PARTIE 19

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Bien que triste pour Talla, Moctar ne cessa de narguer Bouba qui était sur le point d’exploser. A vrai dire, il était le seul capable de les mettre hors d’eux sa femme et lui. Et secrètement Fily avait peur de lui à cause de son franc parlé. Moctar étant le cadet de la maison faisait tout ce qu’il voulait sous l’œil avisé de sa mère qui prenait toujours sa défense. Il était très intelligent et dès fois en user pour faire des choses pas trop catholiques comme mener en bateau les filles la plupart du temps. Contrairement à Moctar, Tapha lui  était plus assidu. Comme les autres, il évitait Fily et les problèmes. Cependant, il était du genre à agir plutôt que de parler. Et tout comme Talla, il restait concentrer sur ses études qu’il prenait au sérieux.
Du haut de son lit d’hôpital malgré l’accouchement difficile qu’elle venait d’avoir, Fily pensa comment tirer son épingle de l’accident de Talla. Bien que fatiguée, elle observa longuement Bouba qui était comme captivé par son fils. Ce qu’il ressentait était indescriptible un mélange de pur bonheur, de fierté et pourtant ce n’était pas la première fois qu’il était père. Mais ce petit bout était tout simplement spécial en l’ayant dans ses bras, il avait même versé quelques larmes.
_ Bouba recouche-le avant qu’il ne s’habitue aux mains lui soumis sa femme
_ Oh je pourrais le tenir tout le temps mon fils sourit-il bêtement
_ A croire que c’est ton premier fils mais dis que comptez-vous faire pour Talla ?
_ Là-bas il y’a oncle Tapha, sa famille, Amdy et ses autres amis ils lui apporteront de l’aide plus que nous qui sommes loin de lui…
_ En tout cas quelqu’un de la famille devrait être à ses côtés afin de l’aider à 100%. Les autres aussi ont leurs propres travails, leurs propres soucis
_ Dans ce cas j’imagine que Cathy sera la plus appropriée pour y aller …
_ Bouba yow digua halât (est-ce que tu réfléchis) ? Tu es pour la troisième fois père. Depuis que ton père a déchiré tes papiers tu es resté bloquer là. Aucun membre de ta famille n’a essayé de t’aider à retourner en Angleterre. Et maintenant qu’une porte s’ouvre tu ne penses pas à toi.
_ Talla est souffrant ce n’est pas le moment de penser à nous
_ D’accord dis-toi que quand Cathy y posera les pieds Talla ne t’aidera plus. Il s’occupera plutôt  de sa femme. Et s’ils ont des enfants alors mieux vaut dire au revoir à ton rêve de t’expatrier à nouveau.
_ Je ne l’avais pas vu sous cet angle avoua-t-il pensif. Je m’en occuperai
_ Le plutôt sera le mieux. As-tu prévenu ma famille que j’ai accouché
_ Non pas encore maman le fera sans doute
_ Elle a intérêt car je dois parler du baptême avec eux
_ Baptême ?
_ Oui cette fois-ci c’est différent. On fera tout en grande pompe….
_ Fily mon frère est souffrant hospitalisé alors on devrait œuvrer dans la sobriété …….
_ Il est malade pas mort et hospitalisé à des milliers de kilomètres dans un autre pays dans un autre continent. Bouba ceci n’est pas négociable
_ On en rediscutera
Depuis qu’elle était sortie d’hôpital, les membres de sa famille sillonnaient la maison  comme bon leur semble. Et leurs venues n’étaient pas en reste. A chaque fois qu’ils venaient, ils prenaient tous ce qui leurs passer sous la main. La première à s’en rendre compte fut Cathy. Elle qui ne fermait jamais sa chambre à clé, vu ses affaires disparaitre soudainement. Elle en eut le cœur net le jour où elle reçut la visite de Salif le frère de Fily.
Perdue dans ses pensées, la porte de sa chambre entre ouverte, elle venait d’éparpiller certaines affaires de son armoire sur le lit.
_   Tu as besoin d’aide ? Proposa Salif en se tenant sur le seuil avec un grand sourire
_ Wa Salif que fais-tu là ? On ne te voit jamais par ici
_ Je suis passé voir mon neveu
_ Tu l’as vu ? 
_ Pas encore
_ Que fais-tu ?  
_ Je  range les affaires de mon mari
_ Il est de retour ?
_Non je fais simplement du rangement
_ Pour un homme il a beaucoup d’affaires ah j’oubliais en montant ta tante m’a dit de t’appeler
_ Dans ce cas j’y vais
J’allais trouver Badiène. Ces derniers temps elle avait l’air fatigué et surtout irritée par la famille de Fily avec la pollution sonore qu’ils amenaient avec eux. Voilà 5 jours que Fily était rentrée avec son bébé et ce n’était que bruit dans la maison. Bouba le pauvre dès fois très ensommeillé et fatigué restait tard au salon attendant que ses belles sœurs rentrent.
_ Tu voulais me voir ?
_ Oui comment te sens tu ?
_ Ça va aller
_ Bien. Bouba est parti voir ton oncle Talla hier. Depuis l’accident lui comme moi avions convenus que tu ailles rejoindre ton mari mais c’est Bouba qui ira….
_ D’accord fut le seul mot qui pouvait de ma bouche
_Je comprends ta peine mais Bouba a raison tu ne connais pas grand-chose là-bas. Depuis l’accident tu ne fais que pleurer et dans cette état tu ne pourras pas apporter assistance à Talla……
_ Je comprends comment va Talla ?
_ D’après ton oncle Tapha son état s’est stabilisé mais il est toujours en soin intensif. Il s’en sortira ne t’en fait pas. Que faisais-tu ?
_ Je rangeais quelques affaires de Talla
_ Ah d’accord donc je ne te retiens plus
De retour dans ma chambre je me laissai choir sur le lit. Le baptême n’étant que dans deux jours je n’avais pas la tête à la fête. Rangeant les affaires de Talla, trois photos tombèrent. Partout il était accompagné d’hommes blancs riant aux éclats, ils étaient certainement à une fête et sembler heureux. Ses habits de nouveaux rangés, il ne me restait plus qu’à trouver un refuge pour ses trois photos et autres papiers qui n’étaient que reçu d’hôpital de son père, des photocopies de carte d’identité sénégalaise et carte séjour de son père. Soudain je me rappelais de ma boite ou je gardais mes vieilles photos, cette boite je ne l’avais  plus ouvert depuis mon viol. J’allai dans le patio de ma tante ou elle gardait certains objets et documents de valeurs le sortir du placard pour regagner ma chambre. Elle était toute poussiéreuse je me doute que quelqu’un l’ait touché. Je l’ouvris sans difficulté pour tomber sur cette enveloppe. Cette enveloppe que m’avait remis Talla je ne l’avais jamais ouvert. A presque deux ans il était sans doute grand temps de l’ouvrir. Je la sortis pour la mettre sous l’oreiller j’allais l’ouvrir la nuit pour ne pas être déranger.
Comme d’habitude à l’heure du repas Fily faisait des siennes demandant à ce qu’on apporte le repas de ses invités dans sa chambre.
Depuis qu’elle avait accouché elle se prenait pour la reine de la maison me prenant pour sa boniche que j’en eu marre. Talla avait raison de m’interdire cette servilité à l’égard de Fily elle n’en valait pas la peine et en profitait outrancièrement.  Déposant le bol sur sa coiffeuse vide, sa sœur Takana me dévisageait grossièrement. Ayant terminé d’allaiter son petit je le pris dans mes bras pour le bercer. Cette fois c’était bel et bien le fils de Bouba.
_ Fily es-tu inconsciente à ce point de laisser ce nouveau-né bercer de la sorte ? Lança sarcastiquement sa sœur
_ Franchement Cathy à quoi peux-tu bien servir ? Tu risques de lui donner des courbatures en le tenant de la sorte. Intervenue-t-elle méchamment
_ Désolée Fily alors c’est mieux que tu le reprennes
_ C’est mieux vue que tu n’as jamais enfanté alors tu ne saurais tenir un nouveau-né
_ Peut-être qu’elle est enceinte qui sait ?
_ Non ma sœur cela fait 9 mois qu’elle est mariée et pas de bébé à l’horizon et pourtant Talla est resté 6 mois ici
_ Tu sais Cathy si tu as des problèmes je connais quelqu’un qui pourrait t’aider…
On a beau fuir la nature elle revient toujours au galop. Fily ne changera jamais la méchanceté faisait partie de sa nature.
Autour du bol, Moctar et Tapha animaient comme toujours le repas essayant de me faire rire à chaque fois. 
Tapha : Alors Moctar bientôt le bac ?
Moctar : D’ici un mois ou bien 27 jours  pour être plus précis
Moi : On dirait que t’es stressé à compter les jours
Moctar : Même pas attends ton tour et tu verras
Tapha : Maman pour le baptême vous ferez une grande cérémonie ou bien ?
Badiène : Avec l’état de ton frère non
Moctar : En tout cas ce n’est pas ce qui me semble vue les va et vient dans cette maison. En plus Bouba a acheté deux béliers
Badiène : Moctar je t’en prie sache fermer ta bouche un peu
Moctar : Mais j’ai rien dis de mal
Tapha : C’est vrai arrête de chercher Bouba
Badiène : Je lui ai parlé et il n’y aura rien d’extravagant
Moctar : Espérons
Moi : C’est plus fort que toi
Moctar : Je ne suis pas ton égal toi, je suis ton ainé
Moi : Va là-bas et alors
Moctar : Maman tu l’entends ?
Badiène : Elle a raison en plus comme c’est la femme de ton grand frère elle se retrouve être ton ainé
Moi : Tu entends même  avant ça je suis ta mère aussi
Ainsi nous rigolions et passions un bon moment avant que chacun ne vaque à ses occupations une fois terminé.
Bouba tout heureux était allé récupérer son extrait de naissance pour déposer un nouveau passeport. Il avait bien su convaincre son oncle et sa mère pour le laisser partir à la place de Cathy s’appuyant sur le fait qu’elle soit mineure et meurtrie par la nouvelle. Pour sa femme et lui l’accident de Talla représentait une véritable aubaine. Non seulement il allait repartir mais aussi avait de nouveau toute la gestion des affaires de la maison.
Talla et Amdy très prévenants s’étaient mutuellement faits des procurations  afin que chacun puisse retirer du compte de l’autre de l’argent en situation d’handicap ou d’urgence ou bien encore en cas de nécessité.  Et depuis qu’il était souffrant c’est à Bouba qu’Amdy envoyait de l’argent.
A la nuit tombée, la maison fut plus bruyante que d’habitude. Lasse de tout ce bruit j’allais me coucher sans prendre le diner. Nichée dans mon lit, j’entendais aisément les cris stridents des amies de Fily. A un jour du baptême, elles parlaient encore des préparatifs. Je regardai longuement notre photo de mariage d’où j’avais forcé un énorme sourire avant que je ne me rappelle de la lettre.  Soufflant un grand coup, j’allumai la lumière avant d’ouvrir cette lettre reçue il y’a presque deux ans.
«  Pardon, Désolé, Sorry, Yafomi,  Balma !
Si je pouvais te demander pardon dans toutes les langues de la terre alors je le ferai.
C’est la première feuille que j’entreprends d’écrire et je suis certain de ne pas faire de brouillon car je sais aisément ce que je veux transcrire sur ses feuilles. Accepter de me parler t’aie difficile alors me voir serait un supplice. Sache que ces mots j’aurais aimé te le dire en face pour tu sache à quel point je suis sincère.
Ce que je t’ai fait est ignoble, il n’existe pas de qualificatif plus attribué pour le dire. Tout comme tu m’en veux, je m’en veux aussi de t’avoir fait subir cela.  Toi Cathy Cissé ou C.C comme j’ai l’habitude de t’appeler, toi ma cousine adorée, toi mon amie, toi ma sœur, toi la femme que j’aime, te faire du mal est la dernière chose que je souhaiterai dans ce monde.
Je ne pensais pas te l’avouer un jour surtout ainsi car ça toujours été lourd  un secret. Dans d’autres circonstances, j’aurai été heureux et fier d’être le premier homme de ta vie mais pas ainsi. Je sais que tu dois surement être perdue à l’heure qu’il est, par ce que je t’avoue et ce que je t’ai fait.  Ce n’est pas le moment rêvé je sais pour t’avouer tout cet amour que je t’ai toujours porté. Cet amour que j’ai maintes fois refoulé au fond de moi à cause de Bouba. Il fut un temps où tu disais aimer mon frère un amour de jeunesse, d’enfance comme je le pensais jusqu’à ce que les autres s’y mettent une fois que tu aies grandi. Ta relation très amicale avec mon frère m’a fait croire en cette attirance que tu as toujours eu pour lui alors j’ai choisi de taire mes sentiments. Qui étais-je pour t’empêcher le bonheur ? Moi qui  ne veux que ton bonheur. J’étais prêt à renoncer pour te voir heureuse. Puis tu m’étonnas tout comme Bouba qui se lia tel un fervent à Fily pour vouloir faire sa vie à ses côtés. Tu m’étonnas parce qu’en réalité ce n’était qu’un amour d’enfance que tu avais pour mon frère amour qui mourut avant même tes 12ans.  Par contre mon amour pour toi a toujours été présent, reste et demeurera pour toujours.
Aujourd’hui j’ai mal de t’avoir fait du mal, j’ai mal que tu puisses avoir mal. Je maudis ce jour ou mes lèvres ont trempé dans l’alcool pour la première fois. Et ce soir je te fais la promesse de ne plus jamais toucher à l’alcool. Plus jamais je ne toucherai à cette boisson qui m’a fait commettre un tel acte en me privant de raison.
Cathy Cissé si tu me pardonne accepte de devenir mon épouse !
Je ferai n’importe quoi pour te mériter te rendre heureuse te protéger et surtout t’aimer. Je ne te demande pas de m’épouser pour me racheter mais plutôt de m’épouser pour te prouver tout mon amour. Cathy Cissé, Cissé Guari mew, Cissé ma damel !  Pardonne cette pauvre âme perdue d’amour pour toi.
Pardon, Désolé, Sorry, Yafomi,  Balma !
                                                                                                        Je t’aime  »

Plus je la lisais plus je souriais inconsciemment. C’est comme si on m’avait arraché une épine du pied, enlevé un bandeau qui m’interdisait la vue, ôté un énorme poids. C’est comme si mon cœur parvenait à battre de nouveau……..
Talla m’aime ! Je me l’étais répétée toute la nuit. Talla m’aime ! J’en étais convaincue. Talla m’aime ! Les preuves avaient toujours été là. Talla m’aime ! Il me l’avait toujours prouvé.
Comment avais pu être aussi aveuglée par la haine la rage pour ne pas l’entendre ou le voir ? Il avait était sincère sur toute la ligne. J’ai toujours cru que s’il m’avait épousé c’était par devoir après m’avoir violé mais non………..
Quel homme refuserai de toucher sa femme une mariée ? Talla l’avait fait ! Quel homme prendrait la défense d’une femme qui le minimisait à chaque fois ? Talla l’avait fait !
Je regrettais encore plus amèrement notre dispute de la dernière fois. Mes mots cruels me transperçaient le cœur.
L’heure n’était pas aux regrets, il me fallait agir et vite qu’importe le prix………………………………….

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COUP DU SORT TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant