Chapitre 41

5.7K 172 47
                                    

N E K F E U

Cinq ans auparavant

Affalé sur un siège en mauvais état d'une rame de métro, un casque sur la tête, j'observe Paname passer à travers la fenêtre. Vu l'heure, les gens affluent dans les rues. Les enfants vont à l'école, d'autres vont travailler, des différents vont simplement faire les boutiques. Beaucoup vont à la boulangerie chercher leurs petits-déjeuners, où partent simplement courir et prendre l'air matinal de la brume parisienne, en ce joli mois de mai.

Nouvelle journée, nouveaux textes, nouvelles prod', direction le studio.

J'ai bien cru ne jamais réussir à me lever, ce matin. Je n'avais aucune motivation, et je suis toujours bien trop fatigué. Cependant, lorsqu'une belle blonde aux formes plus marquantes que son prénom a passé une bonne partie de la nuit avec vous, difficile de trouver la volonté de se lever pour aller taffer.

La rame de métro est pleine, mais les sièges sont vaquants. Rares sont les places libres, mais je suis bien content de n'avoir personne en face de moi, bien que la personne à mes côtés sentent le cramoisi.

Arrêt Mabillon, une grande et belle femme élancée, me faisant penser à Beyoncé, rentre dans le métro, l'air épuisé et triste.

Par défaut, de n'avoir aucune autre place dans la rame, c'est en face de moi, qu'elle s'installe.

Ses yeux sont assombris, malgré l'éclat du soleil levant, qui devrait pourtant l'embellir encore plus. En face d'une reine, j'ai l'impression que ce siège est devenu le trône d'un prestigieux roi, et que c'est moi qui suis installé dedans.

Ses belles boucles brunes redescendent en cascade dans son dos. Elle se mord la lèvre inférieure, et évite mon regard, qu'elle doit sans doute trouver pesant sur elle. À vrai dire, je n'arrive pas à décrocher mon regard de toutes les parcelles de son corps.

J'aimerais lui demander d'où elle sort, lui dire que sa douceur tue. Qu'elle sache que plus d'un homme tuerait pour elle et sa beauté enjolivée, mais je préfère me taire, et profiter d'avoir une femme aussi magnifique soit-elle en face de moi. J'aimerais faire en sorte que cet avion de chasse devienne mon jet privé, ne serait-ce que le temps d'une soirée. Je la déshabille du regard, et je perçois la certitude que je ne la lâcherai pas, même si elle me recale.

Je serais certainement fautif, mais il faut dire que sa douceur me décontenance, en ce doux matin. Je remonte les yeux vers son regard, et remarque alors qu'elle me fixe, se demandant sûrement à quoi je pense, et pourquoi je m'obstine tant à la regarder.

Je voudrais me risquer de lui lancer un petit sourire, mais j'ai l'impression que cette femme est un diamant aussi fragile que la Joconde, difficile d'accès et sur ses gardes, déjà protégés par plus d'un homme, avec pourtant, le cœur brisé et façonné par la réalité.

Elle baisse les yeux et passe sa mèche de cheveux derrière l'oreille, en se mordant la lèvre inférieure. Je jette un simple coup d'œil par la fenêtre, il ne me faut pas plus de temps pour savoir exactement où je me situe. Je dois descendre au prochain arrêt, mais rien ne m'en donne envie.

Je m'adosse plus confortablement au dossier du siège, sans pour autant arrêter de dévisager cette jolie brune. Je ne sais pas pourquoi elle m'attire autant. J'ai l'impression de la connaître depuis des milliers d'années, bien que si je l'avais déjà rencontré quelque part, sa beauté m'aurait marqué et je m'en souviendrai comme je ne me suis jamais rappelé de quelqu'un.

L'air frais qui s'engouffre dans le wagon me fait signe que nous sommes arrêté, que c'est le temps pour beaucoup de sortir. J'aimerais connaître sa station de trom', mais mon égo m'en empêche. Je ne veux pas risquer de casser cette bulle d'une simple phrase. La brune me regarde à nouveau, et après avoir esquissé un rictus amusé se lève. Je fronce les sourcils et la suis du regard. Elle se retourne vers moi juste avant de descendre, mais quand elle voit que je reste passive, elle repart. C'est loin d'être le premier défi qu'on lui lance, c'est clair et net.

Je reviens alors à la réalité, et je me lève d'un bond.

C'est mon arrêt, putain.

Je sors en trombe du wagon, juste avant que les portes ne se referment.

Je regarde comme un furibond autour de moi. Où est-elle passée ? Par où est-elle allée ?

Je scrute les alentours tel un lion en quête de sa proie, et me met à avancer, dans l'espoir de retrouver ce corps si frêle.

- Attention ! crie une voix, après l'avoir malencontreusement bousculée.

- Excusez...

Je m'arrête net. Elle est là. Je suis passé à côté d'elle sans l'avoir reconnu. Le hasard fait bien les choses, visiblement.

Elle aussi s'est arrêtée. Elle me fixe, et c'est une vraie bataille de regard qui semble avoir démarrée. J'ai l'impression que plus personne ne se trouve autour de nous, et que le temps s'est mis sur pause.

Le temps ne passe plus, la vie marque un arrêt.

Comme pour vérifier qu'elle est bien là, qu'une telle beauté existe, je lui attrape le poignet, pour être certain que mon esprit ne me joue pas des tours. Elle semble étonnée par ce contact si familier, mais ne proteste pas, et ne retire pas son étreinte.

- D'où sors-tu ?

Elle fronce les sourcils, et je poursuit :

- Ta douceur tue.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Mar 25, 2019 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Déshonneur X NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant