Pourquoi étais-je si mauvais en anglais ? J'avais pourtant toujours eu des compliments de mes professeurs de langues, et j'avais tendance à vite comprendre, mais l'anglais me bloquait, je ne sais pas pourquoi...
Ma mère m'avait suivi à Toronto et nous conduisit jusqu'à notre nouvel appartement, vantant mon nouveau club sans interruption.-Ce coach est bien plus compétent. J'ai regardé son CV et il a entraîné des champions ! Je sais qu'il a un autre élève en ce moment mais il n'est pas si doué que ça, tu peux être bien meilleur donc je suis sûr qu'il te prendra sans hésiter. J'espère pour toi que tu vas réussir ! Les Jeux Olympiques se rapprochent et il est hors de question que tu te places ailleurs qu'en haut du podium, après tous les sacrifices que j'ai fait pour toi ! Tu te rends compte de la chance que tu as, n'est-ce pas ?
Je l'écoutais en hochant la tête, me rappelant vaguement que les JO avaient été mon but rêvé quand j'étais plus jeune. Mais maintenant, ils ne m'inspiraient que de la terreur : ils étaient remplis d'excellents patineurs, bien meilleurs que moi, avec plus d'expérience, plus de technique... Si je perdais, est-ce qu'elle me frapperait encore ? Se rendait-elle compte de ce qu'elle me demandait ?
-Au moins, tu n'auras pas de distractions inutiles ici !, sourit-elle. On va voir ton coach dès qu'on sera installé.
Deux heures plus tard, nous étions devant la patinoire, qui était présentée comme un club de Cricket. Il y avait une sorte de salon où on voyait la glace à travers une baie vitrée et ma mère commença à se plaindre du nombre de patineurs, de l'attente, du décor, de tout... Pendant ce temps, j'observais mon nouveau coach qui n'avait pas l'air pressé de venir parler affaire et observait avec concentration un patineur, probablement son élève actuel. Le "mauvais" patineur enchaîna une splendide séquence de pas suivit d'un quadruple salchow. Parfait. J'en étais horrifié, est-ce qu'elle pensait vraiment que j'étais meilleur que ça !?
Ma mère suivit mon regard et lâcha un grognement de dédain.-Tu peux faire la même chose sans problème en t'entraînant plus, et tu es plus jeune. Il n'est pas si bon que ça.
C'était faux, ça crevait les yeux : il était bon, il était même bien meilleur que moi ! J'avais déjà vu ce patineur pendant des compétitions seniors et je savais que pour l'instant, je n'avais aucune chance... J'avais envie de lui hurler qu'elle n'y connaissait rien, qu'il me battrait à plate couture !
Mais au lieu de crier ce que je pensais, je baissai la tête. Le coach, Brian Orser, arriva un quart d'heure plus tard, nous serrant la main et s'excusant de nous avoir fait attendre.-Comme vous l'avez surement remarqué, j'ai déjà un patineur à ma charge et je ne pouvais pas négliger son entraînement...
-S'il vous plaît... qui..? Son nom ?..., demandai-je avec difficulté, curieux de savoir le nom de ce patineur.
-Javier Fernandez, un des seuls espagnols du circuit professionnel, et le meilleur !, déclara le coach en souriant avec fierté.
Ma mère me fusilla du regard avant de prendre la parole.
-Si vous me le permettez, les espagnols ne sont pas vraiment prédisposés au patinage artistique, ils sont plus... football il me semble ? Ce n'est pas pour rien s'il n'y en a qu'un.... J'aimerais que vous preniez mon fils sous votre aile : il a un énorme potentiel et je suis sûr qu'il vous satisfera mieux.
Orser perdit son sourire.
-Je vous prierais de ne pas faire preuve de racisme dans mon établissement madame. Monsieur Fernandez est un excellent patineur et ma "satisfaction" me vient avec sa satisfaction. Mes élèves ne sont pas des produits que je jette s'ils ne me conviennent pas. Je peux entraîner votre fils mais comme je vous l'ai déjà dit par mail, je ne laisserai pas Javier.
Leur discussion continua quelques minutes sans que le coach ne change sa position et il finit par se tourner vers moi.
-Et toi mon garçon, qu'en penses-tu ?
-Pas de problèmes..., soufflai-je en souhaitant disparaître au fond de mon fauteuil.
-Bien ! Dans ce cas, rendez vous demain à sept heures sur la glace. Les séances n'autorisent pas les spectateurs.
-Mais j'ai toujours assisté à ses entraînements !
-Désolée madame. Ce sont les règles, pas d'exception.
Autant dire que ma mère fut d'une humeur exécrable toute la soirée. J'étais à la fois soulagé de partir le lendemain et anxieux de découvrir un nouvel environnement...
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Ice King
FanfictionComment vivre en tant que champion de patinage artistique sans se comprendre soi-même, avec une pression écrasante et une vie personnelle à gérer envers et contre tous.