Depuis plus de quatre heures, Romain tournait en rond dans le couloir de l'hôpital. Sa femme était en salle d'opération et il n'avait aucune nouvelle d'elle ni du bébé. La panique le prenait à l'estomac, tellement forte qu'elle lui donnait des nausées. Ambre avait fait une fausse couche. Ses chances de survie étaient faibles. Celles de leur enfant quasiment nulles. Les minutes passaient terriblement lentement. Il s'assit, puis se releva presque immédiatement, incapable de rester calme. D'ordinaire, c'était lui qui rassurait les proches d'un patient. Aujourd'hui, les infirmières venaient régulièrement le rassurer, en vain. Ambre ne pouvait mourir ! Elle lui avait déjà démontré à de nombreuses reprises sa force.
Un médecin était venu il y a une dizaine de minutes, exigeant savoir qui, du bébé ou de la mère, ils devraient sauver si la situation venait à dégénérer. Même si cela lui avait terriblement coûter de l'admettre, son choix s'était immédiatement porté sur Ambre. Elle devait vivre. Pour elle. Pour lui.
Cela faisait-il de lui un monstre ? Oui. Il venait tout de même de condamner de plein gré son enfant. Était-ce égoïste ? Sans doute. Avait-il pris la bonne décision ? Oui. Ambre aurait préféré laisser sa vie pour sauver celle de son bébé mais il ne pouvait consentir à la laisser s'en aller sans qu'elle n'ait goûté au réel bonheur.
Son choix le minait. Une larme coula sur sa joue, suivie de sanglots. Il se rassit, se releva. Puis se laisser tomber au sol contre le mur. Dans une position semblable à celle d'Ambre lors de leur première rencontre. Il se prit la tête, en proie à des émotions qui le surpassaient. La peur le consumait.
Les heures s'écoulaient.
La porte s'ouvrit enfin sur le chirurgien. Les traits tirés, il retira son masque et ses gants de plastique. Romain s'avança, ne sachant s'il désirait vraiment connaître l'issue de l'opération.
-Votre femme est hors de danger. Son cœur s'est arrêté à deux reprises et elle a fait une hémorragie interne. Mais elle a tenu bon. Nous lui avons retirée la balle logée dans son épaule. Malgré les douleurs dans le bras et dans le bas-ventre qu'elle devra supporter un moment, tout devrait bien se passer à présent.
Il défaillit de soulagement, ne cherchant plus à retenir ses larmes.
-...Et notre enfant ? souffla-t-il, redoutant la réponse.
-Là est le plus surprenant. Nous avons dû faire une césarienne de toute urgence. Il a largement dépassé le délai de dix minutes durant lequel les nouveau-nés poussent généralement leur premier cri. Il a commencé à respirer au bout de vingt-cinq minutes. C'est un miracle.
-Il... Il est vivant ?
-Elle ! le corrigea-t-il. C'est une ravissante fille ! Mes félicitations ! Vous pourrez aller la voir dans un quart d'heure, une infirmière vous appellera. Quant à votre femme, on vous préviendra dès qu'elle sera éveillée. Elle a besoin de repos et de soins appropriés, expliqua-t-il.
Ne laissant le temps à Romain de le remercier, le chirurgien partit rapidement, appelé dans un autre service. Une infirmière vint le chercher pour l'emmener auprès de son enfant. Avec émotion, il s'approcha du minuscule lit sur lequel reposait sa fille. Lavée et habillée, elle était juste magnifique. Son petit nez en trompette la rendait d'autant plus mignonne. Ses cheveux blonds ressemblaient à ceux de sa mère. Lorsqu'elle ouvrit ses yeux en baillant, il sourit en remarquant des iris noirs comme le charbon. L'infirmière la déposa dans ses bras. "Si légère" pensa-t-il. L'enfant lui donna un petit coup de poing sur le nez quand il s'approcha pour embrasser sa joue. Romain éclata de rire, envahi par l'émotion.
-Une vraie diablesse. Tu ne perds pas ton temps...
Un parfait mélange entre la fragile chaleur d'Ambre et la froideur légendaire de l'homme.
Ambre fut réveillée par la douleur qui l'étreignait dans tout son corps. Une main lui souleva les paupières et une lumière désagréable entra dans la rétine. "Les réflexes sont bons" entendit-elle. Elle paniqua et se mit à gesticuler.
-Où suis-je !? Romain, mon bébé...
Des mains cherchaient à restreindre ses mouvements, lui rappelant de mauvais souvenirs. Une larme coula sur sa joue. Son ventre était plat. Enfin, Romain entra dans son champs de vision, les yeux humides. Il avait pleuré ? Elle pensait en connaître la raison. La jeune femme éclata en sanglots et se blottit contre son torse. Il lui caressa le dos, tentant d'atténuer sa crise de panique.
-Allons, calme-toi, lui prit-il le menton pour l'obliger à le regarder. Tu es blessée, rallonge-toi.
Sa tête lui tournait, l'obligeant à se rallonger. Elle ne se calma pas pour autant.
-Mon bébé, où est-il ? Comment va-t-il ?
-Notre fille va bien. Je viens de la voir, elle est magnifique, dit-il avec émotion.
Une infirmière entra dans la chambre avec le nourrisson dans les bras. Ses yeux se remplirent de larmes. Leur enfant était vivant et en bonne santé ! Une fille... Elle était maman. Existait-il plus beau sentiment ? Romain la lui cala dans le creux de son coude. La petite sommeillait. Tout en baillant, elle crispa sa minuscule main sur l'annulaire de sa mère et s'y pelotonna, faisant fondre sa mère.
-Tu es sublime... Aella.
Ambre leva le regard vers Romain qui approuva ce prénom d'un signe de tête. Le couple passa une heure à admirer leur fille avant que celle-ci ne se mette à gémir. D'instinct, la jeune femme lui donna le sein. Enfin, elle osa poser la question qui la taraudait depuis son réveil.
-Mais comment est-ce possible ? J'ai fait une fausse couche. Je me souviens encore du sang qui coulait sur...
Elle s'interrompit au milieu de sa phrase, incapable d'achever l'expression de ces visions atroces.
-Notre fille a hérité de ta force et de ta ténacité. Elle s'est accrochée à la vie et a survécu. Mon dieu, j'ai eu tellement peur que vous mourriez toutes les deux... Les heures d'attente ont été insoutenables. L'idée de vous perdre m'étais insupportable.
Elle le coupa en plaquant ses lèvres sur les siennes. Le goût salé de ses larmes se mêlait à leur intense baiser. En un geste, ils partageaient plus qu'avec des mots. Ambre lui murmura :
-Nous sommes vivantes et je t'aime plus que tout au monde... Prêt pour notre nouvelle vie à trois ?
-Prêt à tout pour toi.
Rien de Comparable
Il n'y a aucune douleur comparable à celle du cœur.
Il n'y aucune joie comparée à celle de l'Amour.
Il n'y a pas de bonheur comparable à celui de la personne que l'on aime.
Il n'y a aucun sourire comparable à celui de la personne que l'on aime.
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Aie Confiance
Romance"-Tu vois, je ne te veux aucun mal." Ce sont ces mots qui déconcertèrent Ambre dans ses convictions. Depuis son agression, Ambre a peur du contact humains et ne parvient à faire confiance à personne. Cette peur qui la dévore l'a rendue inapte à vivr...