NEKFEU7ème arrondissement de Paris,
12h39J'erre dans les rues de Paris, écoutant les bruits de ma ville, depuis plus de deux heures.
Ma paire de AirMax blanche neuve frappe le bitume parisien, et rencontre une multitude de chewing-gums jetés à terre, des boissons Mcdonald's, et toutes autres marques de pollutions.
Je marche, sans destination précise, passant des quartiers touristiques, aux quartiers assez glauques.
Des rues énormément photographiées par touristes venant du monde entier, aux coins délabrées, à éviter.
Je déboule rue de Grenelle, ne tardant pas à virer sur ma droite, rejoignant le quai d'Orsay.
Longeant la Seine, j'observe le flux d'eau qui s'étend sur plusieurs kilomètres. Le bassin parisien, sans doute le fleuve le plus connu de France s'étend devant mes yeux, pour se jeter dans la Manche, à plusieurs centaines de kilomètres de là.
Les bateaux-mouches sont courants, amassant des centaines de touristes souhaitant profiter pleinement d'une balade sur ce petit navire touristique.
J'ôte ma casquette rose SeineZoo Records, sans doute l'une de mes préférées, pour passer la main dans mes cheveux bruns d'un geste peu soyeux, avant de visser à nouveau mon couvre-chef sur la tête.
Posant la paume de mes mains sur une rambarde, je suis surpris de constater à quel point le métal est froid.
Je retire soudainement ma main droite, la fourrant dans la poche de mon bomber, comme si j'étais brûlé par le contact métallique.
La légère brise de vent s'abat sur ma peau, me faisant frissonner l'échine.
- Feu !
Je me retourne à l'entente de ce mot si commun, qui s'avère aussi être l'un de mes nombreux surnoms.
Je souris, face aux trois adolescents qui doivent avoir dix-sept ans, deux filles et un garçon.
- Salut !
- On peut prendre une photo, s'il-te-plaît, Nekfeu ?
Je retiens d'esquisser une grimace, n'aimant pas spécialement qu'on m'appelle par mon nom de scène.
J'accepte, tandis que l'une des deux filles tend son portable.
Clic, clac, c'est dans la boîte, pensé-je.
Ils s'en aillent après m'avoir échangé quelques banalités, ravis de m'avoir croisé dans les rues de Paris.
- Bonjour, dis-je en rentrant dans un Subway.
La caissière me réponds chaleureusement, et c'est dix minutes plus tard que je ressors du fast-food, ma commande sous le bras.
Je m'installe sur un banc, vue sur la Seine, en commençant à mordre dans mon Sandwich, surfant en même temps sur les réseaux sociaux.
Je désactive le mode avion, et je constate que j'ai reçu plusieurs messages des gars. Je les ignore, ne prenant pas la peine d'en lire.
Ils m'ont déçus, et je dois bien avouer que je suis vexé de ne pas avoir été averti que Mohamed l'a revu. C'est du moins, ce que j'ai cru comprendre, à travers la porte, épiant leurs paroles, dites sans la moindre discrétion.
Connecté sur Instagram, mes yeux sont fixés sur l'onglet recherche.
Il me faudrait vingt secondes pour trouver son compte, et observer ses nouvelles photos, voir si elle a changé en deux ans.
Il me faudrait moins d'une minute pour approuver ou contredire les faits de Mohamed, sur le fait qu'elle ait maigri ou non.
Je souffle en rangeant mon téléphone.
Je ne peux pas regarder, pas maintenant. Jamais, même.
Il y a encore trop de cicatrices non refermées, des souvenirs encore constant et frais dans mon esprit, où je n'ai qu'une seule envie, celle d'oublier tout ses moments passés.
Je termine mon sandwich, avant d'attaquer mes frites, buvant, au passage, mon Sprite, distrait, mes pensées se ramenant sans cesse à Elle.
Cela fait deux ans qu'elle a disparu, elle ne nous a donné plus aucun signe de vie, et depuis ce matin, tout me ramène à elle.
Sneazz', les gars, l'interview.
Une succession d'événements sur elle se sont déroulées ce matin, après deux ans de silence radio.
Je picore encore quelques frites, avant de me lever, et de jeter l'emballage de mon sandwich à la poubelle.
Marchant le long de la Seine sur le quai d'Orsay, je m'approche d'un SDF et je lui tends ce qu'il me reste de la spécialité belge.
Il écarquille les yeux, me laissant apercevoir son regard pétillant, en m'adressant un sourire franc.
Il me remercie, étonné de mon geste. Je lui réponds simplement que je n'ai pas besoin de ça pour m'exprimer, quand je vois des pauvres sur la chaussée.
Je rabat la capuche de mon sweat sur ma casquette, en rentrant dans le premier magasin de bricolage que je peux trouver.
J'achète un stylo et un carnet, soudainement inspiré.
Je rentre ensuite dans un café, commande une boisson chaude et je laisse mes pensées noircir le papier quadrillé.
Je note une multitude de phrases, de mots, d'idées, que je ne tarde pas à regrouper. Les ratures se font nombreuses, tandis que je me laisse aller, me livrant dans mes paroles, qui à mes yeux, sont censées.
J'aime parler du monde qui nous entoure, la France, les problèmes, la politique et toutes sortes de généralités. Mon opinion sur les choses, les droits et les actions. Ma façon de voir, nos facettes, tout simplement.
J'essaye de montrer les meilleurs valeurs de moi-même, expliquant le fond de mes pensées.
Parlant de mon enfance, mes plans d'un soir, mes amourettes, où la véritable définition de l'amour.
Je ne vois pas l'heure passée, il est près de dix-huit heures lorsque je pose mon stylo sur la table du café.
Je relis mes paroles, en souriant, fier de moi.
J'ai écrit une chanson complète, en l'espace d'une après-midi. Je crois bien que c'est la première fois que cela m'arrive.
« Est-ce que tu t'es d'jà fait rabaisser par celle que t'aimais secrètement ?
Gentille en privé mais, d'vant les gens, cruelle et légère
Est-ce que t'as d'jà tapé quelqu'un juste pour qu'on te respecte?
Sans excuse, est-ce que t'as d'jà regretté au point d'ber-ger?
Est-ce que tu t'es d'jà dit: "Faut qu'j'me secoue, j'ai plus 16 ans"?
N'être plus qu'une âme perdue, errer et rôder des heures
Voir un mec s'faire racketter, appeler au s'cours et pisser l'sang
Dans le même wagon du RER où t'étais seul
Est-ce que t'as détourné l'regard? Dégoûté face à ta propre lâcheté »
[...]
« Encore un texte rempli d'aveux, pour toi, si l'amour rend aveugle
Pourquoi l'ai-je embrassée les yeux ouverts ? »
Inconsciemment, c'est Elle qui m'a inspiré sur la majorité de mes paroles. Notamment sur le dernier couplet. Évidemment.
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Déshonneur X Nekfeu
FanfictionQue se passera-t-il lorsque Eléane Moretz va recroiser Ken Samaras, son premier amour, deux ans après leur séparation ? Entre désir, désillusion, mensonge, provocation, l'histoire d'amour impossible d'Eléane et Nekfeu. «Le passé fut turbulent, et n...