Chapitre 34

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E L É A N E

Paris

- Salut, Ad', dis-je en voyant la jeune actrice m'ouvrir la porte, un long sourire sur les lèvres.

- Coucou ! Rentre, ne reste pas sur le palier.

- Merci.

- Il y a eu un petit problème avec Doum's. Il a donc prévenu un autre des gars, qui est là...

- Oh, bah c'est pas grave. On fera connaissance, souris-je.

- Ah, non, mais tu le connais déjà. Très bien, en fait. Enfin, c'est...

- Salut, Eléane, me dit une voix dans mon dos.

Je me retourne lentement, le silence étant subitement tombé dans la pièce.

- Salut, dis-je, froidement.

Je n'arrive plus à le voir comme le Ken que j'ai connu.

Je le vois maintenant comme un jeune papa, qui a refait sa vie, et qui m'a donc, malgré mes faibles espérances inavouées et insensées, totalement oubliées.

Ce qui me blesse le plus, c'est qu'il ne me l'a même pas dit, que ce soit lui ou un autre des gars, qui sont tous, sans exception, restés dans le secret, et ont préféré me mentir plutôt que de m'avouer la vérité en face.

Peut-être n'ont-ils pas jugé utile de me le dire, c'est vrai que, si ça avait été mon cas, je ne lui aurais sans doute pas dit, mais les conditions sont différentes.

- Ismaël est dans sa chambre, les numéros d'urgences sont sur le frigo de la cuisine. Coucher à vingt heures trente et non négociable. Je vous aime, bisous, récite Adèle en revenant dans le salon, s'étant éclipsé pour dire au revoir à son fils.

Le renoi revient, quelques secondes plus tard et me fait la bise avant de suivre Adèle, en-dehors de l'appartement.

Je me retourne et plonge dans le regard du jeune grec que j'ai déjà tant observé par le passé, mais c'est d'autres sentiments que j'y décrit.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Rien.

- Ne me mens pas.

- C'est sûr que tu ne l'as jamais fait, toi ! reproché-je.

Ken fronce les sourcils, comme s'il ne comprenait pas ce que je lui disait.

- De quoi tu parles ?

- Tu veux que j'énumère tous les mensonges que tu m'as déjà dit ?

- Je ne t'ai jamais menti, Eléane. Je ne l'ai jamais fait et je ne le ferai jamais, parce que tu es l'une des mieux placés pour savoir à quel point je déteste ça.

- J'ai vu Joshua, cet après-midi.

Il fronce les sourcils avant d'ouvrir les yeux d'étonnements.

- Tu l'as vu ? Il me ressemble trop, n'est-ce pas ? demande-t-il, pétillant.

- Tu aurais pu me dire que tu avais un fils.

- Hein ?

- À peine quelques mois après que je sois partie, en plus...

Il me fixe d'incertitude avant d'éclater de rire.

- Quoi ? Tu aurais voulu que je t'appelle pour te le dire ?

- Oui.

Les fossettes aux creux de ses joues se marquent suite à son fou rire, ses dents et son bouc mal rasé se faisant un peu plus visible.

Dans d'autres circonstances, cela m'aurait fait tomber amoureuse encore plus que je ne le suis déjà.

- Attend, mais... tu crois vraiment que j'ai un fils ?

- C'est ce que Pétunia m'a dit.

- Pétu... hein ? Aaahhh ! Mais, non, t'as dû mal comprendre.

- Évidemment, dis-je en levant les yeux au ciel.

- Non, non, en fait, hier, ma sœur m'a appelé pour me demander de garder son môme, et j'étais avec Pétunia à ce moment-là alors elle s'est direct' proposée pour le garder.

- Ah, ok.

- Elle a dû te faire une blague.

- Ouais, sans doute.

Il esquisse un sourire avant d'éclater de rire en poursuivant :

- Moi papa ? tu imagines ?

- Je vais chercher Ismaël, décrété-je.

- Attend. D'abord j'aimerais savoir autre chose. Tant qu'on est là, tu peux au moins répondre à ça.

- Tant qu'on est là ? Rappelle-moi juste la faute à qui ?

- Hum, techniquement à mon neveu. Et à Pétunia de t'avoir fait une blague.

- Fait une blague ? Non, Ken, ce n'en était pas une.

Il lève les yeux au ciel.

- Tu lui a dis ? Pour l'autre jour, à Londres ?

Je me sens tout à coup gênée de lui faire raviver ce souvenir plutôt agitée, mais je vois que, de son côté, cela ne le dérange pas, si c'est à en croire son sourire et son regard pétillant de malice.

Il hausse les épaules et se contente de formuler d'une voix assurée :

- Non. Elle n'a pas besoin de le savoir.

Mon cœur déchiré chute encore de quelques étages.

Elle n'a pas besoin de savoir qu'elle a été trompé.

Exactement comme il y a deux ans de cela, quand je suis partie, refusant sa demande en mariage, venant d'apprendre par un message venant d'une certaine Paloma que Ken m'a trompé avec cette dernière.

- C'est pour ça que tu ne me l'as jamais dit lorsque c'était mon cas, dis-je.

- Ton cas ?

- Hum, hum. Quand j'ai appris par un foutu message, le jour de mon anniversaire, vingt minutes avant mon départ que tu avais ta foutu tête dans les jambes d'une autre !

Il fronce les sourcils et se met à réfléchir.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, Eléane. Vraiment. Tu sais bien que tu comptais beaucoup plus que Pétunia.

- Ah oui ? Et le jour où tu étais rentré au beau milieu de la nuit, prétextant que tu étais au studio avec Hugz, alors que ce dernier est arrivé chez nous, s'étant trompé de jour pour l'une de nos soirées. Jour qui collait parfaitement à la date rajouté dans le message de cette satanée salope, m'empoté-je, haussant le ton de ma voix.

Il blanchit et perd toute trace d'ironie sur son visage. Il semble réfléchir :

- Paloma ?

- Sérieusement, Ken ? C'était tellement un bon coup que tu te souviens de son prénom ?

Les larmes aux yeux, je croise une nouvelle fois son regard, qui a changé d'expression. Il semble blessé que je l'accuse de quelque chose d'aussi grave, et s'apprête à répliquer lorsqu'une petite voix nous interrompt :

- Oh, vous êtes là ? Trop cool ! Vous n'étiez pas en train de vous disputez, j'espère ?

- Bien sûr que non, mon Loulou, feins-je en prenant Ismaël dans mes bras, embrassant le haut de son crâne.

Je le repose au sol, et sens Ken s'approcher dangereusement de moi.

C'est en entendant son souffle cogner dans mon oreille que j'entends sa réponse que je n'avais jamais imaginé malgré les nombreux scénarios que j'ai pu me faire dans le passé :

- C'était l'organisatrice du mariage.

Déshonneur X NekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant