Ice King

56) Identification

-Je ne suis pas sûr que ça soit possible Yuzu...

-Bien sûr que si : la compétition est terminée, pourquoi tu ne pourrais pas venir dans le bâtiment japonais ?

-Est ce que tu sais à quel point tes compatriotes m'en veulent pour t'avoir corrompu ?, soupirai-je.

-Peu importe, ils ne peuvent pas t'empêcher de rentrer : j'ai donné ton signalement au staff pour qu'ils te laissent rentrer.

-Et ils t'écouteront ?

-Javi, je viens de leur gagner une deuxième médaille d'or : même l'empereur aurait du mal à me refuser quelque chose, rit-il.

Il marquait un point : si avant les Jeux Yuzu était vu comme une idole, il était maintenant monté au rang de légende vivante et de demi-dieu à vénérer. Il avait d'ailleurs déjà un temple, même si officiellement le sanctuaire portait juste son nom par coïncidence.

-Très bien, est-ce que je prends ma carte d'identité ?, ricanai-je.

-Pas la peine, ta tête passe en boucle sur les chaînes japonaises...

-Avec un encadré marqué : si vous voyez cet homme tuez le discrètement, une récompense de beaucoup de yens repose sur sa tête.

-Non Javi, plutôt avec l'encadré médaillé d'argent olympique et en couple avec moi...

-Zut, il n'y a pas de récompenses pour ma tête ? Je suis déçu...

-Je suis désolé Javi, je sais que tu avais fait de ton mieux, rit-il. Par contre le nombre de sponsors qui te veulent au Japon a explosé : les scandales font vendre...

-Je sais, je viens d'avoir un appel de ma fédération : ils ne comprenaient pas ce qui se passait. En fait, et ta fédération ?

-Je les ai coincé, ils ne peuvent rien faire maintenant que j'ai gagné, à part augmenter mon salaire bien sûr. Ils savent que s'ils protestent je peux partir dans une autre fédération du jour au lendemain en les targant d'homophobie, du coup ils ont simplement dit qu'ils auraient « aimé être au courant de la situation en aval pour être préparé »...

-Et le Japon ?, continuai-je prudemment.

-Les gens ne sont pas ravis mais à vrai dire ça se passe mieux que ce que j'avais prévu. Ma victoire fait passer la pillule en quelque sorte... Je m'arrangerai pour faire briller tout ça quand je rentrerai et normalement ça ira après. Mais rejoins moi : on va bientôt être séparé, je veux profiter, bouda-t-il.

-Ok, j'arrive, j'arrive. Tu es sûr que je passe ?

-Mais oui !

Je raccrochai en secouant la tête face à ses enfantillages et sortis de ma chambre. Je saluai quelques connaissances que je croisais parmi les athlètes espagnols (les snowboarders étaient très sympas) et quittai mon bâtiment pour rejoindre celui des japonais.
La sécurité me laissa entrer dans le hall sans ciller, un bon point, mais rien qu'à la tête de la femme à l'accueil je sus que ma présence n'était pas vraiment souhaitée.

-Bonjour, puis-je vous aider ?, demanda-t-elle quand même en anglais.

-Bonjour, pourriez-vous m'indiquer la direction de la chambre 819 s'il vous plaît ?

-Dans ce bâtiment ?, hésita-t-elle.

Non, dans celui de l'Italie, pourquoi ?

-Oui, sinon je ne serais pas là...

-Nous avons pour consignes de ne pas laisser les étrangers entrer, les Jeux ne sont pas encore terminés dans toutes les disciplines...

-Ils sont terminés en patinage et les athlètes japonais ne s'entraînent pas dans leurs chambres je pense... Je vous promets de ne pas me promener dans les couloirs pour les déranger, je suis attendu.