Déshonneur X Nekfeu

Chapitre 25

E L É A N E

Paris

Je place un béret rose pâle sur mes cheveux, retenus en une longue tresse et enfile une veste en cuir noir par-dessus mon pull-over.

J'observe mon portrait dans un miroir, et effectue une petite retouche maquillage.

L'avion de Baptiste atterrit dans les environs de onze heures, et après lui avoir demander, il a accepté que je vienne le chercher.

J'ai hâte de le revoir et de lui demander comment s'est passé son voyage d'affaires au Canada. J'aime énormément ce pays et j'espère sincèrement qu'il lui a plu autant qu'à moi.

Il m'a énormément manqué, et j'ai beaucoup de choses à lui raconter.

**

Je sors de mon immeuble et traverse le trottoir afin de rejoindre ma Merco grise, l'une des plus belles de ma collection.

Je m'apprête à ouvrir ma portière lorsqu'une voix de crécelle qui me semble familière m'arrête.

- Eléane ? Salut !

Je me retourne vers une femme élancée, au visage fin et simplement maquillée. Ses cheveux ondulent au-dessus de sa poitrine, ni inexistante, ni généreuse.

Elle me dit vaguement quelque chose, mais impossible de me rappeler de qui il s'agit.

- Excuse-moi, mais, on se connait ? demandé-je.

- Mais, oui. Je suis Pétunia. Tu sais, la copine de Nekfeu. Nous nous sommes vus l'autre jour, chez Doums.

- Ken, la corrigé-je. Et oui, je me rappelle à présent.

- Ken ou Nekfeu, c'est pareil.

- Absolument pas.

- Pourquoi donc ?

- Nekfeu, c'est l'artiste, Ken c'est le mec normal. Ce sont deux personnages différents.

Elle semble ennuyée par ce que je lui dis, bien que cela m'énerve qu'elle ne sache pas faire la différence entre Nekfeu et Ken, qui, malgré que ce soit la même personne, sont très différents.

- Quelle différence ? C'est une seule et unique personne.

- Laisse tomber.

- Non, j'aimerais comprendre.

- Nekfeu, c'est l'artiste, celui que tout le monde apprécie, ou écoute. Il s'exprime et se vide la tête à travers ses sons et puis, tu as Ken. Celui qui se cache sous le nom de Nekfeu.

- C'est-à-dire ? Pour moi, tout cela revient au même.

- Pétunia, si tu connaîtrais réellement Ken, tu l'aimerais pour ce qu'il est et non pour sa réputation.

- Je ne l'aime pas parce c'est Nekfeu ! se défend-t-elle.

- On dis tous ça, ma chérie.

Je marque un temps d'arrêt, puis reprends :

- Désolé, je suis un peu sur les nerfs.

- T'as tes règles ?

- Tu m'excuseras, mais je dois partir.

- Oh, tu vas où ? Je peux t'accompagner peut-être ?

Elle se prends pour mamie à la campagne, ou quoi ?

- Désolé, mais je vais chercher mon copain, là. Et j'aimerais être seule avec lui.

- Oh, tu as un copain ? Ah oui ! Comment s'appelle-t-il, déjà ?

- Baptiste.

- Ah, oui. Tu l'avais dit, l'autre jour. Le chercher où ?

- À l'aéroport.

- Oh ! Il s'en va ?

- Non, justement. Il revient.

- Où était-t-il ?

- À Vancouver.

- C'est en Inde, ça non ?

- Au Canada.

Elle commence sérieusement à me taper sur le système. Elle a de la chance que j'ai de la patience, parce que là, je pourrais la gifler si fort, qu'elle s'envolerait jusqu'aux îles Malouines.

- Oh, oups. La géographie n'a jamais été mon fort.

- Je vois ça.

Je rencontre ses yeux bruns tandis qu'elle me sourit, un peu.

- Tu ne l'aimes pas.

- Qui ?

- Baptiste.

- Bien sûr que si !

Ma réponse est sortie spontanément et un peu trop violemment, sans que je n'ai eu besoin de réfléchir.

Après tout, c'est la vérité.

- Il ne te rends pas heureuse. Pas autant que tu le voudrais, du moins.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Mon copain me comble de bonheur.

- Si tu le dis. N'empêche que...

- Tu sais quoi ? Je me fiche de ton avis. J'aime Baptiste, et je connais mieux que quiconque les sentiments que j'éprouve envers lui.

- Ça me rassure, en tout cas ! La dernière fois, j'ai fini par croire qu'il se passait quelque chose entre Nek' et toi.

Je la toise avant de lui dire :

- Normal, c'est mon ex.

- Hein ? Quoi ?

- On est sortis ensemble pendant plus d'un an.

- Je ne te crois pas. Tu ne venais jamais auparavant. Même si j'avais déjà entendu parler de toi par le passé.

- Il m'avait demandé de... ouais, bref.

Je me stoppe dans ma phrase, réalisant que je suis en train de raconter mon ancienne relation avec Ken à sa copine actuelle.

- Euh, tu m'excuseras, mais je vais sincèrement être en retard. À bientôt.

- Attends !

Mais j'ai déjà démarré.