ELÉANE9ème arrondissement de Paris,
22h12- Je suis là, dit Ken en rentrant dans la pièce.
Je gonfle ma poitrine et je ferme les paupières quelques secondes.
Il se tient dos à moi, et savoir sa présence fait battre mon cœur encore un peu plus vite.
Le silence plane sur la pièce. Chaque regard dévie entre Lui et moi.
J'ai l'impression que le temps s'arrête, que plus personne ne bouge. Comme si j'avais mis pause à un programme télévisé, comme si je m'étais arrêté en plein chapitre d'un livre.
Après un temps indéterminable, je tourne lentement la tête vers Lui. Il me regarde déjà, et je ne tarde pas à capter son regard.
Son visage est impassible. Moi, qui, habituellement, réussi à discerner chacune de ses pensées, son expression faciale ne dégage que du vide. Comme s'il ne voyait rien, à part un mur.
Ce qui me blesse encore plus, c'est sa façon de m'observer.
Car je comprends.
Je comprends qu'il m'a oublié, que je ne suis plus personne pour lui, si ce n'est une ex.
Ses yeux bruns me fixent comme si j'étais une parfaite inconnue. Sa façon de me regarder est similaire à celle d'un homme que vous croisez dans un supermarché où une boulangerie, pendant que vous cherchez votre pain.
Ça me contrarie de voir qu'il m'observe de cette manière, comme si je n'avais jamais rien représenté pour lui.
Je donnerai tout l'or du monde pour savoir ce qu'il est en train de penser dans sa tête. Je sais parfaitement que son cerveau est en ébullition, qu'il a l'impression qu'il va exploser d'un moment à l'autre.
Il n'a probablement qu'une envie, celle d'aller marcher dans les rues de la ville Lumière, à moins qu'il souhaite écrire, retranscrire l'intégralité de ses pensées, ou encore composer le premier numéro de son répertoire pour aller se vider les couilles chez une belle blonde à la poitrine refaite, comme il aime le faire.
C'est en regardant au plus profond de ses prunelles brunes que j'arrive à me demander comment nous avions fait pour être heureux.
On s'est aimé, on s'est détesté puis on s'est détruit.
Depuis, je suis partie et on préfère s'ignorer.
Il est l'homme que j'ai le plus aimé dans ma vie, et je doute fortement qu'il y en ai un autre que j'aimerais avec une telle force.
Je ne lui souhaite que du bonheur, car malgré tout, c'est ce qu'il mérite.
Il à le droit d'être heureux, d'arriver au bout de ses projets et d'être fier de lui.
Avant d'être mon ex, avant notre relation, Ken a été mon meilleur ami, mon confident, mon conseiller. Celui qui a réussi à me montrer la vie sous un nouveau jour, et qui à fait en sorte que je l'apprécie.
Son regard planté dans le mien, j'ai l'impression d'être une comète partie pour rejoindre ma moitié.
- On verra bien, ce que l'avenir nous réservera, chantonne Deen, par-dessus la musique de Ken, qui s'élève dans la pièce.
Je n'ai même pas remarqué les enceintes diffusant des musiques depuis que je suis rentrée dans le salon.
Grâce aux paroles récitées par Deen, la bulle qui s'était forgé entre Ken et moi s'est brisée, et ce dernier détache son regard du mien pour fixer Deen, un léger sourire au coin des lèvres.
Je ne sais pas si je dois détester ou remercier Deen d'avoir cassé notre lien, mais ce qui me marque à l'instant-té, c'est le visage de Ken qui semble avoir instantanément repris des couleurs depuis qu'il a détaché son regard du mien.
Les discussions ont repris, personne ne m'adresse la parole, bien que certains d'entre eux m'observent.
Je ne me sens pas du tout à ma place.
J'ai l'impression d'être de trop, de déranger les garçons, et cela me blesse sincèrement.
Il y a deux ans, c'était une toute autre ambiance qu'il y avait entre nous.
L'atmosphère qui se ressent aujourd'hui est pesante, maussade.
Et malgré mon esprit qui se force à me contredire, je sais bien que si l'environnement est ainsi, c'est amplement parce que je suis là.
Ken s'est installé sur l'un des canapés et malgré ma bonne bonté à vouloir détourner les yeux, je n'arrive pas à détacher mon regard de lui.
Je me sens contrainte d'observer ses moindres faits et gestes, d'écouter ses paroles, de regarder son visage, de parcourir son corps.
Je crois bien que la pire des choses, c'est de voir qu'il ne me regarde pas, qu'il s'en fiche de ma présence.
Il m'ignore et ne croise pas mon regard. Il ne cherche pas à me regarder, au contraire.
Il est totalement décontracté et à l'aise et ne se soucie pas de moi, plantée au milieu du salon, à le regarder et à attendre un petit signe qui pourrait me rappeler que notre histoire a bel et bien exister au moins un jour.
Concentré sur l'écran de son téléphone, il ne tarde pas à le ranger dans sa poche, et de déclarer :
- Pétunia arrive.
- Qui est Pétunia ? demande Clémence, qui a l'air aussi perdu que moi.
- Ma copine, lui dit-il en regardant pourtant en ma direction.
Mon cerveau est en plein bug, il se passe tout mais j'ai l'impression qu'il ne se passe rien.
Ken a une copine. Pourquoi cela m'étonne ? C'est normal, à vrai dire.
Moi aussi, j'ai un copain. Et je l'aime.
Ken est charmant, et a une tonne de femmes à ses pieds.
J'aurais dû me douter qu'il n'allait pas rester célibataire toute sa vie.
C'est cela l'amour. Ce sentiment capable de vous détruire et de vous anéantir en un tour de main. Cette maladie qui vous rendra fou de sentiments pour quelqu'un.
Vous allez remarquer que la véritable force de l'amour et la stabilité d'un couple se traduit par l'harmonie, la complicité et la confiance.
Ma définition de l'amour est celle que j'avais auparavant avec Ken.
Il y a deux ans, j'avais réussi à me dire "ça y est, je suis amoureuse". Mais Ken m'est passée sous le nez, emportant les débris de mon cœur détruit avec lui.
VOUS LISEZ
Déshonneur X Nekfeu
Hayran KurguQue se passera-t-il lorsque Eléane Moretz va recroiser Ken Samaras, son premier amour, deux ans après leur séparation ? Entre désir, désillusion, mensonge, provocation, l'histoire d'amour impossible d'Eléane et Nekfeu. «Le passé fut turbulent, et n...