Chapitre 36

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La sonnette retentit et Ambre se leva difficilement. Les nausées la prenaient toutes les heures et elle regrettait que Romain ne soit pas à ses côtés. Une femme parfaitement maquillée et aux cheveux blonds apparut dans l'encadrement. 

-Bonjour, madame Perret. Je suis Catherine Roger, vous avez fait appel à mes services en tant que décoratrice d'intérieur, dit-elle en lui serrant la main.

-Oui, bien sûr, je vous en prie.

Ambre s'effaça pour la laisser entrer. Romain avait été clair : elle devait se reposer, ce qui ne lui permettait pas d'assurer entièrement la mise en place de la chambre d'enfant. C'est lui qui avait insisté pour qu'elle se fasse aider. Elle la guida jusqu'à la pièce et commença à lui expliquer de quelle manière elle voyait l'agencement de la pièce.

-J'aimerais que le lit soit dans ce coin et l'étagère ici...

-Je ne sais pas si c'est une très bonne idée, la coupa sèchement Catherine. Vous savez, le lit que vous avez choisi est très mignon mais n'assure pas une bonne sécurité à votre enfant.

-Il a une barrière de protection, je vois mal comment il pourrait ne pas être adapté, répondit Ambre, légèrement froissée. 

-Vous avez demandé mes conseils, je ne fais que mon travail, dit-elle d'un air faussement innocent.

Ambre réprima un soupir de frustration. Cette femme était d'une arrogance sans nom et elle n'argumentait même pas ses dires. Elle avait vu tous les plans avec Romain qui lui avait assuré que son travail alliait à merveille sécurité et esthétique. Catherine lui parlait comme si elle avait une raison de lui en vouloir. Mais elle n'avait pas la force ni l'envie de rechercher un autre décorateur d'intérieur. Le temps lui manquait.

-Ecoutez, je n'ai pas besoin de conseils pour le lit mais pour les décorations murales. Si, comme vous dites, vous faites votre travail, alors montrez-moi vos propositions. 

Sans un mot, Catherine retourna à la table du salon et plaqua sur la surface de bois une dizaine de feuilles. Les propositions étaient plus catastrophiques les unes que les autres. Des murs aux couleurs kakis, des peintures avec des femmes dénudées en sang... Cette femme était complètement folle ! Ambre retint une nausée qui montait.

-C'est une plaisanterie ! s'exclama-t-elle furieuse et ébranlée. 

-J'étais pourtant certaine que ça vous plairez... à la hauteur de votre personne, dit-elle une lueur étrange dans le regard.

Ambre réprima la remarque acerbe qui lui venait en tête. Elle allait la jeter en dehors de l'appartement lorsque celle-ci sortit une nouvelle pile de feuilles. Les propositions étaient cette fois-ci exactement ce qu'elle attendait, voire même supérieures à ses attentes. Des couleurs pâles avec de mignonnes fresques. C'était parfait.

-Je vois à votre expression que ceci vous plaît davantage, remarqua Catherine.

-Pourquoi ne m'avez-vous pas montré ces feuilles plus tôt ? grogna Ambre.

-Dois-je en conclure que je peux commencer rapidement les travaux avec mon équipes ?

-Cela va sans dire... murmura-t-elle les yeux rivés sur la feuille, toujours mécontente de l'attitude déplacée de la femme. Mais pourriez-vous rester encore quelques minutes ? J'aimerais que mon mari voit en personne les projets...

A la mention du mot "mari", Ambre vit un éclat de fureur dans les yeux bleus de la femme. Mais il disparût si rapidement qu'elle crut avoir rêvé. Elle ramassa précipitamment ses affaires, soudain paniquée.

-Non, je suis désolée, on m'attend autre part. Je vous recontacte plus tard.

-Mais...

-N'insistez pas, je dois partir.

Elle claqua la porte, laissant Ambre seule dans le salon, encore ébahie de son départ si soudain. Mais elle n'eut le temps d'y réfléchir qu'une voix qu'elle connaissait bien résonna. Romain déposa un baiser fougueux sur ses lèvres avant de prendre des nouvelles de leur enfant.

-Eh bien... Je suppose que tout va bien. Il donne parfois des coups de pied.

-Vraiment ! s'exclama-t-il. Et tu attendais quel moment pour me le dire ?

Elle sourit devant son sermon. Ambre commençait à en avoir l'habitude.

-Les premiers coups n'ont eu lieu qu'aujourd'hui.

L'homme se figea devant l'expression de sa jeune femme. Figée et le regard fuyant, elle tentait de paraître enjouée mais le cœur n'y était visiblement pas. Son teint était pâle et elle paraissait préoccupée. Il la poussa jusqu'au canapé et la força à s'asseoir. Il s'agenouilla devant elle, ses mains dans les siennes.

-Mon cœur, que se passe-t-il ? demanda-t-il résolument.

-C'est la décoratrice d'intérieur.

-Ah oui, tu devais la rencontrer aujourd'hui, n'est-ce pas ? fronça-t-il les sourcils.

-En effet. Elle m'a parue très étrange. Ses propos étaient... déplacés. Quant à ses propositions, je ne sais qu'en penser. Au début, elle m'a montrée des horreurs : des peintures de femmes en train de se faire violer... 

Sa voix se brisa et elle passa une main sur son front, tentant de reprendre contenance. Elle blêmit davantage en revoyant ces images. Il déposa un baiser sur sa tempe, ne sachant que trop bien tous les souvenirs que ces peintures avaient dû faire remonter. Cette femme était complètement folle ! Des images déjà choquantes pour des adultes, les mettre dans une chambre d'enfant ? Il secoua la tête, furieux.

-Mais après, elle m'a montrée une chambre juste... magnifique. C'était même mieux que ce que j'imaginais. Et quand je lui ai demandé de rester une minute de plus pour que tu puisses la rencontrer, elle s'est littéralement enfuie !

Il resta silencieux un long moment. Son comportement était en effet plus qu'étrange.  

-Ecoute, reprit-il, on va faire une sorte de période à l'essai. Si son travail est bien fait et qu'elle ne te met plus mal-à-l'aise, elle achève les travaux. Dans le cas contraire, j'exige que tu la mettes à la porte immédiatement. Je refuse que tu te tracasses pour cette histoire de chambre. Votre santé à toi et au bébé est infiniment plus importante que des décorations murales.

Elle acquiesça, encore inquiète et perdue.

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-Est-ce que tu m'as bien comprise, Luc ? Je veux que tu séduises cette femme, et ce par tous les moyens.

Elle brandit une photo et l'homme s'empressa de l'examiner. Il jeta sur elle un regard suspicieux.

-Et qu'est-ce qui me prouve que j'aurai bien l'argent que tu me dois ?

Elle éclata d'un rire sans joie et lui jeta une liasse de billets.

-Cinq cent euros, l'informa-t-elle devant son expression ébahie. Et tu auras le reste de l'argent une fois que j'aurai obtenu ce que je veux...


Aie ConfianceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant