64) Hirouen

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Il y avait définitivement plus d'une centaine d'invités : on était plus proche des deux cents...

-L'adresse pour faire des dons sature tellement il y a de sollicitations. Pour un pays qui vient juste de s'ouvrir, les gens sont vraiment enthousiastes pour donner aux associations LGBT, soupira Javi en observant le jardin se remplir peu à peu depuis le bâtiment.

-Parce qu'ils considèrent ça comme des cadeaux de mariages plus que comme de la charité, expliquai-je en vérifiant la ceinture de mon kimono. On y va ?

Pour toute réponse Javi me tendit la main et on descendit.

-Tu stresses ?, demandai-je en nous arrêtant juste avant la porte qui menait à la foule.

-Comme toi, sourit-il.

-Pas du tout alors...

-C'est ça.

Il m'embrassa puis ouvrit la porte.
Des caméras crépitèrent à plusieurs endroits mais on les ignora et on commença à saluer les gens. Ce n'était pas compliqué ; on nous félicitait, les politiques avaient le droit à leur photo puis nous laissaient tranquilles, les discussions étaient soit courtes soit intéressantes...
Shoma faisait son travail à merveille même s'il ressemblait plus à un ninja qu'à un témoin : il nous avertissait quand un invité important arrivait et le désignait si besoin, puis disparaissait de nouveau. On croisa plusieurs personnes très intéressantes, dont un athlète anglais (un plongeur il me semble) et son mari cinéaste avec qui on discuta un long moment, finissant même par échanger nos numéros. Javi m'avait dit qu'il avait aperçu la mère de Maïa et Alex discuter avec Matsuda san, une pianiste que j'avais rencontré pour un tournage, on avait vu Brian et Tracy (Javi avait insisté pour prendre une photo tout de suite en voyant la tête de notre coach), Johnny était venu s'écraser dans nos bras en pleurant (il avait toujours été sentimental) et en nous disant à quel point il était heureux et fier que tout ce soit aussi bien passé, bref on avait de quoi s'occuper.

La réception touchait à sa fin quand Shoma se matérialisa de nouveau à nos côtés en me tirant la manche avec impatience.

-C'est l'heure Yuzu kun, il faut se préparer, souffla-t-il.

J'acquiesçai et jetai un regard à Javi, sans trop savoir quoi lui dire : à tout à l'heure ? C'était un peu léger... Je dois y aller ? On se voit plus tard ?

-Ne stresse pas Yuzu, Shoma va prendre soin de toi et on se revoit tout de suite, sourit-il.

-À toute suite, marmonnai-je en me laissant entraîner par le plus petit.

Il m'emmena dans une chambre du petit pavillon, me passa rapidement un verre d'eau et fouilla dans les sacs pour trouver le kimono pour la cérémonie, différent de celui pour la réception.

-Je stresse Shoma kun, qu'est-ce que je dois faire ?

-Tu n'as pas à stresser, ce n'est pas comme s'il y avait du suspens. Tu vas te calmer, t'habiller, on va rejoindre l'autel et tu vas dire oui. Simple ! Beaucoup plus simple que les JO.

-Imagine... quelque chose va de travers... si...

-Respire, tout va aller bien Yuzu kun ! Va prendre une douche froide rapidement et calme toi : allez allez, on accélère !

Il me poussa presque jusqu'à la salle de bain et je me déshabillai en soupirant. Je ne devrais pas stresser, il avait raison, mais je sentais que Javi stressait aussi donc j'avais le droit. Il n'y avait rien qui pouvait vraiment aller mal... sauf peut-être une météorite ou un cataclysme, et encore...

-Ça va aller Yuzu kun !, répéta Shoma derrière la porte, frappant des petits coups.

Je souris en rentrant dans la cabine : je n'avais jamais vu Shoma aussi énergique, sauf pour ses programmes mais ça ne comptait pas. En fait il était simplement en mode économie d'énergie la plupart du temps et il n'en sortait que quand il le jugeait utile...
Quand je sortis ma tenue était étalée sur le lit, prête à être enfilée. J'avais pris un hakama blanc, symbole de pureté, jeunesse et d'union, et Javi avait pris un costume normal que je n'avais pas encore vu mais qui était sûrement noir. Je stressais !
Shoma m'aida à enfiler le kimono, tourna autour de moi pour l'ajuster, attacher la ceinture et les divers accessoires, pendant que j'essayai de ne pas hyperventiler : c'était ridicule, il n'y avait vraiment rien à appréhender, je me torturais inutilement...

Ice KingOù les histoires vivent. Découvrez maintenant