-Bien sûr que je peux tomber malade ! Comme tout le monde ! Sauf que la situation entre nous deux est différente. Ton corps est fragile à cause de toutes ces années enfermées. Tu sais aussi bien que moi que tu attrapes facilement de la fièvre.
Il posa sa main sur son épaule devant sa moue déçue.
-Allez, ne t'en fais pas, nous aurons d'autres occasions de passer de bons moments ensemble.
-Dois-je comprendre que je ne suis pas qu'une simple aventure ? demanda-t-elle la voix tremblante.
Il fronça les sourcils, surpris.
-Comment, c'est ce que tu croyais ? Que j'allais simplement coucher avec toi et t'abandonner ensuite ? Quelle image as-tu donc de moi !?
Elle recula d'un pas, effrayée par son ton dur.
-Non ! Enfin... Tu vois... J'ai du mal à comprendre comment un homme aussi incroyable que toi pourrait s'intéresser à moi, qui ai passé mes années les plus importantes dans un hôpital psychiatrique.
-Je t'en prie, ne pense plus jamais à moi comme à un homme à femmes. Lorsque j'engage une relation, je suis sérieux. Et encore plus avec toi qu'avec n'importe qui, s'écria-t-il en lui prenant les épaules.
-Excuse-moi... J'ai été blessante. Mais essaye de me comprendre ! Je commence à reprendre goût à la vie grâce à toi. Je ne peux m'empêcher de me poser des questions...
Il la prit dans ses bras, regrettant ses dures paroles lorsqu'il vit une larme s'échapper. Il ne devait pas oublier la sensibilité extrême et la fragilité de la jeune femme... Ou il pourrait la perdre à jamais. Comme elle l'avait dit, elle apprenait à nouveau à vivre et elle ne souhaiterait bientôt qu'une chose : saisir enfin son bonheur. Il était prêt à tout pour la garder auprès de lui. Il effleura son visage et sursauta.
-Tu commences déjà à avoir de la fièvre ! Il faut rentrer tout de suite.
Sentant sa tête devenir lourde, elle n'insista pas et se laissa guider par Romain. Elle avait l'habitude des légères fièvres mais elle savait qu'il ne fallait pas attendre trop longtemps au risque que cela ne s'aggrave. Elle frissonna au souvenir de sa dernière maladie qu'elle avait subie au sein de l'hôpital. C'était affreux. Trop faible pour bouger, elle était paralysée avec toutes ces personnes qui tournaient autour d'elle. Ils la terrorisaient à cette époque.
Arrivés à la villa, il l'allongea et demanda à Ève de l'aider à ôter ses vêtements trempés. La jeune femme était frigorifiée. Heureusement, la fièvre n'était pas très élevée. Dès qu'elle ferma les yeux, elle plongea dans un sommeil profond.
Ambre fut réveillée par un fracas énorme. Toutes les lumières étaient éteintes. Paniquée, elle hurla le nom de la seule personne en qui elle avait une confiance aveugle. Romain entra dans la pièce à la volée et vint la prendre dans ses bras. Elle sanglotait, paniquée et ressentant encore les effets de la fièvre. Sa tête lourde lui faisait mal tandis que ses membres tremblaient sans qu'elle ne puisse y faire quoique ce soit.
-La deuxième tempête s'est levée, d'où les fracas que tu as pu entendre, expliqua-t-il. Elle est bien plus forte que la précédente. J'allais venir te réveiller. Nous rassemblons tous le monde au salon du deuxième étage. On y est plus en sécurité.
Comme pour confirmer ses dires, les volets de la chambre tremblèrent. La jeune femme tressaillit de plus belle. La falaise était énorme mais le cyclone également. Se pouvait-il que...
-C'est... C'est le vent ou bien les vagues ?
-Les vagues, dit-il en prenant une grosse couverture de laine et la plaquette de médicaments qui reposait sur la table de chevet.
Il la tira par la main pour la pousser à avancer plus rapidement. Lorsqu'elle trébucha, il la rattrapa avec ses bras puissants.
-N'est-il pas dangereux de rester dans la villa ? s'inquiéta-t-elle.
-Si mais il l'est encore plus d'aller à l'extérieur. Nous avons tenté d'appeler les pompiers pour nous faire évacuer mais la ligne a été coupée avant que nous puissions leur parler.
Il poussa la porte du salon et une armada de visages angoissés se tournèrent vers eux. Certains uniquement inquiets, d'autres davantage hostiles. Beaucoup n'acceptaient pas qu'elle les évite tels des pestiférés. Intimidée, elle se cacha derrière le puissant dos de Romain.
-Ecoutez-moi bien, les menaça-t-il. Le premier qui dit quoique ce soit de désagréable aura affaire à moi !
Le silence se fit aussitôt.
Il l'entraîna dans un coin reculé de la pièce et la couvrit de la couverture. Sa main se posa sur son front pour évaluer sa température.
-Ta fièvre n'est pas encore tombée... Essaye de te reposer, lui tendit-il deux comprimés. Le cyclone finira par se calmer.
Il s'éloigna vérifier l'état des autres patients avant de rejoindre Adam.
-C'est inquiétant. Le vent est vraiment fort et soulève des vagues énormes qui s'écrasent contre la villa, dit celui-ci en jetant un regard inquiet sur la fenêtre qui vibrait.
-Mmm... Je crois que n'avons pas d'autres choix pour l'instant que de rester ici.
Les heures passaient et les éclairs faisaient toujours autant trembler les murs. Le jeune homme surveillait de loin l'état d'Ambre, toujours fiévreuse. Des gouttes de sueur coulaient le long de son front et sa respiration était difficile. Il avait fallu que le cyclone tombe un jour plus tôt... Mais il était vraiment trop dangereux de la ramener dans sa chambre dont la fenêtre risquait de se briser.
Soudain, un bruit de verre survint à l'étage, réveillant les patients en sursaut. Alors qu'Adam et Ève tentaient de calmer les patients paniqués, Romain traversa le couloir avec un mauvais pressentiment. L'eau passait sous les portes, trempant ses chaussures. Il n'eut même pas besoin de pénétrer dans la pièce pour comprendre que ce qu'il redoutait venait d'arriver. L'homme se précipita dans le salon.
-Tout le monde dehors ! hurla-t-il.
Adam l'interrogea du regard.
-Une fenêtre s'est brisée et l'eau envahie la villa ! Je pense que le mur pourrait même s'écrouler sous la force des vagues, lui dit-il tout bas afin de ne pas effrayer davantage les patients qui les fixaient effarés.
Romain souleva Ambre, tremblante. Elle s'accrocha à son tee-shirt, fébrile à cause de la maladie. Tous les autres descendaient déjà les escaliers à la hâte lorsqu'un cri aigu retentit par-dessus le bruit des vagues. Ambre releva la tête.
-Izée ! cria-t-elle.
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Aie Confiance
Romans"-Tu vois, je ne te veux aucun mal." Ce sont ces mots qui déconcertèrent Ambre dans ses convictions. Depuis son agression, Ambre a peur du contact humains et ne parvient à faire confiance à personne. Cette peur qui la dévore l'a rendue inapte à vivr...