PARTIE 33

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_ Sais-tu ce que j’ai eu savoir en fréquentant Talla  c’est l’importance de la persévérance, c’est quand on a trouvé le grand amour on ne le lâche plus même lorsque l’objet de tous vos désirs vous supplie d’abandonner. Sais-tu ce j’ai eu à savoir en fréquentant sa femme : l’importance du pardon, elle fait à son mari l’inestimable cadeau d’une seconde chance et j’ai vu son époux être digne de ce cadeau.  Et un beau jour  j’espère avoir moi aussi la chance de trouver quelqu’un qui en fera autant pour moi…………..
J’étais à deux mois de grossesse et personne ne le voyait. Badiène avait préféré ne rien dire aux habitants de la maison et moi non plus. Elle m’avait dit que pour une première grossesse, j’allais devoir attendre encore plusieurs semaines avant qu’on ne me remarque un tout petit bidon. Le matin je ne pouvais poser un pied hors du lit sans avoir des nausées : Satanés nausées !  Je passais presque tout le temps clouée au lit prise de fatigue, les jambes lourdes. En compagnie de Badiène, je partis passer ma première visite prénatale. Ce fut l’occasion pour la sagefemme de m’examiner  sous toutes les coutures. Pour s’assurer que l’œuf est correctement situé dans l’utérus et non pas dans une trompe, je dus faire plusieurs analyses : albuminurie, glycosurie, détermination du groupe sanguin, syphilis, rubéole, et toxoplasmose. Ils vérifièrent que je n’ai pas de maladie dangereuse ou transmissible pour tel que le VIH sida ou encore l’hépatite B/C. Par la grâce de Dieu, mon bilan fut Nikel.
A part cela tout allez bien, du moins pour un certain temps. Badiène tout comme tante Dior ne cessaient de me donner des bains mystiques à prendre. D’après elle c’était des protections contre le mauvais œil et les mauvaises langues.
Je me sentais prête à avoir ce bébé tant voulu et attendu. Par contre j’ignorais si j’étais prête à devenir maman, si je pouvais être maman : une bonne mère. Etre maman implique beaucoup de choses dont je ne me sentais incapable. Je n’avais jamais su materner encore moins mes sœurs. A côté de ces deux chipies, je me sentais plutôt comme la petite sœur que l’ainée. Avec moi, c’étaient eux qui menaient la marque.
La seule personne dont j’eu à materner dans ma vie fut Manse l’enfant de ma belle-sœur mais ceci ne dura qu’un bref moment jusqu’au retour de son père. Je savais que j’étais simplement enceinte et que j’allais avoir un bébé dans quelques mois.
Ma belle-sœur comment dire elle me semblait stressée, elle était tout le temps sur les nerfs et criait après ses fils. Bouba lui restait toujours dans son coin sans rien dire. A chaque fois que je lui parlais, il dévisageait sans me répondre. C’est par la suite que sa mère m’avoua que sa demande de visa avait été rejetée et depuis il est tout le colérique.
D’habitude je m’en serai mêler mais les choses avaient changé. Badiène et la sage-femme m’avaient conseillé de beaucoup me préserver durant le début de cette grossesse. En effet, il est connu que pour une première grossesse, les trois premiers mois peuvent être touchés par une fausse couche. A vrai dire je n’y pensais pas constamment et profitais pleinement de mon état de future maman tout en gardant en tête que ce bonheur pouvait s’envoler si je ne faisais attention……….
Durant tout un mois j’étais restée à la maison. Pour l’école je ne sais par quel manière mais Badiène les avait mis au courant de ma situation. D’après elle, ils eurent l’intention de me virer avant que cette dernière ne leurs avoue que j’étais bel et bien mariée. Jamais je ne comprendrai cette loi discriminatoire dans les écoles, les mères célibataires mise à la porte sans qu’on ne cherche à comprendre leurs situations.
En décembre rentrant tout juste dans mon troisième mois, je repris péniblement le chemin de l’école. Badiène se doutait surement de mon manège à abuser de mes douleurs. Elle m’avait trouvé dans sa chambre presque endormie pour me tirer hors du lit.
_ Mais Badiène que fais-tu laisse la couverture j’ai froid…
_ Sois un peu active Cathy ce n’est pas bien de rester coucher tout le temps
_ Mais le médecin m’a dit de faire attention …..
_ Attention pas de rester inerte en plus tu as assez raté de cours dès demain tu retourneras à l’école
_ Mais je suis enceinte ….
_ Et alors j’en ai parlé à votre directeur, je lui ai dit que tu étais mariée pour t’éviter un renvoi…
_ Un renvoi ?
_ Oui les filles célibataires enceintes sont renvoyées de l’école.
_ Mais Badiène je ne sais pas si je pourrai je crois que je suis vraiment  malade
_ Tu n’es pas malade tu es juste enceinte alors dès à présent prépare tes affaires demain tu iras avec ton cousin à l’école il gardera un œil sur toi….
_ Alors ça veut dire que je peux regagner ma chambre ……….
_ Tu t’y mets aussi après ton mari ?
Rien qu’à sa tête je souris, chaque nuit Talla avait l’habitude de m’appeler pour me raconter des choses pas très morales et saines. Et depuis que je squattai la chambre de belle maman c’était devenu mission impossible pour nos téléphones roses.
_ Badiène ne dit pas cela toi aussi comme je reprends l’école et que tous mes affaires sont dans ma chambres mieux vaut que j’y retourne. En plus mon lit me manque….
_ D’accord c’est parce que le médecin t’interdit les mouvements brusques et avec les allers retours sur les escaliers ce n’est pas prudent
_ Ce n’était qu’au début là je viens d’avoir trois mois et je te promets de faire attention…
_ Tu as intérêt sinon tu reviens dans cette chambre. Alors tu as parlé à ta mère de ta grossesse ?
_ Non Badiène depuis ma dernière visite je ne lui ai pas reparlé
_ Un mois sans parler à ta mère
_ Elle m’en veut toujours pour le voyage …
_ Penda aussi elle abuse, on ira les voir lorsque ton père reviendra en weekend
_ Badiène s’il te plait je ne crois pas avoir la force de les affronter….
_ C’est juste un mal entendu et j’ai parlé à ta mère de ta grossesse…
_ Mais
_ Il n’ ya pas de mais qui tienne aller maintenant ouste…
Le lendemain je me levais après l’énième coup à la porte. Même si je m’étais préparée psychologiquement mon corps refusait de suivre.
_ Cathy lève-toi il est 7h moins j’ai déjà fini de me préparer me hâter la voix grave de Moctar
_ J’arrive lui lançai je à contre cœur
Rapidement je pris un bain pour m’habiller. A 7h 25 il était impossible pour moi de prendre le petit déjeuner : Nous étions déjà en retard. A cette heure d’habitude, nous nous trouvions déjà dans le bus à hauteur de la vdn.
_ Tu te rends compte qu’on a raté le bus à cause de toi ? Me reprocha Moctar
_ Et nous allons encore arriver en retard par ta faute poursuit-il
N’ayant pas la force de répliquer, je me mis à vomir sans rien dans l’estomac à l’arrêt de bus. Affolé il partit m’acheter une petite bouteille d’eau pour me rincer la bouche. 
_ Tu es malade encore ?  Je croyais que t’aller mieux
_ Ça va ….
_ Non si ça ne va pas retourne à la maison pendant qu’il est encore temps
_ Ça va je te dis j’ai juste faim
_ Et tu ne peux pas attendre la récréation pour manger comme tu le fais d’habitude
_ Non je ne peux attendre avouai-je les larmes aux yeux
Ses yeux me lancèrent des éclairs comme s’il voulait me coller une baffe mais se retenu. Une seconde fois il se dirigea vers la boutique pour en ressortir avec un pain au chocolat.
_ Tu ne vas quand même pas manger dans la rue 
_ Oh je meurs de faim
_ Tu le feras dans le bus le voilà qui arrive.
Nous arrivions avec une bonne heure de retard. Moctar se lamentait encore lorsque nous pénétrions le bureau du surveillant pour prendre des billets d’entrées.
En classe, Yacine sourit en me voyant. Cette dernière aussi n’était pas au courant de ma grossesse. Durant ce mois cloitrée à la maison, elle venait chaque soir m’expliquait les cours que Moctar prenait soin de me copier sur mes cahiers. Durant un moment elle ne cessait de me rabâcher les oreilles avec Mado disant que j’étais enceinte mais je niais toujours en bloc et elles lâchèrent l’affaire.
A la récréation, Moctar venu encore me retrouver en train de manger du pain thon pour rigoler.
_ Tu bouffes encore finit-il par dire
_ Ce n’est pas un crime à ce que je sache …
_ Je ne fais que demander pas la peine de te mettre en colère
_ Hum….
Yacine : Je t’ai attendu Moctar ce matin j’ai même cru que tu ne venais pas aujourd’hui
Moctar : C’est à cause de ta copine là mais la prochaine fois je file sans elle
Moi : Humm
Moctar : Qu’est-ce que tu as avec tes Humm en a plus finir
Dès que j’entendis la sirène qui indiquait la fin des cours, je poussais un ouf de soulagement. Il était 13h lorsque je pris mon sac dans le but de rentrer avant que Moctar ne m’amène à la réalité.
_ On a cours le soir alors on passe la journée. Allons déjeuner
Moi : Non Moctar moi je rentre je n’en peux plus je suis restée assise presque toute la matinée j’ai mal au dos et je n’ai rien mangé de solide
Moctar : Après tout ce que tu as mangé tu digères extrêmement vite. Allons manger au resto.
Je restai sur place voulant vraiment rentrer.
Yacine : Arrête de faire la gamine et allons manger nous serons bientôt en semaine de devoir avant les fêtes de Noel et tu as raté assez de cours. N’oublie pas que nous sommes en terminale plus que quelques mois avant le bac.
A contre cœur je les suivis au resto, dès que le plat nous fut servis mes nausées reprirent de plus bel. Comme une flèche j’avais couru vers les toilettes avec Yacine à mes trousses.
_ Qu’est-ce que tu as ?
Pour toute réponse je tombai dans ses bras en pleurs pour lui glisser à l’oreille.
_ Je suis enceinte
Je vu ses yeux briller de bonheur avant de crier comme une folle. « Je le savais »
_ C’est vrai demanda-t-elle une fois ses esprits réunis
_ Oui mais je veux rentrer là j’ai vraiment envie de me coucher
_ Moctar le sait ?
_ Non et ne lui dit rien.
_ Mais là il est 14h tu ne peux pas faire un tout petit effort les cours s’arrêtent à 16h et je te promets qu’on prendra un taxi pour rentrer. Beurk rien qu’à voir ces substances sortis de ton estomac, me donne des nausées….
Je m’exhortai au courage pour accepter ce deal des plus épuisants…..
Les jours suivants l’envie de vomir était quasi présente. J’avais des nausées du matin au soir. Je vomissais en moyenne 3 fois par jour et parfois plus. Badiène ne cessait de me faire toute sorte de soupe de grand-mère pour calmer cet état constant pas très agréable mais rien ne marchait.
A la limite ce qui semblait atténuer un petit peu c’était boire du jus de citron que m’avait proposé Fily. Oui en plein diner j’étais partie vomir inquiétant les garçons de la maison. A mon retour j’avais décliné pour boire simplement de l’eau. C’est ce moment que choisit ma belle-sœur pour annoncer ma grossesse à tout le monde.
_ Tu devrais essayer le jus de citron pour tes nausées Cathy….
Tapha : Elle devrait aller à l’hôpital car ça devient inquiétant 
Moctar : C’est vrai à l’école aussi ça lui arrive on dirait qu’elle est devenue boulimique
Fily : C’est normal dans son état, moi aussi quand je suis enceinte j’ai tout le temps des nausées durant les premiers mois il n’ya que le jus de citron qui puisse me soulager
_ Cathy est enceinte ? Lâcha Bouba subitement
Badiène : Oui elle attend un enfant maintenant mangez
Moctar et Tapha ne cessaient de rigoler en regardant dans ma direction me mettant mal à l’aise au passage. 
Moctar : Ah je comprends mieux maintenant pourquoi elle bouffe tout le temps…. Tu m’as vraiment fait chier ces deniers temps à l’école heureusement qu’on est en vacance de Noel et que je pourrai me reposer.
Tapha : Talla ne m’a rien dit et pourtant je lui ai parlé ce matin
Moctar : Est-ce qu’il est au courant ?
Badiène : Il s’agit de sa femme alors il est forcément au courant
Moctar : On va être tonton des deux côtés. Hey Cathy c’est une fille ou un garçon ? Ton mari m’a toujours promis un homonyme  alors j’espère que c’est un garçon. 
Badiène : Il est encore tôt pour le savoir……..
Ainsi j’entamai de boire du jus de citron ce qui avait bien sûr l’air de marcher jusqu’à ce qu’il me donne des aigreurs d’estomac. J’optai finalement pour les chewing gum à la menthe  et les ananas soit en jus ou en morceaux. Durant les trois jours qui précédèrent ma première échographie, je vécu dans une petite bulle. J’étais tellement mal que je ne pouvais sortir.
Le moment le plus marquant au début de ce troisième mois fut ma première échographie. Bien sûr j’y étais allée avec ma tante, qui semblait plus enthousiaste que moi. La sage-femme qui réalisait l’échographie était adorable. Elle nous expliquait ce qu’on découvrait à l’écran. D’après elle le rythme cardiaque était bon. J’avais pleuré en entendant les battements de son cœur. Un pur moment d’émotion dont j’aurais souhaité que Talla soit témoin. Et comme l’avait dit Badiène, il était tôt pour connaitre le sexe du bébé.  Le plus important c’est que la grossesse allait bien. Une fois terminée, elle me remit une photo de l’échographie………….
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_ Cathy dépêche-toi le taxi est déjà là. Hurlait Badiène pour que je descende.
Depuis ce matin je faisais les cent pas à travers la maison. Je trouvai n’importe quel prétexte pour ne pas y aller mais Badiène était décidée à m’y trainer coute que coute. 
_ Tu en as mis du temps. Ce pull marque ton ventre et va m’enlever ce jeans…..
Je me retournais pour la voir. Impatiente, elle s’était décidée de monter.
_ Mais Badiène essayais-je de me justifier
_ Il n’y a pas de mais qui tienne arrête les jeans pour le moment. Porte plutôt un habit traditionnel….
Joignant l’acte à la parole, elle ouvrit l’armoire pour me sortir une robe évasée en Bazin blanche.
_ Ou sont tes bijoux ?
_ Badiène on ne va pas à une cérémonie mais seulement chez mes parents….
_ Raison de plus il faut bien s’habiller. Cathy maintenant que tu es mariée, les gens observent chacun de tes faits et gestes. Tu as les moyens de bien t’habiller alors fait-le. 
_ D’accord…dis-je à contre cœur
_ Regarde-moi cette robe tu ne l’as jamais porté alors que je te l’avais cousu avant même ton mariage et je suis certaine que y’en plein d’autres dans cette armoire qui partagent le même sort
Je rigolais, elle avait parfaitement raison. Badiène était du genre à m’acheter que des tissus luxueux et qui dit tissus luxueux, dit grande occasion pour les porter. Et j’en manquai énormément. Je préférai mes habits simples que je portais quotidiennement  comme les jeans, les robes ou encore les jupes.
_ Tu sais quoi tu vas me sortir tout ce que tu ne portes plus, tous tes habits qui ne te vont plus…
_ Mais pourquoi faire ?
_ Pourquoi faire Cathy grandit un peu tu vas bientôt devenir mère. Si on ne te dicte ce que tu dois faire tu l’ignores. Tu as des sœurs alors ces habits tu les leurs offriras….
_ Ah j’y avais pensé mais j’ai la flemme de tout trier ça prend du temps
_ Habille toi une fois là-bas tu diras à Codou et Maguette de venir les chercher comme elles sont en vacance de Noel ….
Devant le miroir, je me trouvai belle. La robe m’allait bien et camouflé surtout mon ventre qui émergeait de jour en jour. Quand je sortis de ma chambre, Fily s’attarda sur la chainette en or avec un médaillon en forme de papillon et ses boucles d’oreilles que m’avait offert mon mari à Mayfair. C’était un ensemble dont j’étais tombée amoureuse dès le premier regard en magasin. Et sans que je n’eus besoin de parler, Talla comprit…….
Badiène était traitée en reine dans ce quartier ou elle avait grandi. C’était ainsi à chaque fois qu’elle y mettait les pieds. D’anciennes amies, voisins et connaissances accouraient la saluer. De toute sa génération là-bas c’était la seule qui était assez indépendante financièrement et ne se gênait pas de leur venir en aide en cas de besoin. Malgré son statut, elle était toujours restée la même vis-à-vis d’eux.
Malick son frère en savait quelque chose. Dans le passé c’était lui qui venait en aide à sa sœur et son mari. C’est même grâce à lui que son beau-frère pu s’expatrier. Puis la boule tourna surtout lors de la dévaluation en 94  son salaire d’enseignant ne parvenu plus à couvrir les frais de sa famille. Penda son épouse pour l’épauler commença à travailler comme guichetière à la gare de Rufisque. Avec le pingre salaire de celle-ci, ils écoulaient les factures d’eau qu’ils se partageaient avec les autres occupants de la maison. Oumar et sa femme très reconnaissant, leurs venaient toujours en aide sans que personne ne sache. Badiène vouait une grande admiration à son frère, elle voyait en lui un père et ce respect, cette attention, elle avait bien su l’inculquer à ses enfants envers leur oncle. Même Bouba la brebis égarée de la famille, le considérait comme un père. Avant qu’il ne voyage, il passait souvent les weekends avec lui. Son oncle est l’un des rares personnes qu’il accepte d’écouter.
Badiène était restée une trentaine de minutes prise par des salutations à travers le quartier. Fatiguée, Cathy préféra la devancer chez ses parents. La tête baissée, elle n’avait même pas vu son père assis à l’un des coins de la cour entrain de corriger des copies de devoir. Ce dernier l’ayant pris comme une provocation se rappela des dires de Bouba pour bondir sur elle…………………..

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COUP DU SORT TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant