Ambre secoua la tête négativement. Ses yeux luisaient de panique. Une fois reposée, elle avait de nouveau refusé le contact physique de Romain. Il pouvait seulement s'approcher mais elle paniquait lorsqu'il la touchait. Sa place de prédilection semblait toujours être le sol auprès du mur.
-Nous partons dans un mois donc tu as encore le temps de te faire à l'idée. Ne t'inquiète pas, tu ne risqueras rien. Seuls quelques patients seront présents. Je serai présent ainsi que d'autres encadrants.
-Là n'est pas la question, je refuse de partir vers l'inconnu, dit-elle sèchement.
Romain fronça les sourcils devant son expression apeurée. Il devait la convaincre à tout prix. Sa guérison en dépendait.
-Nous ne te laissons pas le choix. Ta réaction est légitime mais c'est une étape importante de ta thérapie. Tu veux guérir, n'est-ce pas ?
-Je ne pourrai pas, j'ai trop peur...
La jeune femme ramena ses genoux contre elle, en proie à des spasmes nerveux. En se balançait d'avant en arrière pour gérer les sensations physiques de sa peur dévorante. Romain devait impérativement la calmer s'il voulait lui éviter une crise d'angoisse.
-Tout va bien, vous ne risquez rien. Personne ne va vous faire de mal. Je suis là... Vous pouvez me faire confiance. Je ne vous forcerai pas à sortir ou quoique ce soit. Si vous désirez demeurer dans votre chambre à la villa, c'est votre choix.
Il caressait son dos du plat de sa main pour l'aider à réguler sa respiration. Elle avait beau avoir une angoisse terrible de tout contact, Ambre ne réagissait pas normalement en cet instant. Son comportement était guidé par son épouvante.
-Ambre, regardez-moi.
Elle leva timidement un regard plein de larmes. Comment faisait-elle pour être aussi mignonne en pleine détresse ? Romain s'en voulait de la forcer à se lancer aveuglément mais il ne pouvait plus l'aider davantage dans cette pièce. Il fallait qu'elle accepte de lui montrer d'autres parts d'elle-même pour agir au mieux et la faire avancer. Ambre pouvait guérir mais la sortir de sa bulle qui la retient prisonnière était primordial. La jeune femme le suppliait du regard de ne pas l'emmener, de renoncer à ce voyage en terre inconnue. En retour, il lui intima de lui faire confiance.
-Tout ira bien, je vous en fais la promesse.
Lentement, il s'avança pour déposer un baiser sur son front. Et voilà, il n'avait pas su se retenir. Mais la voir pleurer ainsi avait provoqué en lui un désir foudroyant. Ambre l'attirait irrévocablement et la voir souffrir le blessait. Il ferait tout pour l'aider. Il la délivrerait de ses démons intérieurs. Pour elle. Pour lui. Un jour, il la ferait sienne, se promit-il solennellement. Il rêvait de tenir entre ses bras son corps menu, de sentir ses cheveux chatouiller son visage, d'accueillir ses lèvres rosées contre les siennes. Romain savoura cet instant, sachant qu'il n'allait pas durer dans l'immédiat. Il s'attendait à recevoir une réaction virulente de la jeune femme mais elle resta immobile. Mieux encore, ses larmes cessèrent et elle posa sa tête contre la poitrine de Romain, les yeux clos.
Envahie par sa peur, Ambre n'espérait qu'une chose, qu'il lui annonce qu'il renonçait à ce voyage. La Bretagne, en pleine nature... Ne pouvait-il pas comprendre qu'étant brisée de l'intérieur, l'idée de partir la terrorisait ? Entre le vide qu'elle ressentait dans sa petite chambre d'hôpital et la peur constante qu'elle aurait probablement à subir là-bas, Ambre préférait largement la première sensation. De plus, la nature lui rappelait tellement de souvenirs... L'Italie.
La main chaude de Romain lui frottait le dos tellement tendrement qu'elle renonça à la repousser. Reconnaissable entre toutes, la chaleur de cet homme en apparence effrayant l'apaisait. Le baiser, d'une douceur inégalable ne fit que confirmer ce qu'elle venait de comprendre : cet homme ne lui ferait jamais de mal. Elle pouvait enfin se reposer sur quelqu'un. Sa tête appuyée contre son torse, elle se laissa aller vers le sommeil qui ne l'avait pas approchée depuis des mois.
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Un mois plus tard.
Le mini-bus s'arrêta enfin sur un parking recouvert de gravier, face à une somptueuse demeure. Même à travers les vitres teintées, on pouvait entendre le bruit de ma mer s'échouer contre la falaise. Le soleil brillait, même si Ambre évitait de regarder le ciel car celui-ci lui rappelait bien trop son admiration passée envers l'univers au-dessus de leur tête. Celui qui avait précipité son agression. Ce si beau temps était extrêmement rare pour la Bretagne. Aussi, les neuf autres patients se précipitèrent hors du bus, ravis de pouvoir enfin se dégourdir les jambes et excités de découvrir la magnifique villa dans laquelle ils allaient passer les prochains mois. Les médecins et infirmiers, ravis de voir leurs patients en si bonne forme descendirent chercher les valises. Seule Ambre, réfugiée au fond du bus pour éviter les autres, restait pétrifiée à l'intérieur. Elle ne parviendrait jamais à descendre... Elle les observa rencontrer leurs hôtes : une jeune femme et un homme semblant légèrement plus vieux qu'elle. Cachée derrière eux, une fillette de quatre ou cinq ans saluait tous ces inconnus timidement. Puis Romain, ayant remarqué son absence, remonta dans le bus.
-Eh bien, Ambre ? Pourquoi ne viens-tu pas ? feint-il la surprise.
Bien entendu, il n'avait pas besoin qu'elle lui réponde car il connaissait déjà la vérité. La nouveauté la terrifiait ; une foule de personnes l'entourait ; par politesse, elle devrait saluer leurs hôtes ; pour une raison toujours inconnue, le ciel l'épouvantait... Romain espérait simplement qu'elle lui parlerait davantage de ses ressentis.
-Je veux rentrer... dit-elle paniquée en surveillant constamment les alentours, loin d'être tranquille.
Échec. Total. Il s'assit auprès d'elle. A défaut d'un mur, elle était recroquevillée sur son siège et contre la paroi du bus. Un éclat de rire retentit à l'extérieur et elle se plaqua les mains sur les oreilles.
-C'est impossible, tu le sais. Il faudra bien que tu sortes un jour de ce bus. Je veux bien que tu attendes un peu pour te préparer mentalement mais après... Je sais que c'est dur mais tu t'habitueras. Les premières semaines seront les plus difficiles. Ça ira mieux ensuite, tenta-t-il vainement de la rassurer.
Il se leva pour la laisser seule, pensant qu'elle le lui demanderait de toute manière. Souvent, après une discussion ou un contact éprouvant, elle semblait avoir besoin de reprendre son souffle en restant seule de longues heures. Mais ici, cela lui était impossible. Pourvu qu'il n'ait pas fait une erreur monumentale en l'emmenant... Était-il possible que ce voyage la traumatise plus qu'autre chose ? Il n'avait jamais douté de ses méthodes atypiques qui portaient toujours leurs fruits. Mais concernant Ambre, toutes ses certitudes s'envolaient. Soudain, une petite main attrapa son tee-shirt.
-Aide-moi. Je ne peux pas y arriver seule.
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Aie Confiance
Romance"-Tu vois, je ne te veux aucun mal." Ce sont ces mots qui déconcertèrent Ambre dans ses convictions. Depuis son agression, Ambre a peur du contact humains et ne parvient à faire confiance à personne. Cette peur qui la dévore l'a rendue inapte à vivr...