Chapitre 28

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La main qui lui caressait la joue était tellement douce qu'Ambre ne sursauta même pas en se réveillant. Le soleil inondait la pièce depuis de longues heures. Combien de temps avait-elle dormi ?

-Bonjour... Je vois que tu as bien dormi, mon cœur, chuchota Romain avec un sourire amusé.

La jeune femme se releva encore ensommeillée. Elle frissonna en voyant ses yeux pâles posés affectueusement sur son visage. Il déposa un tendre baiser sur ses lèvres pleines et rosées. Sa main glissait entre ses longues mèches blondes.

-Dis-moi... Tes cheveux ne te gênent pas ?

Ambre prit le bout d'une mèche et joua avec. Il est vrai que ses cheveux arrivaient au niveau de ses cuisses. Depuis son agression il y a cinq ans, ils n'avaient plus été coupés et les pointes étaient devenues fourchues. 

-Je les attache souvent en chignon mais ce n'est pas pratique pour dormir, admit-elle. A mon admission, je ne supportais aucun contact donc me faire couper les cheveux n'était absolument pas envisageable.

Il hocha la tête, les sourcils froncés.

-Et maintenant ? demanda-t-il d'une voix rassurante. Est-ce que tu serais prête à te les faire couper ? Je pense que Ève pourrait aisément le faire.

Ses yeux s'illuminèrent.

-C'est vrai !? Je ne serais donc pas obligée de me rendre chez le coiffeur ?

Depuis leur arrivée en Bretagne, elle avait souvent songé à se les faire couper mais l'idée de se rendre dans une ville inconnue et qu'un homme armé de ciseaux s'en occupe l'effrayait plus que tout. Quelques heures plus tard, Ambre arborait un carré long parfait. Ève nettoyait ses ciseaux et jeta des mèches blondes d'une quarantaine de centimètres.

-Je te remercie, Ève. C'est parfait.

-C'était un plaisir ! Tes cheveux sont tellement beaux que je pourrais les coiffer toute la journée sans m'en lasser ! 

Elle sortit de la salle de bain et se retrouva face à Romain qui attendait patiemment à l'extérieur.

-Tu peux entrer. Elle est magnifique ! lui fit-elle un clin d'œil.   

Il pénétra lentement dans la pièce. La jeune femme s'observait dans le miroir. Ses cheveux lui arrivait à présent à la hauteur des épaules, dévoilant ses omoplates blanches. Elle se retourna, un sourire timide aux lèvres. Il plaqua la main sur sa bouche pour retenir le grognement désir qui menaçait de s'échapper. Elle ignorait l'effet qu'elle pouvait avoir sur lui.

-C'est étrange... Je n'ai plus l'habitude d'avoir les cheveux aussi courts.

-Ça te va très bien, lui assura-t-il honnêtement. Tu es sublime.

Ses joues rosirent adorablement sous le sincère compliment.

-La deuxième tempête ne doit arriver que demain dans la soirée. Que dirais-tu de m'accompagner quelque part ?

Ambre fronça les sourcils. La dernière fois, il avait rusé pour la faire entrer dans le planétarium. Certes, elle était parvenue à surmonter sa peur du ciel et, même si elle n'était toujours pas à l'aise dans l'obscurité, elle n'avait plus à laisser sa lampe de chevet allumée constamment. Mais elle avait eu affreusement peur. Comme s'il lisait dans ses pensées, il dit :

-Ne t'inquiète pas, je ne te ferai pas le même coup que la dernière fois. J'ai l'intention de te faire découvrir St Malo avant la fin du séjour qui est dans deux semaines. Avec ce temps brumeux, il n'y aura pas beaucoup de monde dans les rues.

-Je... Je ne sais pas. 

Elle rêvait de découvrir cette ville réputée pour avoir un charme fou. Mais se confronter à la foule la terrorisait. Il s'agenouilla à ses côtés et tint ses mains pour les empêcher de trembler.

-Je ne te quitterai pas. Montre-moi que tu en es capable, chuchota-t-il au creux de son oreille.

Le surprenant par un baiser spontané, elle leva ses yeux noisettes sur lui.

-On y va.

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Ambre avait fait un ourlet avec le tissu de son jean moulant afin de tremper ses pieds dans l'eau sans l'éclabousser. Comme l'avait prévu Romain, la plage était vide de monde en raison des fines gouttes de pluie glaçantes. Mais cela n'empêchait pas Ambre de sauter de rocher en rocher et de goûter à l'eau fraîche de la mer sous les regards attendris de l'homme. 

Davantage que les boutiques, c'était la plage vers laquelle elle avait voulu se diriger. A sa demande, il s'approcha du bord de l'eau. Son sourire l'hypnotisait. Pour la première fois, il la voyait simplement profiter de la vie. Mais il revint bien vite sur terre lorsqu'elle l'aspergea d'eau en éclatant de rire.

-Alors comme ça mademoiselle, vous désirez jouer, murmura-t-il avec calme. 

-En fait, tu avais l'air d'avoir chaud. Ton visage était tout rouge. J'en ai donc profité pour te rafraîchir ! dit-elle d'un ton faussement innocent.

Avec un grand sourire malicieux, il la fit basculer astucieusement de manière à la retenir à cinq centimètres de l'eau. Il approcha son visage, ce qui la fit rougir à son tour. Elle pria pour qu'il n'entende pas son cœur battre la chamade. 

-On dirait que c'est à ton tour de devoir être rafraîchie, mon cœur.

Elle s'agrippa de toutes ses forces aux manches de son tee-shirt. Puis tira sur sa cheville ce qui le déséquilibra. En un tour de main, elle échappa à son emprise et le fit basculer dans la mer glacée. Sa surprise se dépeint sur son visage et elle éclata d'un rire joyeux.

-On dirait que tu as plus d'un tour dans ton sac mais que dis-tu de ça ?

En faisant mine de lui tendre la main pour qu'elle l'aide à se relever, il l'attira à lui dans un grand bruit d'eau. Plaquée contre son torse, l'eau glacée s'infiltrait à travers ses vêtements. Ce qui ne l'empêcha pas de le surprendre en éclatant de rire lorsqu'une vague vint les surprendre et qu'elle but la tasse. Son rire communicatif et spontané ne tarda pas à toucher Romain. Ils s'éclaboussèrent ainsi jusqu'à ce qu'Ambre n'éternue, alarmant l'homme.

-Ça suffit, tu vas tomber malade... L'eau est glacée. C'est peut-être l'été mais la tempête ne va pas tarder. 

Il la souleva pour la reposer sur le sable humide et déposa sa veste sur ses épaule.

-Tout va bien, je ne suis pas en sucre ! s'insurgea-t-elle. Et toi, ne risques-tu pas non plus de tomber malade ?

Il éclata de rire, à sa stupéfaction.


Aie ConfianceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant