16) Cup of China

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Le programme court était fini et s’était bien passé, il fallait maintenant faire le programme long. Alors que je traversais la patinoire en marche arrière pour enclencher un triple Axel, j’aperçus du coin de l’oeil un autre patineur me foncer droit dessus. Je poussai un cri d’avertissement en essayant de me pencher pour éviter son patin mais il me percuta en plein ventre, me coupant le souffle et me projetant au sol. Ma tête frappa violemment la glace et je perdis conscience quelques secondes. C’est en tout cas ce que je déduisis lorsque je m’aperçus que tous les autres avaient quitté la patinoire avec précipitation quand j’ouvris de nouveau les yeux… J’essayai de me lever sans succès, ma vision clignotait et ma tête me semblait faite de pierre. Je bougeai mes jambes et soupirai de soulagement en sentant qu’elles n’étaient pas touchées, par contre je n’arrivais toujours pas à me relever. Où étaient les secours ? Ça faisait déjà trois bonnes minutes que la patinoire était dégagée ! J’haletai en essayant de nouveau de me lever et me contentai de rouler sur mon dos en grimaçant ; j’en étais certain, j’avais au moins une côte cassée… Fermant les yeux je passai ma main sur mon ventre, effleurant l’endroit de l’impact : nous étions tous les deux à pleine vitesse au moment de la collision et même en évitant la lame, je m’étais pris le genou. J’entendis enfin des bruits et deux personnes en gilets fluo apparurent près de moi. Ils avaient mis tellement de temps que je réussis presque à me lever sans leur aide et je patinai vers le bord. Même si ma vision ne clignotait plus en noire et blanc, elle se floutait par moment et j’étais exténué. J’ignorai si c’était normal après une telle chute ou si c’était parce que mon corps piochait un maximum dans mes ressources pour guérir… Je sentis un liquide tiède sur ma gorge et j’y portai ma main, la retirant ensanglantée : je saignais, je m’étais ouvert quelque chose, la tête ? Si je guérissais trop vite ça allait se voir !

Je m’écroulai sur Brian qui me transporta immédiatement dans les coulisses, loin des regards et des cris de la foule qui résonnaient tels un gong dans mon crâne.

-Yuzu, est-ce que tu sais qui je suis ?, demanda-t-il avec inquiétude quand je fus assis.

-Oui Brian, soupirai-je.

-Combien vois-tu de doigts ?

-Trois. Je vais bien, je t’assure. Je peux patiner.

-Hors de question ! C’est déjà un miracle que tu ne sois pas inconscient, je ne vais pas te remettre sur la glace pour des quadruples ! Ta place est à l’hôpital, pas en compétition.

-Je vais bien, je peux patiner !, protestai-je en essayant de ne pas vaciller.

Un type avec une mallette arriva et commença à m’ausculter. Je grimaçai quand il inspecta mon abdomen mais vu qu’il avait mis plus de dix minutes à arriver, la fracture ne se distinguerait pas sans un examen approfondi. Ma tête en revanche, saignait toujours et j’avais de multiples entailles sanguinolentes qui n’aidaient pas à rassurer mon coach. On me banda le crâne et l’abdomen, puis on s’occupa de mes plus petites blessures avec de simples pansements : ça ferait l’affaire pour le moment, mais il faudrait les recoudre le plus vite possible après…

-Brian, laisse moi patiner !

-Pourquoi ?! Tu ne vas réussir qu’à te blesser encore plus, tu veux parier ta carrière sur un Grand Prix ?

-Je vais bien, il faut que j’aille en finale, ça sera à Barcelone et j’ai promis à Javi..

-Il serait le premier à te dire de filer à l'hôpital ! Tu ne vas pas bien Yuzu, tu ne peux pas prétendre que tu vas bien quand le docteur vient de te diagnostiquer une commotion cérébrale !

-Je veux patiner. Je suis un adulte et un professionnel, je connais mon corps et je sais que je peux le faire Brian, s’il te plait…

Le docteur se pencha et expliqua quelque chose au coach qui se tourna vers lui avec colère. Cela m’arracha un sourire.

Ice KingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant