Nike, choisis ton camp!

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Partie 3

Esméralda regarda longuement le violon. Qu'allait-elle faire de ce morceau de bois. Il n'avait rien de magique. Peut-être que Xylia l'avait cassé en y mettant le pied ? Ses pensées couvrirent les bruits de la guerre et de la peur autour d'elle. Qu'est-ce-que Ted aurait fait à sa place ? Il aurait tout fait pour arrêter la guerre, avec des armes. Elle posa le violon et bondit.

Esméralda arriva sous forme de lion en plein milieu du champ de bataille et assomma deux soldats romains.

''Tu es revenu à la raison.'' S'écria Wesley.

''Désolée.'' Prévint-elle.

''De quoi ?''

Elle l'assomma avec le pommeau de son épée. Il s'écroula sur le sol. Son gourdin retomba à côté de lui. Les romains écarquillèrent les yeux sous leurs casques. Esméralda envoya son poing dans le cou d'un centurion et en assomma deux de plus, elle désarma quelques-uns et s'interposa dans les duels. Les romains arboraient des mines ravis en la voyant frapper des grecs mais perdaient vites leur sourires de vainqueurs quand elle pontait sa lame sous leur nez. Les Grecs déchantaient aussi quand elle revenait s'occuper d'eux.

Elle devint vite l'ennemi numéro 1, celui qui allie les ennemies. N'en déplaise à Esméralda qui avait l'impression de se battre contre le monde entier. On l'encerclait. Ils faisaient du coude pour avoir sa peau. Dans toute cette mélasse, elle finit par croiser le fer avec Morgan.

''C'est quoi ton problème !'' Aboya-t-elle en lui balançant un coup de pied dans le ventre.

''J'arrête la guerre.'' Haleta Esméralda avec férocité.

Une ombre passa sur le visage de la fille de Poséidon. ''Arrêter ? Et perdre !''

''Gagner ? Perdre ? A quoi bon ?'' Rétorqua-t-elle. ''Ici, je ne vois que des demi-dieux perdre leurs vies...''

Morgan considéra ses paroles.

''...comme Ted. '' Ajouta Esméralda.

''Ted a été assassiné ! Il n'est pas mort sur un champ de bataille comme il le voulait, ou à mes côtés comme je le voulais. Non ! On lui a arraché la vie !

Elle empoigna Esméralda avec brutalité.

''Je vais leur donner ce qu'ils ont refusé à Ted, une mort digne sur le front. Si tu le veux, tu leur feras un éloge funèbre avec ce putain de violon.

Mais qu'est-ce qu'ils avaient tous avec ce violon. Ils avaient sué pour l'obtenir, c'était une récompense.

''Si tu n'es pas là pour verser du sang ou ton sang, dégage de là parce que je vais te faire mal.''

Esméralda lui aurait bien lancé un « je veux bien voir ça » mais quelque chose la tracassait. Sa grand-mère lui avait dit d'écouter son cœur : elle voulait arrêter la guerre, c'était sûr. Mais comment ?

Elle retourna à la voiture du satyre, elle y trouva sa grand-mère penché sur une espèce de talkie-walkie. ''...et restez sur vos gardes. On peut se faire envahir à tout instant.''

''Mamie ?''

Elle rentra l'antenne. ''Qu'est-ce-que tu fais ici ma chérie ?''

''Je ne sais plus quoi faire, je veux qu'ils arrêtent de se battre.'' Lâcha Esméralda avec empressement. ''Je sais et je suis sûr qu'il faut utiliser cet instrument... Mais je ne sais pas en jouer.''

''Donne-le à Teedra.''

''Je crois qu'elle s'est laissée envoûter. Et puis, ils sont tous assoiffés de sang là-bas.''

Maya effleura ses oreilles du bout des doigts, ''Si tu te retrouves dans cette position, ici et maintenant, c'est que le cosmos c'est que tu sais quoi faire.''

''Le cosmos devrait savoir que je ne sais pas jouer du violon.''

''Mais tu dois connaitre quelqu'un...ou bien..., tu as essayé de jouer ?''

''J'ai essayé mais aucun miracle ne s'est réalisé, et d'ailleurs le bois a commencé à brûler mes doigts.''

Maya leva un sourcil avec surprise, ''Alors ne recommence plus ça, cet instrument n'est pas pour toi.''

Mais alors, à qui cet instrument était-il destiné ?

Elle pouvait d'ores et déjà éliminer de sa liste tous les demi-dieux qu'elle connaissait. Ainsi que les anciens car cette quête ne les concernait pas. Les dieux...c'était sans commentaire. Et les mortels car ils étaient inutiles à cette bataille.

Ou pas ! L'oracle pouvait leur venir en aide, elle avait la science des choses qui échappaient aux mortels et aux demi-dieux. Et puis elle était une artiste polyvalente.

''Nous devons trouver l'oracle de la colonie.''

''Je ne te conseille pas, elle est l'Oracle de Delphes je te rappelle. Par nature elle n'est pas assez neutre.''

Pas assez neutre ? Qui l'était dans ce grand désordre.

Les pensées d'Esméralda s'enlisèrent dans une paresse soudaine. Elle crut que son cœur cédait à l'enchantement, mais rien ne se passa, la haine ne l'avait pas envahi. Elle devint plus sensible au monde qui l'entourait, comme brûlée à vif, sans que cela lui soit désagréable. Au contraire, elle frémissait de plaisir. Son corps tangua vers l'avant et l'arrière.

Les mains calleuses de Maya l'agrippèrent pour la soutenir.

''Tu as mal ?''

''Non,'' Esméralda dévoila un sourire en coin, ''j'ai l'impression...d'avoir fumé un joint mamie.''

''P-Pardon ?'' Les narines de Maya se dilatèrent. ''Quand ? Ou ? Et avec qui ?''

''Je ne sais plus mamie..''

''Tu as intérêt à te souvenir.''

''...peut-être un après-midi dans la cage d'escalier avec des potes de lycée.'' Répondit Esméralda le regard lointain.

''Je vais te casser en deux !'' Vociféra-t-elle.

Esméralda sortit brusquement de son état. Outre les menaces de sa grand-mère, elle se demandait pourquoi ces brides de marijuana lui revenaient-elle.

''Je n'arrive pas à croire que tu aies fait ça.'' Continua Maya choquée.
Et pourquoi lui avait-elle raconté cette anecdote, la marijuana ramollissait son cerveau. A aucun moment son intention avait été de la peiner.

Esméralda se mordit la joue, ''Mais non, c'est inutile de te faire un sang d'encre. Je ne l'ai fait qu'une fois, c'était pour essayer.''

''Oui c'est grave ! Tu aurais pu devenir dépendante comme le fils du facteur.''

''Mais mamie, il n'est pas dépendant ! C'est sa solitude qui le tue.'' Rétorqua-t-elle. ''Ça n'a rien à voir avec sa consommation de marij-

Par les dieux, Balthazar !

''Balthazar Mordoh doit savoir jouer du violon !''

Esméralda se rappela leur dernière rencontre ; il était dérangé et embaumé de la substance jusqu'à la racine, mais plus important, il transportait un étui dans son dos.

Elle écarquilla les yeux, ''Par les dieux ! Il est comme Rachel.''

Esméralda jeta un regard à sa grand-mère qui fronçait toujours les sourcils, les mains crispées sur les hanches. Elle se dit qu'elle devait l'amadouer avant que ses doigts se retrouvent autour de son cou.

Esméralda Dia et la symphonie des ImmortelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant