Chapitre 8

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ELÉANE

9ème arrondissement de Paris,
15h09


- Tu veux boire quoi ? me demande Adèle tandis que je prends place sur le canapé.

- Un coca, tu as ?

- Évidemment, me dit-elle en me souriant. Je te ramène ça.

Je la gratifie d'un sourire pendant qu'elle se dirige dans une pièce voisine.

J'observe le salon et sa décoration, que je connais pourtant déjà par cœur.

Elle n'a pas tant changé que ça en deux ans.

Les murs blancs, remplis de tableaux des gars, ainsi que la famille des deux jeunes parents.

Quelques décorations en pâte de sel faites par Ismaël trône à côté de la télévision, une nouvelle d'ailleurs.

Cet écran-plat est plus grand que l'ancien, et semble de meilleure qualité.

La table basse en verre est occupée par un magazine Ikea, un paquet de clope, un cendrier et une télécommande.

Les deux parents sont des grands fumeurs, notamment Doums.

Je me rappelle soudainement de l'existence d'une photo où j'y figure avec Adèle et Framal, initialement sur l'étagère, accrochée fixement au mur dans mon dos.

Attisée par la curiosité de voir si elle y est toujours, je me retourne, et fut quelque peu déçue de voir qu'elle n'y est plus.

Ce cliché reflétait notre amitié. Nous étions au bord d'une piscine, dans le sud de la France, Idriss était couché sur un transat, tandis qu'Adèle et moi étions allongés sur lui.

Nous faisions n'importe quoi, certes, mais nous avons tout les trois apprécié ce moment rempli de rires.

Un cliché rempli d'une plume de souvenirs.

- Et, voilà ! déclare l'actrice, suivie de son fils, trois verres à la main.

Ismaël pose les verres sur la table basse, sa mère les remplissant ensuite de soda.

- Tu vas jouer dans ta chambre, Ismaël ?

- Mais, il faut que je lise mon livre à Tata Eléane.

- Tu le feras plus tard, d'accord ? Là, il faut que nous ayons une conversation entre grands.

Je grimace, suite à ce terme. Évidemment, lorsqu'Adèle m'a appelé pour que je vienne voir son fils, qui n'a qu'un seul désir, qu'il me lise son livre, j'aurais pu me douter que sa mère allait vouloir me parler pour s'expliquer.

Discuter sur tout ce qu'il s'est passé, et pourquoi pas, s'éclairer sur la vitesse, à laquelle toute la stabilité dans notre groupe d'amis s'est écroulée.

Le petit acquiesce, et file dans sa chambre, en imitant un avion, ce qui me fait instinctivement sourire.

Mes lèvres s'abaissent directement lorsque je vois Adèle s'asseoir à mes côtés sur le canapé.

Pour la première fois de ma vie, je tourne la langue sept fois dans ma bouche, réfléchissant bien aux paroles que j'allais pouvoir lui dire.

- Je suis désolée, débuté-je. Je m'excuse pour tout, vraiment. J'ai fauté en partant, en me disant que m'éloigner de vous allait être mieux. Mais, ça n'a pas été le cas. J'ai été au plus bas, vraiment. J'ai souvent regretté, tu sais ? Il y a pas un jour qui passe où je ne pense pas à vous. Il m'arrive régulièrement de me demander ce que vous faites le moment même, qu'est-ce qu'il se serait passé si je ne serais pas partie. Le déroulement de ma vie. Il est vrai que tout à changé pour moi depuis mon départ, mais, aurait-ce été pareil si je serais resté ?

Déshonneur X NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant