PARTIE 39

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_ Tu ne comprends pas que nous partageons le même sang alors je ne te laisserai jamais tranquille même si je dois en pâtir pour le bonheur de notre famille alors je le ferai. Même si je dois jouer le rôle du grand frère à te protéger de ton maudis caractère de tes vilaines habitudes même si je dois te le répéter pour te rappeler l’essence de la famille….
_ Tu es pitoyable mon pauvre Talla le poussa-t-il si fort qu’il tomberait s’il ne s’était pas accroché aussi au rebord du mur tranchant qui lui écorcha le bras. 
_ Qui est le plus pitoyable de nous deux ? Celui qui fait tout pour garder sa famille réunie ou le lâche qui ne pense qu’à lui…. Lui cracha Talla avec le regard impassible.
_ Ça fait un bon bout de temps que je me fiche de tout mon cher petit frère. Tu es trop sentimental, et la clémence et l’affection c’est pour les faibles…. Ça ne fait pas avancer…..
_ C’est possible que je sois sentimental mais je suis toujours là pour ma famille : la famille avant tout. C’est l’affection et la clémence qui donnent aux liens familiaux un pouvoir incommensurable mais nous devons accepter ce que cela implique les responsabilités, aimé sans condition sans rendre de compte …..
_ Et moi je préfère m’y soustraire à ce lien qui agit comme l’épée Damoclès au-dessus de ma tête ….
_ Tu parles sous la haine mais nous ne pouvons pas nous soustraire à ce lien même quand il est mis à l’épreuve. Ce lien nourrit notre âme nous rend fort sans la famille nous ne sommes rien.
_ Bonne chance alors va te nettoyer cette plaie avant que ça ne s’infecte ………
Il le regarda s’éloigner impuissant……………………
Les jours qui suivirent devinrent houleuses. Bouba excellait dans les piques. Puisque Talla l’ignorait royalement il s’en prit à sa femme. A chaque fois qu’il voyait Cathy il la surnommait la menteuse et celle-ci comme toujours baissait la tête. Oui Cathy avait mentit rien que pour aller retrouver son mari en disant qu’elle allait avoir 17 ans dans trois mois alors que c’était faux. Mais était-ce un motif de le lui rappeler tout le temps ?
Talla avait bien compris le jeu de Bouba, il essayait de tous ses forces de ne pas y entrer. Il fut heureux de voir sa femme le soutenir dans ce sens en l’ignorant royalement.
Voilà un mois que Talla était parmi eux. Les choses n’avaient guère changé. Bouba et Talla se comportaient plus en étranger que des frères. Ils se limitaient au strict minimum surtout du côté de Bouba. Il ne faisait l’effort de saluer son frère que lorsqu’il y’avait un invité à la maison. Ne pas mettre la main sur le passeport de son frère le rendait comme fou. Manse le harcelait comme pas possible. Depuis qu’ils étaient partis ensemble à Louga, ils devinrent de meilleurs amis. Il suffisait que Manse lui ordonne quelque chose pour qu’il l’exécute sur le champ. Il guettait même la sortie du couple Diop pour tenter de pénétrer leur chambre qu’il trouvait toujours fermée…….
Depuis des jours Talla attendait de faire cette surprise à sa femme. Ce matin dès qu’il reçut un coup de fil, il se hâta de sortir ses papiers pour prendre les documents dont il avait besoin. Dans la hâte, il laissa la sacoche contenant ses papiers sur la coiffeuse pour filer avant la descente de sa femme sans fermer à clé leur chambre. Et puis comment pouvait-il penser une seule fois qu’il vivait avec un ou des potentiels voleurs dans la même maison ? Il avait plus important à faire. Le cout du transport de sa femme en taxi dépassait largement le montant de sa mensualité à l’école, il avait beaucoup de déplacements à effectuer et surtout il ne pouvait supporter d’entendre sa mère se plaindre des transports en commun. Il en avait les moyens alors le plus judicieux pour lui fut d’acheter une autre voiture. 
Chez le concessionnaire il venait enfin de récupérer sa nouvelle voiture. Cette fois il avait pris la ferme décision de ne pas laisser la clé à son frère de peur qu’il le revende comme la précédente. Et dire qu’il avait demandé à Moctar d’aller passer son permis pour ne laisser aucune alternative à son frère. Connaissant le caractère de cochon de son frère il était capable de refuser de déposer leur mère par faute de détenir la clé à sa portée.
Il était 16h30 lorsqu’il se gara devant l’institut Saint Michel. Talla connaissait aisément l’emploi du temps de sa femme puisqu’il l’avait collé à la porte de leur salle de bain…
A huit mois de grossesse, j’étais devenue plus assidue aux cours allez savoir pourquoi. Je fournissais un effort considérable pour ne pas flancher le matin et rester au lit dans les bras de mon mari. Je me sentais grosse non j’étais grosse et moche. Depuis que Talla était là j’avais facilement pris 8kg en un mois. Il suffisait qu’il m’entende me plaindre de faim pour m’obliger à manger.  La sage-femme tout comme Badiène m’avait recommandé de faire de la marche pour faciliter l’accouchement. Et depuis c’était des balades nocturnes chaque jour avec mon mari ou Yacine et Mado les samedis. Ces moments malgré la fatigue ou les pieds enflés que j’y gagnais me faisait énormément de bien coté psychologique. Nous quittions après le diner le quartier pour flâner à pied jusqu’au Hlm grand Médine. Il y’avait là-bas un glacier non loin du marché Dior qui faisait tant mon bonheur. Dès fois pour le retour j’exigeai à Talla de prendre un taxi pour rentrer prétextant un malaise. 
A l’école je m’asseyais plus sur les tables bancs standards. La dimension de mon ventre ne le permettait plus. J’avais un bureau tel celui des professeurs aménagé à la première rangée de la classe. Comme me le répète souvent Yacine ainsi en cas d’urgence je sortirais vite. S’assoir au tout premier banc ne m’aurait pas dérangé si je n’étais pas enceinte. J’ai toujours été différente de ces élèves qui éviter d’y s’assoir par crainte d’etre interroger tout le temps par le professeur. Cependant je voyais les différents regards que me lançaient les professeurs. Certains témoignaient de la compassion, les uns de l’émerveillement de voir une fille enceinte, continuait ses études à ce stade de la grossesse et d’autres de l’incompréhension comme quoi je n’avais rien à faire là.  Mes allées au tableau s’étaient considérablement diminuer. Quand je me plaignais Moctar et Yacine me rétorquaient qu’ils auraient tout donné pour ne plus aller au tableau. Malgré tout je tenais bon. Cela m’encourager pour ne pas abandonner ainsi proche du but. Quoi il ne restait plus que deux mois à tenir avant le bac et un pour accoucher. Pour les épreuves physiques bien sûres j’allais etre dispenser au grand dam de ma meilleure amie qui détestait le sport à tel point qu’elle s’était rendue au centre médical de Colobane pour inventer qu’elle était asthmatique. Pour affirmer ses dires, elle n’avait pas hésité une seule fois à acheter une pompe ventoline à la pharmacie qu’elle présenta comme la sienne. Ainsi Yacine obtenue une dispense qu’elle remit au directeur……. 
Il y’a un bon moment que je me concentrai plus sur l’horloge au-dessus du tableau que les explications du prof de Philo. Ces deux derniers jours je me sentais carrément lourde et rester assise des heures ne faisait qu’empirer mon mal etre. D’après le directeur si je n’étais pas en classe d’examen je serais obligée d’arrêter depuis le 7ième mois. Dès que la sirène annonçant la fin des cours retentit, je me hâtai de ranger mes affaires. Debout sur mes jambes, une douleur éphémère me traversa le dos. Les paroles de tante Dior me revinrent comme quoi il était préférable que je reste à la maison à ce stade de la grossesse.
_ Tu pourras passer l’examen l’année prochaine me confiait-elle souvent. Il était hors de question que je perde une année surtout avec la promesse de mon mari. Si je me tuais à aller en cours c’était en partie grâce à ce cela : cette promesse me permettait de tenir bon et me booster en même temps.
C’était lorsque mon père leva la main sur moi. Rien qu’au téléphone il sut que ça n’allait pas. Alors je lui racontai ce qui c’était passé en omettant que papa m’avait battu. Comment pouvais le lui dire ? Oncle, beau-père ou pas, il ne se serait pas gêner de l’appeler. J’ai appris à bien le connaitre mon mari. C’est le genre de personne à tout encaisser, accepter jusqu’à la goutte de trop pour etre déchainé tel un tsunami, un raz de marée ou un cyclone détruisant tout sur leur passage. Et puis si papa avait levé la main c’était en partie à cause de Bouba…..
_ Ne t’en fais pas tu sais quoi aujourd’hui je discutai avec Aida et elle a trouvé une solution pour nous. Me confia-t-il
_ Laquelle ?
_ Je ne suis plus obligé d’attendre tes 18 ans pour que tu viennes vivre avec moi ici
_ Quoi ? Avais-je crié heureuse
_ Oui mais tout dépendra de toi.
_ Dis-moi ce que je dois faire
_ Avoir ton  bac simplement ainsi je pourrais t’avoir une préinscription dans une université d’ici et à tes 18 ans nous marierons civilement…
_ Vraiment ? C’est possible ça
_ Oui alors obtiens ton bac et le reste suivra tu as ma parole
_ Mais et le bébé alors ?
_ Pour le bébé tu n’as pas à t’en faire dès son naissance je pourrais le déclarer comme mon enfant il n’y aucun soucis de ce côté là…..
A la sortie de l’école,  nous remarquions que certains élèves regardaient tous au même endroit.
_ Lou Hew fii (Que se passe-t-il ici) Souligna Yacine qui voulut suivre la masse.
Je la tirai par le bras cette commère qui voulait  à tout prix savoir s’il s’agissait d’une bagarre. Moctar tout moi avions hâte d’atteindre l’autre allée pour prendre un taxi. Prise de fatigue j’y voyais  si peu que je fis quelques pas sur l'allée avant de découvrir qu'un véhicule y était garé : une voiture 4X4 de couleur noire. Un noir brillant qui scintillait aux rayons du soleil. Mon cœur eut un sursaut puis commença de battre à coups redoublés. J'eus l'impression de mettre des heures à atteindre l'autre allée. Un pantacourt beige avec un tee-shirt blanc qui s’accordait parfaitement à son teint chocolaté, des lunettes de soleil, il était là adossé à la voiture.
Tout sourire à quelque centimètre de moi, il déposa un bisou chaste sur mes lèvres en  me tenant la portière ouverte.
— Je t'emmène ? Il avait dit de manière si sexy qu’un frisson me parcourut.
En quelques secondes mon cote de célébrité avait grippé au sein de l’école. Même s’il s’agissait d’un baiser chaste, j’entendais certains d’entre eux acclamaient :
_ Tu n’as pas vu il doit etre son mari il vient de l’embrasser.
Mon Dieu j’étais passée de diamant noir, la cousine de Moctar, la femme enceinte à l’épouse que son mari sexy venait chercher.

— Oui, volontiers, répondis-je surexcitée
Surprise, m’avoir prise au dépourvu semblait l'amuser. 
Moctar : Que fais-tu là ? 
Yacine : Tu n’es ni élève ni étudiant dans cet école à ce que je sache
Talla : Mais ma femme y est inscrite et je viens la chercher
Moctar : La classe cette bagnole elle est à qui
Talla : Tu t’adresses au propriétaire
Moi : C’est vrai depuis quand
Talla : Depuis aujourd’hui alors tu as devant toi ton nouveau chauffeur
Yacine : Ah qu’on est chanceuse d’avoir un mari tel que toi
Moi : Tu me déposeras tous les jours et viendras me chercher alors ?
Talla : Bien sûre au moins durant le reste de mon séjour….
Moctar : Si tu m’avais dit que t’allais acheter une voiture j’aurais passé le permis depuis…..
Talla : Si tu savais tes priorités tu aurais pu passer ton permis depuis…
Je m'installai au siège passager avant que la portière ne se referme  sur moi. Assis à côté de moi prêt à démarrer, quelqu’un  toqua à la vitre. Aby une camarade de classe éprise de Moctar se tenait là devant nous. Elle était le genre de fille à se vanter et à se croire plus belle plus riche que toutes d’après Yacine. Elle ne lui était pas sympathique.
Aby : Salut Cathy, Moctar tu rentres ?
Moi : Salut
Moctar : Oui bien sûr ou veux-tu que j’aille sinon?
Aby : Tu peux me déposer ?
Moctar : Ce n’est pas ma voiture alors demande au proprio
Aby : C’est qui ?
A la réplique d’Aby je vu Talla étouffer difficilement un fou rire. Le pauvre il était en train de souffrir de ne pas se marrer de cette fille à la hauteur de son frère c’est-à-dire sans vergogne.

_ Euh …. Euh Commère toussota Yacine ce qui eut don de m’arracher un sourire.
C’est définitif elle ne la portait pas dans son cœur. Aby comme un clou resta planter là à nous regarder. Ayant de la peine pour elle je lui proposais de monter.
Moi : Monte Aby nous te déposerons en chemin
Aby : Merci madame Diop
A travers le rétroviseur je voyais Yacine et Moctar me lancer des regards meurtriers. Ils devaient etre vénères en ce moment-là.  
_ Ils t’appellent madame Diop à l’école ? Demanda Talla amusé
Je le connaissais si bien que je su qu’il devait etre fier de marquer son territoire. Ah les hommes et leur égo une très grande histoire.
_  Oui en classe je te raconterai.  Voici Aby une camarade de classe.
_ Salut Aby, salua mon mari poliment.
_ Lui c’est monsieur Diop Talla mon mari et frère de Moctar venu-je en aide à Aby qui ne faisait le fixer.
— Euh... salut, balbutia-t-elle en se focalisant vers moi pour tenter de rassembler ses idées.
Talla : Paradise ou est-ce que descends ton amie ?
Moi : Euh Aby
Aby : Au stade Iba Mar Diop.
Arrivée à destination elle nous remercia et adressa à Moctar qui semblait l’ignorer : on se voit demain. Elle eut un vent à la place d’une réponse. Sacré Moctar il ne changera jamais !
Nous étions à hauteur de l’autoroute lorsque Talla demanda à son frère ce qui n’allait pas. Depuis qu’Aby avait quitté le véhicule l’ambiance était comme plombée.
Yacine : Monsieur a perdu sa langue on dirait. Pourquoi tu n’as pas présenté Aby à son beau-frère ? Chéri comment tu la trouves Aby ?
Talla : C’est ta copine Moctar ha je comprends mieux maintenant ….
Moctar : Il n’y a rien entre cette fille et moi elle est juste dingue de moi comme toutes les autres…
Talla : Ah ça c’est mon frère, les Diop ont toujours été les chouchous des jeunes dames …
Moi : Ah oui ?
Talla : Euh je voulais simplement dire que notre beauté les attire rien d’autre. Et toi Moctar au lieu d’étudier tu fais chavirer le cœur de ses filles ?
Moctar : Répond plutôt à ta femme frère tu ne vas pas t’en sortir comme ça si facilement …..
Talla : Je ne suis que le chouchou de ma femme ma Paradise l’unique. Je suis ancrée en elle… 
— Tu crois sérieusement être plus attachée à moi que moi à toi ? Murmurai-je en me rapprochant de lui…
J'inspectai les alentours pour m'assurer que personne ne nous entendait. Par hasard, mon regard tomba sur  Yacine qui me dévisageait et son frère qui le scrutait comme pour guetter sa réponse….
Talla sourit les mots n’avaient plus leurs places. Tout comme je savais l’amour qu’il me porte autant je le rendais. Oui je l’aime follement…

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COUP DU SORT TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant