Eclipse ~ la guerre de la Morphiax [BxB] (FINIE)

13 : Questions

Ulysse lâcha la liasse de feuilles qu'il tenait entre les mains pour s'assoir sur un coussin géant de couleur rouge. L'Auroch fit signe à Anael de se calmer mais ce dernier ne put réprimer les tremblements qui agitaient ses mains. L'Ancien soupira.

— Tu as reçu une visite ? C'est ça ?

— Oui.

Anael finit par s'assoir à même le sol et prit sa tête entre ses mains. Ses longues mèches d'ébène masquèrent son visage tandis qu'il fermait les yeux pour se calmer.

Calme. Respirer. C'est fini. Elle est partie.

— C'était le Serpent de l'autre jour, lâcha l'Ours. Elle...

— C'est une femme ? Une petite fille ? Comment est-elle ?

— Perturbante... souffla Anael.

Il gémit et se recroquevilla. Alarmé, Ulysse descendit de son siège et vint poser une main paternelle sur son épaule. Sa peau pâle était brûlante.

Une goutte de sueur commença à couler le long du dos d'Anael.

— Connais-tu son nom ? continua Ulysse.

— Quelle importance ? Ce n'est qu'un rêve ! Je suis stupide d'y accorder tant de valeur, pesta Anael d'une voix tremblante.

Mais l'Auroch raffermit sa prise sur l'épaule du jeune homme et réitéra sa question d'un ton pressant.

— Anael, c'est important. Elle est vraiment venue dans ton rêve. Qui est-elle ?

L'Ours trembla.

— Iris...

Aussitôt, l'image envoûtante de la jeune femme supplanta le sol de la tente, qu'il fixait depuis quelques minutes. Ses yeux bleus brillaient d'un éclat hypnotisant.

— Anael ! Tu es réveillé ! cria Ulysse.

L'Ours s'extirpa de la vision et fit face à un Auroch plein d'inquiétude. Les iris bruns de l'homme fouillaient son visage pour s'assurer qu'Anael l'écoutait. Il reprit.

— Anael, je pense que tu devrais aller voir Sysiphe. Elle va te donner un somnifère qui te permettra de dormir sans rêver. Explique-lui ce qui t'est arrivé.

— Sysiphe ? Mais elle veut me tuer, ricana Anael.

— Non, elle se méfie de toi. Raconte-lui. Elle sera obligée de te croire.

Anael leva ses yeux d'orage dans ceux de l'Ancien. Il lui semblait confiant et rassurant, aussi décida-t-il de faire ce qu'il lui avait dit.

Il se leva et tituba jusqu'aux pans de toile qui masquaient le campement. Son sang battait à ses oreilles. Il était toujours plein d'une peur irraisonnée. Il devait se reprendre. Elle ne pouvait l'atteindre qu'en rêves, et si ce somnifère fonctionnait, il pourrait dormir sans craindre qu'elle ne vienne l'hypnotiser.

Il écarta la toile et sortit dans l'air frais du matin. Le soleil éclaira sa peau pâle d'une douce caresse chaleureuse, comme un ami, et Anael se sentit mieux.

Il marcha parmi les tentes et demanda à un Métamorphe où se trouvait la tente de Sysiphe. On la lui indiqua avec une moue suspicieuse mais Anael ne s'en préoccupa pas. Il avait l'habitude qu'on le considère comme un étranger.

Il parvint enfin devant une construction de toile peinte en vert sombre par endroits. Les taches couleur des feuilles formaient un motif étrange mais qu'Anael trouva beau, poétique sans vraiment savoir pourquoi. Il effleura le tissu pour s'annoncer. À l'intérieur, Sysiphe avait perçu sa présence et l'invita à entrer.