2 : Poursuite

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Son souffle court résonnait dans l'obscurité. Ses pas, qui claquaient sur le bitume, s'entendaient bien trop fort. Il ne faisait plus attention à se faire discret.

Il devait fuir. Partir. Où ? Aucun idée.

Mais tout sauf rester, tout sauf s'arrêter. Sinon...

— Reviens ! hurla le lézard.

Anael redoubla d'effort. Il devait le distancer, faire en sorte qu'il le sème. Sinon, il allait passer un sale quart d'heure...

Le lézard avait compris qu'il n'allait pas venir au bout de vingt petites minutes. Alors, il l'avait pris en chasse, et repéré assez vite en bordure de la ville. Anael avait couru le plus vite possible sans savoir où aller. Le lézard le talonnait en hurlant. La sueur lui coula dans la nuque. Il n'allait pas tenir longtemps.

Les rares personnes qui auraient pu les voir ne se seraient pas attardées. Un gamin de seize ans poursuivi par un fou à la démarche saccadée leur aurait plutôt dicté de prendre leurs jambes à leur cou...

La route bétonnée et les bâtisses en mauvais état laissèrent place bientôt à des terrains vagues parsemés de ruines d'immeubles sans fenêtres, où Anael ne pouvait pas se cacher, hormis derrière un rare mur encore debout. Sa respiration était trop rapide. Ses jambes lui hurlaient de faire une pause.

La lune luisait dans le ciel sombre. Elle éclairait sa route comme elle le signalait à son poursuivant. Soudain, une brique traîtresse accrocha son pied, et il s'étala dans l'ombre d'une maison fantôme. Anael tenta de reprendre son souffle péniblement, son dos le lançait. Il était tombé à plat sur une surface bétonnée. Ses côtes souffraient. Il n'arrivait pas à respirer.

Il tenta de se relever, mais ses jambes déclarèrent forfait. Il gémit doucement sous la douleur lancinante qui remonta depuis son pied meurtri.

Je me suis foulé la cheville, voire pire.

Il essaya de se blottir dans un recoin des ruines de pierres, dans l'obscurité, espérant que le lézard allait passer sans le voir. Il entendait ses pas irréguliers marteler le sol, de plus en plus proches...

Il ramena ses jambes contre sa poitrine, se replia comme il put. Baissant la tête, il espérait qu'ainsi, son ennemi ne verrait pas le reflet faiblard de ses pupilles. Il essaya de cesser ses tremblements, mais peine perdue. Il avait beaucoup trop peur. Il avait mal. Il était fatigué.

Fuir, toujours fuir. Ça avait été ainsi depuis toujours. Dès ses dix hivers, il s'était déplacé de cachette en cachette. Seul. Effroyablement seul. Mais, au fond, il se persuadait que ça lui plaisait. Qu'il était un pur et dur Solitaire. Il ne ressentit jamais le besoin de se rapprocher de ses semblables, qu'il haïssait pour les mêmes raisons que celles qui le faisaient fuir le lézard.

Une respiration, rauque. Un glissement. Un souffle sur sa nuque.

Une main se plaqua sur sa bouche, une autre lui saisit brutalement le bras. Il hurla mais le son fut étouffé. D'autres mains aggripèrent sa veste, son sac à dos, le tirèrent en arrière au point qu'il chuta plus profondément dans la bâtisse sombre.

Un rude choc avec le sol lui arracha un cri de douleur. Libre de ses mouvements, il chercha une silhouette dans l'obscurité ambiante, frénétiquement, apeuré. Il se redressa debout, péniblement, et vacilla.

— Eh, doucement.

Il se figea. La voix provenait de l'autre côté de la cave délabrée. La noirceur de l'endroit l'empêcha de distinguer quoi que ce soit, aussi il plissa les paupières et lança :

— Qui est là ?

— D'abord, qui es-tu ? répliqua l'inconnu - ou l'inconnue.

En effet, la voix était voilée, comme étouffée derrière un tissu. Impossible de connaître l'identité de l'interlocuteur sans visuel.

Eclipse ~ la guerre de la Morphiax [BxB] (FINIE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant