ses acolytes qui s’affairaient déjà au lait caillée. Elles répondirent mollement à mes salutations avant de faire les louanges de Fily.
_ Fily est une femme digne. A elle seule elle endosse toutes les travaux de cette maison.
Pour toute réaction je leur offris mon plus beau sourire.
Comme je n’ai jamais répondu à leur invitation à boire du thé, j’étais devenue leur ennemi. Badiène m’avait déjà prévenu et à vrai dire je ne pensais pas faire amie-amie avec des dames plus matures que moi ou ayant l’âge de ma mère.
Revoir mes parents ravit mon cœur de bonheur. Ils vinrent tôt car papa voulait assister qu’à l’annonce du prénom. A l’arrivée de l’Imam, tous les hommes prirent place au salon.
_ Qu’attends tu Cathy va chercher le bébé tu es sa Badiène (tante paternel) me somma tante Dior qui venait d’arriver.
Dans sa chambre, toutes les femmes de sa famille étaient présente allant de sa mère Daba, Takana et les autres.
_ On me demande d’amener le bébé dis-je après les salutations 
Fily et les autres firent la sourde oreille avant que sa mère ne me donne le bébé. Les jambes tremblantes je pénétrais le salon un voile à la tête pour donner le bébé à l’imam. En une fraction de seconde mon regard croisa celui de Bouba qui soutenu le mien comme pour m’intimider.
Oui Bouba était en train de l’intimider avant que l’imam ne lui demande le prénom qu’il voulait donner à son enfant. Depuis que sa femme avait accouché il n’avait cessé de cogiter sur le nom de son bébé. Dans d’autres circonstances, il n’aurait pas hésité à lui donner le nom de son père mais c’était contraire aux derniers volontés et souhaits de ce dernier. Il avait été clair avec lui de ne jamais donner son nom ni celui de ses frères aux enfants de Fily.
Rassuré il chuchota le nom qu’il choisit pour son fils. Après tout ce dernier aussi était comme un père pour lui………………..
_ L’enfant se nomme Maodo Malick Diop comme l’oncle maternel de son père proclama haut et fort un disciple de l’imam.
La première personne que je cherchais du regard fut mon père. Il était agréablement surpris. Il semblait heureux et surtout fier. Je le vu prendre Bouba dans ses bras pour un longue étreinte. Il était loin d’être le seul heureux de la nouvelle. Badiène en dansa même de bonheur.
Mes bras renfermaient toujours mon petit papa avant que je ne passe le relais à Mère Fama pour le rasage. Tout comme elle l’avait fait avec tous ses petits-enfants elle en ferait de même avec son premier arrière-petit-fils.  
Comme elles l’avaient promis Mado et Yacine firent leur entrée.
_ Nous n’allons pour rien rater l’occasion de manger du lakh. Plaisantèrent-elles en se ruant sur mon lit.
Mado : Alors ou est Fily ?
Moi : Partie au salon
Yacine : Et toi tu ne l’accompagnes pas ?
Moi : Elle ne m’a pas conviée bref c’est comment le lakh
Mado : Parfait alors comment se nomme le fils de mon chéri
Moi : Malick comme mon père. Attends c’est qui ton chéri ?
Mado : Bouba hana qui d’autre il fut un temps où nous nous allions presque nous mettre ensemble avant que cette Fily ne débarque dans sa vie. Bref c’est du passé dis tu as réglé le problème du voyage
Sans aucun détour je leur racontai tout……
Mado : Ta tante Dior a raison tu as appelé Aida ?
Moi : Non pas encore
Yacine : Qu’attends-tu ? Tu n’as plus de temps à perdre
Mado : Prend ce téléphone et appelle la tout de suite.
Je m’exécutai et elle décrocha :
_ Allo Aida 
_ Oui
_ C’est Cathy ça va
_ Oui sweety et toi 
_ Un peu et ton mari
_ Il est là ça va le moral
_ Pas vraiment. Comment va mon mari
_ Il se rétablit j’ai entendu mon père dire que Bouba allait venir pour lui. Comment ça se fait alors que toi sa femme est là ?
_ C’est pour ça que je t’ai appelé Bouba dit qu’il est impossible pour moi de venir car je suis mineur et que je dise que suis là femme de Talla il serait sans doute inculpé pour détournement de mineur……
_ Attends ça te dérange que je mette l’appel que haut-parleur pour qu’Amdy entende il est à mes côtés car Bouba l’a appelé ?
_ Non vas-y  
Aida : Bouba a vraiment dit ça ?
Moi : Oui tout ce que je veux c’est voir Talla et être présent pour lui
Amdy : Bouba m’a appelé pour m’informer que la famille l’avait désigné pour venir sans me donner les détails. 
Aida : Tu es mineure c’est vrai donc on ne peut demander au médecin de nous fournir un papier pour tes démarches en tant que son épouse tu comprends
Moi : Oui dans ce cas je ne pourrai pas venir
Amdy : Il y’a un autre moyen tu vas faire une demande de visa touristique pour 3 mois…
Aida : Oui c’est ça tu vas dire à l’ambassade que tu viens passer les vacances c’est tout problème réglé
Moi : Comment vais-je faire ? C’est sure que Bouba ne me laissera pas faire  en plus il a le soutien de sa mère et oncle Talla il les a convaincu.
Amdy : As-tu un passeport ?
Moi : Je n’ai même pas de carte d’identité j’aurais 17 ans dans 3 mois
Aida : Tes parents ne peuvent-ils pas t’aider ?
Moi : Non ils ne sont pas au courant et ne voudront pas s’y mêler. Il n’y a que tante Dior, Mado et une amie à moi qui m’apportent soutien.
Tout comme eux je mis l’appareil sur haut-parleur après les salutations  Amdy débuta :
_ Mado j’aimerai que tu aides Cathy pour ses démarches ?
Mado : D’accord tu n’as pas à me le demander
Amdy : Dès demain je t’enverrai de l’argent pour son passeport et après pour le visa
Moi : Merci beaucoup Amdy
Amdy : Tu n’as pas à me remercier tu es notre femme c’est normal et je suis sure que Talla guérira plus vite en te voyant
Aida : J’irai à la mairie dès demain pour t’envoyer un hébergement par la poste je mettrai la lettre au nom de Mado
Amdy : Ne t’en fait pas Cathy tout va bien se passer d’accord ?
Moi : Ok merci
Aida : Arrête de nous remercier c’est normal qu’on t’aide et pour Bouba ne t’en fait pas nous ferons tout pour que tu puisses être là avant lui.
Dès que je raccrochai Mado me fit savoir que son oncle policier pourrait m’aider pour avoir un passeport en moins d’une semaine mais pour cela il me faudrait un nouvel extrait de naissance de moins de trois mois. C’est comme si la chance me souriait de nouveau car j’avais en ma possession un extrait de moins de trois mois que je lui remis.
Nous ne sortîmes de ma chambre que lorsque Fily revenu du salon toute maquillée avec une énorme coiffure habillée d’une taille basse de djipir hyper décolleté  qui menaçait à chaque mouvement de sortir ses seins gonflés en l’air. Son ventre encore gonflé formé un ballon de foot à travers le tissu. Là où elle s’attendait que sa belle-famille aille l’accueillir ce fut Yakar et sa  bande qui le firent en lui étalant leurs foulard sur son passage.
Entourée de griots elle leur distribua des billets avant de daigner enfin saluer belle maman et nous. Pour le repas bien qu'un grand bol fut amené chez ses parents, toute sa famille avait rappliqué manger chez nous.
Le soir Mado m’avait convaincu d’aller à son salon pour nous apprêter. Elle nous fit un sublime maquillage tout simple avant d’enfiler nos tenues. Pour l’occasion j’avais opté pour une robe en brodée bleu ciel toute simple. A notre arrivée Fily était déjà là assise au beau milieu du cercle sous la tente installée à la rue. Elle était habillée plus humblement que le matin par un boubou de tissu très pailletée………..
Trois semaines plus tard……….
J’étais dans une attente interminable. On aurait dit que j’étais assise comme sur un œuf. J’étais à l’angle de la rue comme d’habitude entrain d’attendre Mado. Ce lieu était devenu notre point de rencontre pour chaque rendez-vous que j’avais. Ce matin, elle devait m’accompagner à l’ambassade retirée mon passeport. Ces trois dernières semaines nous étions tout le temps ensemble. Elle m’a été d’une très grande aide. Avec l’appui de son oncle commissaire, j’obtenu mon passeport en quatre jours. Si j’étais à ce stade aujourd’hui c’est en grande partie grâce à elle et surtout la contribution  d’Aida et de son mari.
Habillée d’une petite robe blanche évasée, un grand chapeau de paille sur la tête, des lunettes de soleil elle me fit la bise toute essoufflée.
_ Désolé je suis en retard m’avoua t’elle
_ Il y’a de quoi. Ou penses-tu aller habiller ainsi ? On ne va qu’à l’ambassade.
_ Raison de plus peut être que je vais y rencontrer mon prince charmant. Alors pas trop stressée ?
_ J’ai le cœur qui bat plus que la normale à cause du stress
Elle héla le premier taxi qui passait. Durant tout le trajet elle ne cessait de s’extasier comme si c’était elle qui allait voyager. Une fois à l’ambassade je fus la seule à entrer après avoir présenté la quittance qu’ils me remirent la dernière fois. Dans la salle d’attente d’autres comme moi patientaient aussi. Dès qu’un numéro s’affichait sur le l’écran, le détenteur de ce chiffre allait dans une sorte de box pour ressortir avec un passeport. Certains à leur sortie arboraient un grand sourire manqua de crier de joie tandis que d’autres affichaient un visage serré, triste hurlant leur déception face à cette structure qu’ils qualifiaient de colonialistes ou encore de truands. Mon tour arrivé je me levais les jambes tremblantes. L’homme dans le box me demanda de signer un document puis prit encore mes empreintes avant de me remettre le passeport. Je l’ouvris sans rien comprendre dessus. Voyant sans  doute mon désarroi il me demanda le passeport pour l’ouvrir et me le remettre à la minute suivante.
_ Pour quel raison devez-vous vous rendre au Royaume Uni ?
_ Pour passer les vacances en attendant la rentrée scolaire
_ Et bah je vous souhaite de passer de bonnes vacances vous avez eu votre visa. Vous avez un visa touristique qui veut dire vous êtes autorisée à rester 3 mois dans notre pays et pas plus.
_ D’accord merci monsieur
_ Je vous en prie bon séjour
A ma sortie j’étais si heureuse que mes larmes coulèrent toutes seules.
_ Oh désolée ma chérie que tu ne l’es pas eu essaya de me réconforter Mado
_ Mais je l’ai eu
_ Fais voir dit-elle comme si elle ne me croyait pas
_ C’est vrai tu l’as eu Dieu soit loué
_ Maintenant il ne me reste plus que mon billet tante Dior m’a demandé de la prévenir dès que j’ai le visa
_ Allons chez elle……..
Pendant que Cathy se rendait chez Dior pour l’achat de son billet. Bouba venait de récupérer son hébergement afin d’entamer sa demande de visa. Si son oncle Tapha l’avait envoyé tardivement c’est qu’il ne retrouvait plus le bail de sa maison.
Contrairement à lui, sa cousine put avoir une réservation dans quatre jours. Comme promis Dior n’avait pas hésité à lui donner l’argent du billet le même jour.
Pour plus de précautions, j’avais préféré laisser mes papiers avec Mado. Dès que je pénétrai la maison, je vu Badiène qui me lança un regard bizarre. M’apprêtant à aller dans ma chambre après l’avoir saluer, elle m’appela.
_ Oui Badiène
_ Assis toi. Cathy ces dernières semaines tu es tout le temps dehors et ce n’est pas ta nature alors j’aimerai savoir ou est-ce que tu vas ?
_ Je vais voir des amies ou me promenais ……
_ Tu n’as jamais su mentir
_Je ……
_ Je ne t’interdis pas de sortir ni d’avoir des amies mais n’oublie pas que tu es une femme mariée. En plus Fily est partie se reposer chez ses parents. Moctar commence son examen la semaine prochaine. Bouba est dans ses démarches. Il n’y a personne à la maison….
_ Je suis désolée Badiène j’espère que tu ne m’en veux pas
Sur le coup je voulu tout lui avouer mais je ne pouvais prendre de risque de la voir m’interdire ce voyage.
_ Pardonne moi Badiène
_ Tu ne m’as rien fait ma fille
_ Pardonne moi seulement
_ Tu es folle mais je te pardonne
Dès le lendemain Mado était venue me faire des « mèches  boule falé (rien à foutre)  » dans ma chambre. En rentrant elle prit la peine d’amener quelques-uns de mes vêtements. C’est ainsi qu’elles se donnaient le relais Yacine et elle pour ramener le maximum de mes affaires.
Le jour du voyage arrivé, j’étais carrément stressée. J’avais un vol de nuit et ne savais pas comment sortir de la maison. Chez Mado ma valise était déjà prête. Pour une première j’avais mis une montre de Talla pour regarder l’heure à chaque moment. Le soir j’eus le cœur si noué que je ne pris pas le diner. Sans le savoir Bouba m’aida en me demandant de venir fermer le portail qu’il allait voir Fily chez elle. Il était 20h 15 et mon vol à 22h 45. Pour tuer le temps j’étais restée devant la télé.
_ Tu ne dors pas ? Me demanda Badiène
_ Non je n’ai pas sommeil et Bouba vient de sortir
_Ah d’accord je vais me coucher à Demain
_ Bonne nuit à demain
20 minutes après qu’elle soit partie je pris mon sac à main pour me rendre chez Mado.
_ Ou étais  tu ? Il est 20h 30 dépêche-toi de  t’apprêter
Ayant terminé de m’habiller d’un jean et de sa veste mon taxi m’attendait déjà. A l’aéroport une femme m’aida à enregistrer mes bagages. Moi qui pensais que j’avais qu’une valise, Mado m’en fit deux. A l’heure du décollage je priais Dieu afin que ce voyage se passe bien……….
Bouba de retour sonna longuement avant que Tapha ne vienne l’ouvrir.
_ La porte n’était même pas fermée lança ce dernier 
_ J’avais demandé à Cathy de fermer mais faut croire qu’elle m’en veut toujours...
A l’autre bout du monde, au pays de la reine Elisabeth plus précisément Cathy venait d’atterrir. Elle  avait dormi presque  tout le vol. Passant la douane, elle récupéra ses bagages avant de se diriger vers la masse.De l’autre côté Aida et son mari l’attendaient déjà et la première à l’apercevoir fut Aida. Cette dernière courue à sa rencontre suivit de son mari. Cathy fut soulagée de voir son amie car elle était vraiment perdue.
_ Ma chérie l’enlaça tendrement Aida
Très émotive Cathy se mit à pleurer. Laissant ses bagages au soin de son mari, elle amena Cathy à leur voiture pour s’assoir à l’arrière.
_ Pourquoi pleures tu Cathy ?
_ Je suis heureuse à l'idée de revoir mon mari et j’ai peur en même temps.
_Tout va bien se passait ok. Allez essuie tes larmes et racontes comment t’as fait pour sortir de chez toi.
Durant tout le récit de la femme de son ami, Amdy souriait silencieusement s’imaginant la tête que ferait Talla en voyant sa femme. Il est vrai qu’elle est jeune et surtout très belle. Talla venait de faire un mois tout rond à l’hôpital. Les médecins avaient décidé de ne plus le mettre sous sédatif la veille et le seul au courant était bien sûr Amdy.  
Nous arrivions dans une belle banlieue ou toutes les maisons se ressemblaient. Amdy  se garait devant l’une d'entre d’elles pour qu’on descende.
_ Welcome me souhaita Aida en ouvrant la porte. 
Cathy : Vous avez une belle maison vous êtes locataires
_ Non ce pavillon est à nous bien que nous terminerons de la payer d’ici plusieurs années.
Aida : Je te montre ta chambre pour que tu te reposes et le soir nous irons voir Talla
Moi : Pourquoi attendre le soir ?
_ Les visites sont autorisés que le soir mentit-elle pour qu’elle se repose en réalité.
Amdy : Tu vas prendre un bain te reposer et manger…. 
Moi : Je ne suis pas fatiguée au contraire je suis restée assise environ 6 heures de temps
Amdy : Dans ce cas termine de te rafraichir puis nous préviendrons tante Cathy  que tu es là avant qu’elle ne s’inquiète.
Pendant que Cathy prenait un bain, le couple qui l’hébergeait, discuté sur la réaction de sa belle-famille surtout de Bouba. Amdy ne pouvait encadrer Bouba à cause de son immaturité.  Il a été toujours témoin de ses frasques à mettre Talla dans ses problèmes qui se retrouvait toujours obligé de les résoudre. Amèrement il but son tea. il ne comprenait toujours pas cette redevance qu’avait son ami envers son frère. Ce frère qui ne faisait  que le manipuler à sa guise, ce frère qui ne se gênait jamais de lui soutiré de l’argent, ce frère qui ne se gênait pas pour le rabaisser quand il veut. Si Talla n’avait pu s’acheter un pavillon tout comme lui il y’a un an, c’est qu’il croulait sous les dettes qu’avait laissé son idiot de frère à son nom. Et dire qu’ils avaient fait ensemble tous les démarches pour avoir une maison jusqu’à ce que Bouba soit convoqué à la police. Pour lui éviter la prison, Talla renonça à son rêve. 
Décidément il fallait que son twin comme les appellent les autres apprenne à être égoïste à ne penser qu’à lui s’il veut réaliser ses projets et réussir. Après tout il gardait espoir : Cathy. Si cette femme avait pu être là sans se soucier de Bouba rien que pour son mari alors elle saurait surement l’aider dans ses finances. Sous son visage d’ange, son jeune âge, sa timidité se cachait une femme mature capable de se battre pour ses droits. Il sourit en imaginant la tête que ferait son ami en découvrant comment sa femme est venue ? Lui qui ne jurait que par sa famille, lui qui appliquait à la lettre leurs désirs et décisions, il tombera des nus en sachant que sa Cathy est là dans leur dos. De toutes les manières ce n’est pas de sa bouche que Talla le saura, il préfère plutôt  laisser ce privilège à sa douce moitié.

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COUP DU SORT TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant