23) Promenade

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Brian et Javi avaient paniqués de façon très exagérée lorsqu'ils avaient découvert que je n'avais pas encore visité Toronto. Pour ma défense, nous étions quand même souvent à l'étranger pour les compétitions et même lorsque nous étions sur place, je n'avais pas vraiment le temps...

Évidemment, Brian avait demandé à Javi de m'emmener faire un tour et celui-ci avait immédiatement accepté, nous menant à vagabonder entre parcs et points de vue de la ville. J'avais voulu refuser mais il avait ramené l'histoire du pari et j'avais décidé que finalement je m'en tirais à bon compte...

-Je n'arrive toujours pas à croire que tu n'as pas eu le temps en plus de trois ans Yuzu... Tu exagères, soupira Javi en traversant une énième rue.

Déjà trois ans qu'on s'entraînait ensemble, un miracle, et le temps était passé à une vitesse folle...

-Je ne suis pas là pour le tourisme...

-Ce n'est pas une raison. Tu as du temps libre en dehors du patinage, alors pourquoi n'en as-tu pas profité ?

-Je n'ai pas de temps libre !, protestai-je. J'ai les cours par correspondance, la danse, la gym, les interviews, les photoshoots...

-Ok, ok, ok... Mais quand même : trois ans...

Il secoua la tête et sortit un plan de la ville, me désignant notre prochaine destination. Son téléphone sonna à ce moment-là et il s'excusa en s'éloignant alors que j'inspectais la carte, assis sur un banc du parc que nous étions en train de traverser.
Je m'y désintéressai cependant rapidement et observai à la place les gens qui passaient dans le parc en m'installant plus confortablement. Il y avait des couples, des enfants qui jouaient, des personnes âgées qui nourrissaient les canards de l'étang de façon totalement illégale...
Un jeune couple de touristes passa en riant, et mon regard glissa sur la main de l'homme qui reposait dans le dos de la femme. Non, aucun rapport.

Quoi qu'on puisse en penser : vraiment aucun rapport.

Je me rassurai en apercevant deux jeunes hommes qui se promenaient en discutant, probablement un peu plus vieux que moi, et trouvai qu'ils nous ressemblaient plus dans leurs attitudes que pour le couple, donc tout allait bien : les européens étaient juste particulièrement tactiles, c'est tout... En tout cas, c'est ce que je pensais jusqu'à ce qu'ils s'embrassent.

Je détournai immédiatement les yeux en me maudissant d'avoir pu trouver une ressemblance. Mais pourquoi y avait-il autant de couples dans ce fichu parc !? C'était une maladie ou quoi ?!...
En plus ça n'avait sûrement aucun rapport avec ma situation, je me faisais des idées, je ne savais juste pas bien reconnaître les manifestations sociales, c'était pour ça.

Javi trouva que c'était le moment idéal pour revenir, expliquant tranquillement que sa famille venait d'appeler et reprenant la carte alors que j'étais dans tous mes états...
Il continua de me faire visiter, mais alors qu'il n'avait absolument rien changé dans son attitude, j'avais les nerfs à vif en moins de quinze minutes. J'avais soudain pris conscience du fait que nous marchions très près l'un de l'autre, qu'il mettait parfois son bras dans le bas de mon dos comme à la patinoire et que le nombre de contacts physiques que nous avions dépassait largement le quota prévu pour de l'amitié... Et que nous faisions ça depuis un bon moment...

Les autres patineurs faisaient souvent des remarques à ce propos mais je n'y avais jamais fait attention, parce que je le prenais comme une simple blague...
Et c'était une simple blague, non ?
Et puis ce n'était pas nouveau, alors ce n'est pas parce qu'un couple ou deux agissaient un tout petit peu comme nous qu'il fallait se poser des questions... C'était ce que je me répétais alors que nous marchions jusqu'à un autre point de vue et que Javi avait de nouveau glissé sa main dans mon dos, m'indiquant différents bâtiments de sa main libre et m'expliquant des choses que je n'imprimais pas.

Ice KingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant