Chapitre 35

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-Eh bien, moi qui croyais que tu serais heureux de me revoir, je suis un peu surprise... minauda-t-elle.

Romain lui saisit le poignet et le serra si fort qu'elle grimaça.

-Il me semblait t'avoir dit de ne plus jamais te présenter à moi, siffla-t-il.

Ses yeux noirs la foudroyaient du regard. L'objet de ses cauchemars, de sa haine qui ne cessait d'augmenter avec la années, lui faisait face un nouvelle fois. Aurélia, même si seulement quelques années s'étaient passées, semblait avoir pris dix ans. Son sourire lui faisait horreur. Comment osait-elle revenir vers lui après ses actes ? 

-Ne me dis pas que tu m'en veux encore ! dit-elle innocemment en retrouvant son attitude séductrice.

Il eut un rire qui lui glaça le sang.

-Que c'est amusant ! Il se trouve que si ! Je te conseille de dégager de ma vue immédiatement si tu ne veux pas te retrouver encastrée dans le mur... murmura-t-il en s'approchant de son oreille. 

L'homme la repoussa si fort qu'elle tomba à terre. D'abord surprise, elle revint à l'attaque la seconde suivante. Romain respirait fortement, tentant de contenir toute sa fureur en lui et qui menaçait de sortir à tout moment. Il se faisait peur à lui-même. S'il ne se retenait pas, il y avait de grandes chances qu'il ne perde son calme et l'assène de coups jusqu'à sa mort. Comment avait-il pu ne pas se rendre de son petit jeu plus tôt ? Tout dans son attitude paraissait faux : de son sourire jusqu'à ses yeux de biches. Devant son expression effrayée, il se retint de jubiler. Qu'il aurait voulu la voir à terre, baignant dans son sang... Mais il pensait à Ambre. Pour elle, il devrait se contenir. 

Aurélia faillit abandonner son plan et prendre la fuite devant la colère de l'homme. Jamais elle ne l'avait vu ainsi. Aucun doute : il était capable de la tuer. Elle avança cependant dans sa direction en faisant son sourire le plus sensuel. Elle n'avait plus rien à perdre, seulement une vengeance à mener. 

-Il se trouve que je suis ici pour m'excuser. Il y a quelques années, je ne me rendais pas compte de la personne à côté de qui j'étais en train de passer. J'ai quitté mon copain et je suis revenue pour toi, expliqua-t-elle. J'aimerais qu'on recommence tout dep...

Soudain, elle se retrouva plaquée au mur. La main puissante de Romain écrasait son cou, l'empêchant de respirer. Ses yeux la transpercèrent.

-Arrête ton cirque. Croyais-tu vraiment pouvoir me récupérer aussi facilement ? Que j'allais encore me faire avoir comme la marionnette que j'ai été à l'époque ? 

Romain voyait clair dans son jeu. Ses paroles sonnaient faux, elle mentait. Sa main était partie toute seule, sans qu'il ne puisse la retenir. De ses frêles bras, elle tentait de le faire relâcher la pression contre son cou. Le sang lui montait à la tête, elle suffoquait et lui jubilait. Juste avant qu'elle ne s'évanouisse, il la laisser tomber au sol. Elle toussa, les mains posées sur sa poitrine.

-Dégage de ma vue immédiatement, petite sotte... chuchota-t-il d'un ton glacial.

Aurélia ne perdit pas de temps et s'échappa en dehors de la petite salle. Visiblement, il était bien moins naïf qu'à l'époque. Mais peu importait. Si elle ne pouvait l'atteindre directement, elle le ferait à travers la personne qui lui était la plus chère...

Ambre observait la pièce qui bientôt ferait office de chambre à son enfant. Elle posa une main sur ventre gonflé, soudainement émue. En entendant la porte claquer, elle se précipita dans le hall de l'appartement, heureuse de retrouver Romain après une journée seule. Mais il passa devant elle sans s'arrêter et balança son sac à travers la pièce, laissant les feuilles s'éparpiller au sol.

-Romain, qu'est-ce qui ne va pas ? s'inquiéta-t-elle.

En entendant sa voix douce, ce fut comme un électrochoc. Il l'enserra dans ses bras comme si sa vie en dépendait. C'était peut-être d'ailleurs le cas... Surprise, elle l'enveloppa ensuite à son tour, caressant son dos en signe de réconfort. Son corps était si frêle qu'il avait peur de la briser.

-Que s'est-il passé ? 

-Rien... J'ai juste passé une mauvaise journée.

Elle se retira de ses bras musclés, les sourcils froncés. Elle passa sa main sur sa joue avant qu'il ne la saisisse pour l'embrasser.

-Tu ne serais pas dans cet état si ce n'était que ça, insista-t-elle. Ne me mens pas. Tu me supplies de te parler mais ça doit aller dans les deux sens. Alors ?

Romain ne pouvait pas lui en parler. Sa grossesse était déjà difficile, inutile qu'elle s'inquiète en plus pour lui. 

-Je ne te mens pas : j'ai juste été très occupé.

Il lui fit un sourire qu'il espérait franc. Elle se détourna de lui et il vit dans son regard qu'elle ne le croyait pas. Il frappa soudain dans ses mains, déterminé à retrouver sa bonne humeur. Il la fit s'asseoir à table alors qu'il s'affairait en cuisine. Le médecin avait été clair sur sa stature trop frêle.

-Que prépares-tu ? demanda-t-elle en jetant un coup d'œil par-dessus son épaule. 

Mais son dos trop large l'empêcha d'apercevoir quoique ce soit.

-C'est une surprise. Va t'asseoir tout de suite avant que je ne me fâche. De toute façon, tu ne verras rien, tu es trop petite, la charria-t-il avec un sourire.

-Dis donc ! Qui traites-tu de petite !? s'offusqua-t-elle se retenant de rire.

Avec un petite moue qui fit fondre Romain, elle retourna sur sa chaise. Elle observa son dos pensivement. Son tee-shirt moulait ses muscles et chacun de ses mouvements les mettait en valeur. Un bouffée de désir l'envahit. Mon dieu, combien de femmes avaient dû tomber sous son charme ? Hormis l'histoire entre lui et Aurélia, elle ne connaissait rien de sa vie passée amoureuse. Il savait tout d'elle. Quand se déciderait-il à lui parler en toute confiance ? Était-ce pour la protéger qu'il ne lui avait rien dit ce soir-là ou parce qu'il doutait d'elle ? Beaucoup de questions sans réponse... Il déposa une assiette remplie de polenta avec de gros morceaux de fromage qui fondaient sur le dessus. Elle le regarda avec des yeux ronds.

-Mais je ne vais jamais pouvoir manger tout ça ! Il y en a beaucoup trop ! 

Il déposa un baiser sur une parcelle sensible de son cou, la faisant se cambrer.

-Il faut manger pour deux. Tu as intérêt à tout dévorer sinon je me ferai un plaisir de te dévorer à la place...

Aie ConfianceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant