Les jours avaient passé. Le départ de la villa avait dû être avancé et tous les patients, dès le lendemain soir, retrouvaient leur petite chambre stérilisée de l'hôpital St Claude. Ils avaient retrouvé le papier rêche de leur blouse bleue et les médecins la leur.La plupart n'étaient que légèrement choqués, au grand soulagement du personnel soignant.
Romain s'en était voulu de n'avoir pu rester aux côtés d'Ève et de Jack pour surmonter la destruction de leur villa. Heureusement, ceux-ci possédaient une autre maison dans laquelle ils pourraient emménager le temps des travaux. L'hôpital avait même accepté de contribuer financièrement, ce qui arrangeait grandement leurs affaires.
"Le docteur Perret est demandé dans le bureau du professeur Léonard" annonça la voix mécanique dans le haut-parleur.
Avec regret, Romain quitta le chevet de la jeune Ambre endormie non sans caresser une dernière fois sa joue chaude. Celle-ci ne s'était réveillée brièvement qu'une fois depuis le cyclone il y a trois jours. Épuisée par la fièvre, son rétablissement avait demandé plus de temps que pour les autres patients.
Le voyage était fini. Romain devait maintenant prendre une décision. Car Ambre était enfin prête à se confronter à la société.
Il toqua à la porte et attendit l'autorisation du professeur pour entrer. Un sourire chaleureux s'étira sur le visage du vieil homme. Depuis leur retour à l'hôpital, il n'avait eu le temps d'aller le saluer.
-Bonjour, ravi de vous voir en seul morceau après cet accident aussi regrettable qu'improbable, dit-il avec une poignée de main. Il paraît que vous avez bien su gérer la situation pourtant difficile et je tenais à vous remercier. De plus, votre idée semble avoir fait ses preuves !
-En effet, les résultats sont incroyables. Je peux vous affirmer que neuf sur onze patients sont aptes à sortir de cet hôpital.
-Vous m'en voyez ravi. Mais...
Il fronça les sourcils.
-Qu'en est-il d'Ambre Verreman ? Elle était le cas le plus préoccupant.
-Elle a fait des progrès phénoménaux. Même si elle reste fragile physiquement à cause de ces années enfermées, elle peut sortir.
Une lueur de bonheur traversa le regard de son supérieur. Rien n'était plus beau que de voir un patient enfin guéri. En particulier lorsqu'il s'agissait d'une jeune femme qui avait passé son adolescence dans la terreur, clouée dans une chambre d'hôpital psychiatrique. On peut rêver mieux comme jeunesse...Un cas diagnostiqué désespéré. Ce jeune homme avait fait un miracle.
Romain lui tendit une liasse de papiers.
-Voici mon rapport écrit pour chacun des patients.
-Oh, vous êtes rapide ! dit-il surpris. Vous pouviez me le rendre que lundi.
-J'avais besoin de m'occuper l'esprit...
Le regard perdu dans le carrelage blanc mais une image séduisante du visage endormi d'Ambre en tête, il n'entendit qu'un peu plus tard l'interpellation du professeur. Il semblait amusé.
-A quoi pensez-vous ?
-Excusez-moi, je sais qu'un médecin ne doit pas se déconcentrer, dit-il penaud.
Voilà qu'il perdait complètement la boule. Que lui arrivait-il ? C'était la première fois qu'il n'était pas impliqué à son maximum dans son travail, bien trop préoccupé par la santé d'Ambre.
-N'y aurait-il pas une femme derrière expression perdue ? rit-il. Ne vous inquiétez pas, tout le monde a déjà vécu ça. Tant que votre travail n'en pâtit pas, je vous souhaite d'être heureux, contourna-t-il son bureau avec un sourire bienveillant.
Romain baissa la tête, décontenancé, avant de quitter le bureau du professeur. Claire vint à sa rencontre précipitamment.
-Mademoiselle Verreman est réveillée ! Elle vous réclame ! C'est incroyable, comment avez-vous fait pour qu'elle surmonte sa peur ? Jamais je ne l'avais entendu me parler autrement que par des cris et des supplications ! s'écria-t-elle, excitée comme une puce.
Il éclata de rire, heureux de constater une bonne fois pour toute sa guérison. Il resterait toujours des cicatrices à la jeune femme mais avec le temps et son aide, elle saurait les panser. Il s'empressa d'aller la retrouver et frissonna en voyant son doux sourire. "Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort." Jamais ce dicton ne lui avait parut aussi vrai qu'en cet instant.
Claire regardait toujours la jeune femme avec des yeux ronds. Quelle transformation ! Mais elle ne pouvait que s'en réjouir. Elle pourrait enfin vivre sa vie après tant d'années perdues. Et quelque chose lui disait que son collègue voyait en Ambre autre chose qu'une simple patiente. Elle tourna les talons, leur laissant de l'intimité.
Romain essuya une larme sur la joue d'Ambre.
-Nous... Nous sommes de retour à l'hôpital St Claude ? Que s'est-il passé ? questionna-t-elle, perdue.
-Après le cyclone, j'ai décidé qu'il valait mieux que nous rentrions. Il ne restait de toute manière que quatre jours avant le grand départ. Tu es restée trois jours endormie à cause de la fièvre. D'ailleurs, je vais avoir besoin de faire un dernier examen physique, dit-il inquiet.
Elle fronça le sourcils tandis qu'il prenait ses fins poignets entre ses mains calleuses.
-Pourquoi "dernier" ?
-Car tu es prête.
-Attend, je ne comprend pas, dit-elle la voix tremblante. Prête à quoi ?
-A sortir de cet hôpital. A vivre ta vie.
Elle s'écarta vivement de lui, frissonnante.
-Tu... m'abandonnes ?
Son sourire s'élargit, moqueur.
-Qui a dit que j'allais sortir de ta vie aussi facilement ? Je te l'ai déjà dit : jamais je ne te laisserai. Tu devras me supporter jusqu'à la fin ! fit-il avec un clin d'œil.
La jeune femme, n'y tenant plus, se jeta contre son torse et savoura ces bras puissants l'entourer. Les larmes ruisselaient sur ses joues.
-Je t'aime, Romain, chuchota Ambre.
-Et moi aussi, prononça-t-il de sa voix chaude si troublante. Tu sortiras après-demain.
Il posa sa main sur son front, plus tendrement qu'un geste uniquement professionnel. La jeune femme rougit, troublée par chacun de ses contacts.
-Tu es encore un peu chaude. Je vais faire l'examen maintenant.
Une fois l'examination achevée et l'homme rassuré, il passa sa main sous la blouse d'Ambre, savourant la douceur nacrée de sa cuisse. Il soupira de désir tandis que la jeune femme gloussait.
-Est-ce que ça fait vraiment parti du protocole ? Je ne suis pas sûre... dit-elle espièglement.
Il jeta un regard à ses beaux yeux rieurs, s'efforçant de garder un air sérieux.
-Nous passons à un examen gynécologique, mademoiselle.
Elle éclata d'un rire cristallin qui le fit fondre. Ils jouèrent ainsi jusqu'à ce que son visage pâle devienne fermé.
-Que se passe-t-il, mon cœur ? Tu te sens mal ? demanda-t-il alarmé.
-Non. C'est juste... J'ai une faveur à te demander.
Il attendit patiemment qu'elle s'explique.
-J'aimerais me rendre sur la tombe de mes parents.
VOUS LISEZ
Aie Confiance
Romance"-Tu vois, je ne te veux aucun mal." Ce sont ces mots qui déconcertèrent Ambre dans ses convictions. Depuis son agression, Ambre a peur du contact humains et ne parvient à faire confiance à personne. Cette peur qui la dévore l'a rendue inapte à vivr...