PARTIE 40 Fin Tome 1

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COUP DU SORT PARTIE 40

- Tu crois sérieusement être plus attaché à moi que moi à toi ? Murmurai-je en me rapprochant de lui...
J'inspectai les alentours pour m'assurer que personne ne nous entendait. Par hasard, mon regard tomba sur Yacine qui me dévisageait et son frère qui le scrutait comme pour guetter sa réponse....
Talla sourit les mots n'avaient plus leurs places. Tout comme je savais l'amour qu'il me porte autant je le rendais. Oui je l'aime follement...
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_ Allo c'est Gibson tout est prêt !
Il a suffi d'un coup de téléphone juste un simple coup de téléphone pour que la vie de deux personnes soit sur le point de changer pour toujours. Ces deux personnes souriaient l'un rêvant déjà d'une vie meilleure et l'autre ignorant ce qui l'attendait vraiment.
Gibson quant à lui avait déjà fini son travail. Il se la coulait douce dans une résidence à Thiès. Après chaque trafic, c'est là où il se terrait au cas où ça tournerait mal. Oui il arrivait que les choses ne se passent pas comme prévu.
Malgré les années dans le fraude, il jouait toujours à quitte ou double. Des plaintes à la police ainsi que des annonces de recherches à la radio il en avait déjà eu. Ceci le poussait à rencontrer ses clients et potentiels victimes que la nuit quand tous les chats étaient gris. Le seul à le connaitre vraiment fut Manse son ami d'enfance. Tous les deux originaires de grand Dakar ce quartier populeux, ils s'adonnèrent très tôt aux jeux d'argents et de hasards. Comment ne pouvait-il pas en être ainsi ? Durant toute leur enfance, ils ont été témoins de regroupements de leurs paternels pour des parties de Poker ou encore des jeux de roulettes des leurs ainés du quartier. C'est dans cette ambiance qu'ils grandirent et en devinrent accro. Le mariage ni la paternité ne réussit à les changer. Manse avait trouvé sa paire parfaite en la personne de Takana. Cette femme était aussi diabolique que lui en terme de ruses et de coups montés. Malgré ces infidélités répétées cette dernière restait toujours à ses côtés. Comme quoi l'amour rend fou et aveugle.......
Voilà plus de trois semaines qu'il reçut le passeport de Talla. A l'époque les photos n'étaient pas électroniques. C'était que de simples photos miniatures qu'il était facile d'enlever pour y placer par une autre à condition d'être un falsificateur attitré.
C'est ce que fit Gibson pour y placer la photo de son client. Il mit des mains et des pieds pour trouver un cachet proche de celui qui figurait déjà sur la photo du passeport. Le temps était court et Manse ne faisait que le harceler alors il usa des moyens du bord.
Depuis l'appel de Gibson, Bouba s'était radouci. Tout le temps souriant, il ne répondait que par des métaphores ou paraboles lorsque Moctar ou Tapha lui demandait la raison de sa bonne humeur. Fily aussi s'y était mise à sa façon. Comme son mari allait voyager, ils allaient forcément devenir riches pensa-t-elle. Sous les encouragements de sa mère et de sa sœur Takana, elle prenait à crédit toute marchandise qui se présentait à elle promettant de payer sa dette dans deux mois.
Talla de son côté ne se doutait de rien. Il était trop stressé pour penser au changement soudain de son frère. Cathy depuis qu'elle était entrée dans son neuvième mois ne faisait que pleurer chaque nuit. Son mari se faisait énormément de soucis. Depuis qu'elle avait passé l'anticipé de Philo, elle ne cessait de stresser pour le reste des examens qu'elle devait passer en début juillet. Dans deux semaines Talla devrait retourner à Londres. Il souhaitait plus que tout que sa femme puisse accoucher devant lui afin de voir ses bébés. Combien de fois avait-il amené sa femme à l'hôpital croyant qu'elle allait accoucher ? Il s'était résigné à penser que ces enfants ne voulaient pas qu'il les voit.
Ah ses enfants !
Il lui arrivait souvent de cogiter pour dire la vérité à sa femme concernant les jumeaux mais se rétractait quand il la voyait pleurer en pleine nuit par peur de l'accouchement. Fily était passée par là. A chaque fois que Cathy mangeait quelque chose elle lui racontait une anecdote traumatisante tirée de ses accouchements. La plupart du temps ce n'était que mensonge et exagération mais Cathy la pauvre la cru. Se rappeler de Fily se tordre de douleur dans la cour lors de la naissance de Maodo allant même jusqu'à supplier Badiène de l'aider ne lui apporta pas réconfort.
Même s'ils avaient donné leur fille depuis toute petite, Penda ne pouvait s'empêcher de penser à elle. Depuis qu'elle est entrée dans son mois, elle l'appelait tous les jours pour prendre des nouvelles. Bien qu'elle la sache entre de bonnes mains, son cœur de mère n'en faisait pas office. Son ainé allait être mère à son tour et bien que sa fille ne lui dise rien, elle savait que Fily lui menait la vie dure. Maguette n'avait rien caché à sa mère de l'attitude de Fily et de la réaction de sa sœur vis-à-vis d'elle. Elle n'y crut pas au premier abord comme avec tout étranger Fily était une parfaite comédienne. Par contre elle connaissait bien Magou elle n'était pas du genre à inventer des choses ou cacher des choses pour les beaux yeux de quelqu'un. Et puis il y'avait Bouba qui semblait haïr sa fille. Depuis son cœur de mère se révolta mais cependant elle ne pouvait rien faire. Pour rien au monde elle ne voulait paraitre pour la perturbatrice d'un foyer surtout s'agissant de celle de sa belle-sœur. C'est le handicap des mariages de famille on ne peut prendre parti même si c'est légitime. Tout aurait été si différent si Cathy l'impliquait dans sa vie mais elle ne savait rien d'elle. Cette dernière avait suivi à la lettre ses conseils de faire de sa tante une véritable mère. Et dès fois elle regrettait que son ainé ne soit pas comme ses sœurs qui partagent tout avec elle.
« Penda yow gua diokhé sa dôme rekk Tok doko setlou doko Séti. Djiguène dal yayam boko mayé badiène sakh téwoul mou done sa dome. Rawatina bi mou amé borom Keur légui goro loumou done sa mbokk goro rek lay done yaye yayam fékhel sa dome déloussi Say lokho »
(Penda tu donnes ta fille sans prendre de ses nouvelles ni aller la voir. Une fille doit toujours être familière à sa mère même si tu la donner à sa tante n'empêche c'est ta fille. Surtout qu'elle a un époux maintenant qu'importe les liens qu'elle partage avec sa belle-mère celle-ci restera toujours sa belle-mère. Tu es sa mère fait en sorte qu'elle revienne dans tes mains).
Voilà les paroles qui lui revinrent après les confidences de Maguette. Des paroles que certaines de ses amies et même des membres de sa famille ne cessaient de lui répéter. Comme le dit le célèbre dicton wolof :
«Seytané wohoul deugeu wayé yakena xaalat. Tekk thii seytané fii mou hadioul rek lay dougou! »
(Satan ne dit jamais la vérité mais par contre trouble les pensées en plus il n'entre que la ou il n'a pas sa place!).............
Badiène regarda sa nièce somnolait en relisant ses leçons dans sa chambre. C'est là qu'elle venait réviser. A l'étage les cris des enfants de Bouba l'en empêchait.
_ Ay Cathy essaye de te reposer un peu tu es tout le temps sur tes cahiers.
_ Que veux-tu que je fasse Badiène il faut que je révise même si c'est à domicile ....
_ Patience ma fille soit patiente tu as su patienter 9mois alors quelques jours de plus ce n'est pas grand-chose
_ Avec cette grossesse j'ai peur que la patience ne soit plus mon fort cet enfant me fait tant bavé alors qu'il n'est pas né ....
Badiène soupira pour la regarder compatissante.
_ Ça passera ce n'est que ta première grossesse les autres seront plus douces tu verras.....
_ Oh Badiène je ne voudrais plus vivre ça de sitôt ....
_ C'est ce que disent toutes les femmes mais après elles changent d'avis
_ Moi je ne changerai pas d'avis moi cette grossesse a été traumatisante pour moi.
- Tout ira bien, dit-elle au bout d'une minute. J'ai confiance......
Devant le miroir accroché en haut du lavabo, j'examinai mon corps nu. Je n'avais jamais connu pire. Mon ventre énorme s'ornait d'une ombre fine tout droite séparant mon ventre d'un trait verticale noir et mes seins étaient totalement enflés. A part ça, mon visage était intact. Le reste de ma grande personne s'ornait de taches dû à l'intensité de mes démangeaisons. Certains hématomes, sur mes bras et mes épaules, étaient difficiles à cacher. Heureusement pour moi que je n'allais plus à l'école. Le programme terminé, le directeur avait jugé nécessaire que je reste chez moi pour les révisions contrairement aux autres élèves. En vérité, il avait peur que j'accouche dans son école. Depuis l'anticipé philo, je n'allais plus à l'école. Ce fut un soulagement pour Talla même s'il laissa apparaitre le contraire. Cependant mon corps avait tendance à marquer très facilement. Je me rappelle que lorsqu'on me frappait mon corps avait tendance a enflé. Et pour ce dernier mois de grossesse c'est des démangeaisons tenaces que j'avais.
_ Cathy !
Je n'avais même pas vu Talla entrer.
_ Non de Dieu laissa-t-il échapper en voyant mes marques ça te démanges toujours malgré les crèmes
_ Oui avouai je sans le regarder
Il disparut aussitôt, pour revenir avec la crème que le médecin m'avait prescrit pour atténuer les démangeaisons. Tout doucement, il me l'enduisit sur tout le dos et les bras.
- L'effet n'est pas rapide on dirait on devrait en parler à ton médecin commenta-t-il en me massant les épaules
_ Ce serait la troisième fois et on aura toujours la même réponse. Même Badiène dit qu'après l'accouchement ça s'atténuera...
_ J'espère ! ça va tu veux que je te l'enduise sur les jambes ?
- Non merci, dis-je à la fin en me penchant afin de l'embrasser.
Il me rendit automatiquement mon baiser, puis se raidit et recula. Serrant les dents, je lançai la question qui me tourmentait depuis un moment.
- Tu n'as plus l'intention de me toucher tant que je serai vilaine bizarre, tu me trouves dégoutantes hein ?
Il hésita puis me caressa la joue. Ses doigts s'attardèrent, légers, sur ma peau, et je ne pus m'empêcher de presser ma tête dans sa paume.
- Oui, soupira-t-il en laissant tomber sa main. Et tu as raison je ne te toucherai pas tant que tu n'auras pas accouché. Et non parce que tu es vilaine ou dégoutante.
Il se tut, releva le menton, puis reprit sur un ton ferme et définitif
_ Je ne te ferai jamais mal.....
Nous allions nous couchés sans qu'on entende depuis notre chambre la voix des fils de Bouba résonnait. C'était ainsi presque chaque nuit et personne n'osait intervenir. Rares sont les nuits ou je parvenais à dormir paisiblement. Je n'ose imaginer ce que ça sera au départ de Talla. Je passais la majeure partie à imaginer à quoi ressemblerait mon accouchement. Plus tard, Talla poussa un cri d'où il appelait son père encore. Il se réveillait en sursaut désorienté par l'obscurité. Je le regardais inquiète il m'avait raconté faire un rêve bizarre ou il voyait son père à chaque fois.
- Talla ? Chuchotai-je en le secouant doucement. Tu vas bien, chéri ?
- Talla ! Répétai-je inquiète.
_ Encore ce rêve ? Lui demandai-je tout bas
Il avait l'air perdu.
_ Ce rêve est si réel, si vivant, si sensoriel à chaque fois....
Il était tout en sueur. Tout comme un enfant il se refugia sur mes cuisses pour fixer le plafond. J'essuyai avec ma main les goulettes d'eau sur son front.
Tout d'un coup je le senti trembler c'était la première fois que je le sentais aussi vulnérable.
_ J'aurais tellement aimé que le rêve soit vrai. J'aurais tout donné pour que papa soit encore là avec nous. Peut-être qu'il saurait gérer les problèmes de notre famille. J'ai failli à la promesse que je lui avais faite de prendre soin de notre famille. Si je rêve de lui aussi souvent c'est sans doute à cause de cela.... M'avoua-t-il
- Tout va bien, mon amour, je suis là, le rassurai-je en lui caressant la tête. Tu devrais parler à ta mère de tes rêves. Si à chaque fois tu fais le même rêve c'est ce que ça doit signifier quelque chose....
_ Je ne voudrais pas embêter maman avec ça tu sais comment elle est...
_ Mais qui sait ? Elle saura te conseiller ou te diriger vers une personne apte à te dire la signification....
_ Tu sais je pensais qu'on devait redoubler les récitals de Coran pour papa ou faire des offrandes et j'ai tout fait mais apparemment ce n'est pas ça ou bien ça ne suffit pas...
_ Et que comptes tu faire ?
_ J'irai voir l'imam avant de rentrer comme ça je serai fixé .............
Pour ce grand jour il enleva sa tignasse que sa mère passa du temps à lui reprocher. Ce soir si tout va bien il allait décoller pour Paris. Depuis ce matin le miroir qu'il avait en main ne l'avait quitté. A tout moment, il se mirait pour parfaire ses sourcils.
_ Wa yow loy melni kou wara dieul vol wala guiss président ? (Toi là on dirait quelqu'un qui s'apprête à prendre un vol ou voir le président) Lança Yacine qui avait passé la journée avec sa meilleure amie
Pour toute réponse Bouba sourit. Dans sa tête il l'insulta et la traita de sorcière. Cathy qui suivait leur manège préféra garder le silence, depuis ce matin elle était cloitrée sur ce canapé se plaignant de maux de ventre.
Vers 18h il alla se changeait pour s'habiller tout en blanc sous la demande de son marabout. Le lendemain son fils Maodo Malick allait fêter ces 1 ans. Ce dernier rampa jusqu'à lui avant qu'il ne le pousse vers sa mère.
_Tu veux le faire pleurer ? Le réprimanda Badiène
Il se tut un moment pour baisser les armes.
Bouba : J'ai un rendez-vous important et je ne voudrais pas qu'il me froisse
Badiène : Parce ce que porter ton fils va te froisser continue comme ça
Bouba : Alors Cathy tu te sens mieux ?
Cathy releva instantanément la tête pour voir s'il lui avait vraiment adressé la parole. Non elle ne pouvait croire que Bouba s'intéresse à son état de santé après tout ce qu'il lui avait dit de mal.
_ Oui ça va répondit-elle d'une petite voix
Fily à son tour descendit très bien habillée pour sortir avec son mari.
_ Ça sent le samedi soir Blagua Moctar une fois le couple parti ....
Dans deux jours Talla devait rentrer. Pour voir l'heure d'embarquement, il sortit vérifier son billet. C'est à ce moment qu'il remarqua que son passeport n'y était plus. Il chercha dans tous ses affaires mais ne trouva rien. Comme il n'était que deux dans cette chambre il alla demander à sa femme. Il l'avait trouvé en pleine discussion avec son amie.
_ C.C tu as touché à ma sacoche contenant mes papiers ?
_ Non pourquoi ?
_ Euh rien
_ Tay CC la Dou paradise ? (Aujourd'hui c'est C.C et pas paradise) Souligna Yacine.
Talla sourit et parti. Il était trop stressé pour papoter. Depuis son réveil il se sentait bizarre. Malgré qu'il ait passé la nuit à l'hôpital il n'était pas fatigué. Sans savoir pourquoi son cœur battait à tout rompre. Et perdre son passeport ne fit qu'empirer son mal être. Comme habité, il retourna toute leur chambre mais toujours aucun, trace de passeport.
Peu à peu la colère commença à l'habiter. Depuis l'escalier il entendit les autres rirent à gorge déployer......

COUP DU SORT TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant