40) Discrets

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J'étais tellement en forme pendant la semaine qui suivit que Brian finit par avoir des soupçons... Il était habitué à nous voir interagir de façon (très) proches avec Javi mais évidemment les choses étaient encore plus poussées maintenant et s'il n'avait pas été aussi accoutumé, je pense qu'on se serait fait griller très vite.

Les prochaines compétitions étaient dans quelques mois et l'atmosphère était donc détendue, me permettant de profiter de notre proximité sans culpabiliser sur l'entraînement. Quand les compétitions importantes approcheraient, on éviterait d'être trop tactiles parce que c'était une distraction, et que du coup Brian devra alors aussi réagir...

-Vous êtes particulièrement affectifs ces jours-ci, il s'est passé quelque chose ?

Nous sortions d'une bataille de quad et Javi me serrait contre lui en retournant sur le bord.

-Les câlins sont ma drogue, répondis-je innocemment. Et ce n'est pas détectable au dépistage, donc j'en profite...

-Je me suis porté volontaire comme dealer, acquiesça le deuxième coupable.

-Très bien, très bien... Tant que vous restez opérationnels, faites ce que vous voulez, soupira Brian. Par contre quand il faudra vraiment se concentrer, je vous préviens : je ne veux voir aucun de vous deux avoir la tête en l'air à sourire béatement. On fait une petite pause, allez boire et on recommence dès que je reviens.

Il s'éloigna vers son bureau et à peine avait-il disparu que Javi me pinça les côtes, me faisant presque tomber.

-Tu n'es absolument pas discret, rit-il.

-Toi tu n'es pas discret !, répliquai-je en protégeant mon abdomen contre une autre potentielle attaque.

-Mais je suis tout le temps comme ça, rappela-t-il d'un ton moqueur. C'est toi qui te fera repérer le plus vite...

-Tu flirtes trop Javi, mais de toute façon au Club peu importe.

Je croisai les bras pour marquer ma phrase et il se contenta de sourire en m'enlaçant par derrière. On allait vraiment se faire prendre mais franchement, je n'avais pas suffisamment de volonté pour lui demander d'arrêter... Tout tournait autour des contacts pour Javi : des câlins, une main sur l'épaule, dans le dos, une caresse dans les cheveux, peu importe tant qu'il y avait un contact. C'était pour ça qu'il aimait charmer et flirter, c'était comme ça qu'il créait des liens : c'était sa façon de communiquer, de partager, de se rassurer et de se calmer. C'était aussi la raison pour laquelle il aimait m'embrasser : c'était un contact qui permettait de tout faire en même temps et de créer un lien physique et concret.
Pour moi c'était différent : un contact était quelque chose d'intime et de personnel. Je ne le cherchais pas, les câlins n'étaient pas prolongés, je fuyais les embrassades comme la peste, les poignées de main étaient le plus souvent brèves, sans vraiment serrer. Même quand je m'amusais à voir combien de personnes je pouvais captiver, les voir tenter un contact avec moi, je laissais rarement quelqu'un s'attarder près de moi suffisamment longtemps.
Javi était l'exception, il l'avait toujours été. Même quand nous n'étions qu'amis je ne fuyais pas ses contacts, j'allais même jusqu'à les engager, ils ne me dérangeaient pas et au contraire ils m'apaisaient...

Peut-être que c'est ce qui avait sauté le plus facilement aux yeux de tout le monde : pourquoi quelqu'un d'aussi introverti se jetait dans les bras d'un rival alors qu'il ne touchait même pas le dos des patineuses de son équipe national lors des photos ? J'espère que personne ne posera jamais la question parce que j'aurais beaucoup de mal à répondre...

-Ces temps-ci, tu as tendance à trop prolonger les révolutions de tes axels, est-ce que c'est fait exprès ?

Je le mordis la lèvre : personne ne l'avait encore remarqué (pour l'instant) parce que j'essayais de ne pas me faire repérer mais évidemment Javi avait tapé dans le mille...

Ice KingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant