Prologue

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Allongée sur son lit d'hôpital, Ambre se rejoue encore l'événement qui l'a anéantie. 

Flashback

-Ambre, nous rentrons à l'hôtel ! Ne rentre pas trop tard ! crie Mary Verreman à sa fille plongée dans l'observation du ciel étoilé.

La jeune fille acquiesce, distraite par la beauté des astres. Elle ne se lassait pas de les contempler, perchée en haut d'un pin sur une colline. En ville, la pollution lumineuse ne lui permettait pas d'admirer ainsi le ciel. Fascinée, elle imaginait l'infinité de l'espace. 

En vacances depuis une semaine, la famille Verreman a décidé de les passer en Italie en Campanie. Loin de la pollution de Paris, ils passaient leurs journées à faire des randonnées somptueuses en bord de mer, à déguster des glaces et à profiter de la nature. Après l'année intense que les parents d'Ambre avaient passé, il ne rêvaient que de prendre du repos. En effet, son père s'était retrouvé au chômage et avait passé des mois avant d'en retrouver un nouveau, bien moins payé que le premier. Sa mère avait fait tourner la maison avec de grandes difficultés, alignant les heures supplémentaires. Ces vacances représentaient un nouveau départ vers une vie plus confortable. Quand à la jeune fille, ces quelques jours en famille constituaient une bouffée d'air frai avant la rentrée au lycée. Ses parents refusaient catégoriquement qu'elle trouve un petit boulot. Sa place était à l'école à chercher sa voie. 

Un vent frai la fit frissonner. La prochaine, il faudrait qu'elle amène une couverture si elle souhaitait rester ici plus longtemps. Mais ce soir-là, ce fut davantage la fatigue que le froid qui la convainc de rejoindre leur hôtel à quinze minutes de marche. D'un mouvement souple, elle se faufila à travers les branches du pin. Quelle heure pouvait-il être ? A l'emplacement de la lune, elle aurait dit minuit. Elle se réjouit de constater qu'à cette heure avancée de la nuit, elle ne risquait pas de croiser quelqu'un. Ambre n'avait jamais été très à l'aise avec les gens. Si elle pouvait éviter un contact qu'elle ne jugeait pas indispensable ou fructueux, elle le faisait volontiers. Elle parvint enfin à la grande route qu'elle avait juste à suivre quelques minutes pour rejoindre l'hôtel. Heureusement car ses paupières se fermaient toutes seules. 

Un bruit la fit se retourner. Peut-être un animal ? Elle reprit sa marche dans l'obscurité. Malgré tout, elle pressa le pas, anxieuse. Intérieurement, elle riait de sa peur sans doute infondée. En pleine nature, il était normal qu'il y ait des bruissements de feuilles ou des cris d'animaux. Ambre était fatiguée, son esprit lui jouait des tours. Un bruit de pas précipités derrière elle la fit se retourner. Cette fois-ci, elle ne pouvait pas mettre ça sur le compte de la fatigue. Elle avait clairement entendu des bruits de pas. Pourtant, la jeune fille avait beau scruter le paysage, elle ne voyait rien d'anormal. Sa respiration s'accéléra et elle se sentait céder à la panique. Une main se posa sur son épaule et une autre sur sa bouche pour l'empêcher de hurler. Les larmes dévalèrent sur ses joues mais Ambre n'osait pas bouger car un métal froid s'était posé sur sa tempe.

-Un mouvement et tu es morte.

La voix était glaciale, dénuée de toutes émotions. Il l'entraîna dans un coin reculé et lui fit respirer une substance âcre. Aussitôt, ses jambes refusèrent de la porter et elle s'écroula au sol, paralysée. Dans le noir, une main commença à la tripoter de toute part. Puis ce fut quelques chose de visqueux. Il la léchait ! Ambre comprit qu'elle avait affaire avec un psychopathe. Ce contact la dégoûtait mais la substance répandue dans ses veines l'empêchait de faire le moindre mouvement ni même de crier. Elle avait l'impression de n'être qu'une masse sans valeur. Un objet dont cet inconnu pouvait se servir à sa guise. Elle luttait contre la paralysie mais il n'y avait rien à faire. L'idée que ce fou mette fin à sa vie après avoir abusé d'elle la terrifiait. Pourtant, d'après sa voix et son manque manifeste de sentiments humains, c'était une issue envisageable. Ses mains trapues glissaient sur ses courbes, lui arrachant à chaque fois un sanglot discret. Enfin, le moment tant redouté arriva. Il fit descendre ses vêtements et... le fit.

Abandonnée sur le sol froid et dur, Ambre ne pouvait qu'attendre le moment où la substance perdrait son effet. L'inconnu était parti dès les premières lueurs de l'aube. Elle était misérable, ainsi nue et en sanglots sur le sol. Son corps de jeune fille était salie. Elle ressentait encore le contact abhorrant de ses mains chaudes sur sa peau pâle. Si Ambre n'était pas aussi faible, elle en aurait vomi d'écœurement. Elle regrettait tellement de n'être pas rentrée plus tôt ! Ce psychopathe n'aurait peut-être pas croisé son chemin. Mais c'était fait, et il était déjà parti, l'abandonnant elle et son sentiment d'être détruite à jamais. Cependant, il avait préparé son coup en possédant déjà la substance paralysante et son arme à feu. Jamais elle n'oublierait cette nuit-là.

Au loin, elle pouvait entendre des sirènes de police et les voix de ses parents, criant son nom. Ambre n'eut pas la force de leur répondre. Elle imaginait ses parents et les autorités la retrouver dénudée, paralysée dans la forêt. Et traumatisée. Son sentiment de honte était juste plus fort que celui de vouloir être entourée de personnes qui ne voulaient que son bien. A quinze ans, elle savait que sa vie innocente était révolue et qu'une nouvelle s'apprêtait à débuter.  

Fin du flashback

Mais d'une certaine manière, même ce genre de traumatisme ne suffit pas à anéantir tout espoir d'une vie heureuse. Cela, Ambre ne le savait pas encore. Il allait bientôt arriver. Les rouages du destin étaient déjà en marche : Romain sortait de sa voiture, observant l'immense hôpital St Claude dans lequel il allait prendre son service en tant que médecin-psychologue.

Aie ConfianceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant