Déshonneur X Nekfeu

Chapitre 4

ELÉANE

Paris,
Mcdonald's
17h24

Je croque dans mon McWrap, tandis que Ismaël déballe le cadeau fourni dans son Happy Meal.

- C'est la première fois que tu prends un livre, fait remarquer Moh'.

- Oui, comme ça je vais pouvoir montrer à Tata Eléane comment je lis bien !

Lorsque le mot Tata a franchi les lèvres du petit, j'eu l'impression de faire une chute de dix étages, faisant dégringoler mon cœur, et le peu de force qu'il y reste avec.

Je croise le regard impassible de Sneazz', mais je vois bien qu'il est fébrile, et que lui aussi, a tiqué sur ce mot, dit de la manière la plus spontanée qui soit, par le petit.

Le rappeur m'observe, et m'incite à lui répondre quelque chose, et personne ne le sait mais j'ai la gorge sèche.

Je ne sais quoi répondre, j'ai l'impression d'avoir perdu tout mon vocabulaire et d'avoir un grand trou de mémoire.

- Et bien, lis-moi un passage, maintenant, dis-je, finalement.

Le rappeur hoche la tête en attrapant son Sprite, comme s'il était conquis par la réponse que je viens de donner au petit.

- Ah, non, je ne peux pas te montrer maintenant, il faut que je m'entraîne.

- Mais, comme tu es un petit prince, tu n'as pas besoin de t'entraîner.

- Si, parce que toi, tu es une reine.

Je souris, attendrie par ce petit, avant de répliquer :

- Une reine en quête de son roi, alors.

- Mais, ton roi c'est tonton Ken.

Le rappeur rejette son Sprite sur son Mc-Filet-O-Fish, choqué des propos d'Ismaël, avant de tousser à plusieurs reprises.

Quant à moi, j'ai l'impression d'être un robot, qui mâche machinalement la nourriture qui me semble soudain avoir un goût de carton.

Son image se forme dans mon esprit, et je cligne des yeux à plusieurs reprises pour ne pas pleurer.

Je ne pourrais pas m'autoriser à craquer devant Mohamed, qui lui aussi, semble stone.

Remarque, il vient de s'étouffer avec son Sprite, même si je sais pertinemment que ce n'était pas par inadvertance mais par les propos de l'enfant.

Mohamed croque dans son burger inondé de Sprite, et cela m'étonne qu'il ne râle pas sur le fait qu'il soit désormais humide.

Le petit, quant à lui, mange, d'un air gai, on voit bien qu'il est heureux d'être ici.

Le repas se passe sans autres encombres.
J'arrive au bout de mes potatoes, tandis que le maghrébin ouvre son McFlurry. Le petit, lui, termine son dernier nuggets.

Mon téléphone sonne et je m'excuse avant de répondre en m'éloignant légèrement.

- Allô ?