Chapitre 35

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-Où allons-nous maintenant?
-A Milot. Que sais-tu de Cap-Haïtien?
-Que c'est la deuxième ville d'Haïti, avoua piteusement Ralph.
-Oh Ralph. Ben je vais te raconter tous ce que je sais. Je ne veux pas que mes enfants aient un père aussi peu cultivé.
   Ralph fit une grimace.
-Cap-Haïtien (Okap ou Kap Ayisyen en créole haïtien) était appelé Cap-Français ou Cap-Henri...
-Comme Henri Christophe?
-Oui, quand le pays était divisé en deux, Christophe dirigeait le Nord et Alexandre Pétion le Sud.
-Je sais Mademoiselle. J'étais aussi en terminale.
-Ouais. Ne m'interrompt pas. On appelle Cap-Haïtien, le Cap aussi. Comme tu l'as dit plutôt c'est la deuxième ville d'Haïti. Dans l'Est de la ville qu'on appelle jadis Guarico par les Amérindiens, Christophe Colomb fait construire un fortin baptisé la Navidad avec les débris de la Santa Maria.
-Ah ok, il y avait la Nina, la Pinta et la Santa Maria. Si je me rappelle bien, la Santa Maria a fait naufrage dans la nuit de Nœl de l'année 1492.
-Pas si bête que je le pensais le fils des Mainville.
-Merci, ronchonna Ralph.
-C'était une plaisanterie mon chéri.
-J'espère bien. Continue bébé, j'aime bien entendre ta douce voix.
-Alors Christophe Colomb a laissé 39 de ses hommes sur place, avant son retour, tous ont été tués par les indigènes excédés par leurs exactions car ils ont cherché à voler l'or et les bijoux des indigènes. Le fort, qui avait été incendié, ne sera jamais reconstruit et tombait dans l'oubli jusqu'à ce que des vestiges soient découverts par un paysan en 1977. En 1670, la ville fut fondée par une douzaine d'aventuriers pendant la période coloniale française sous le commandement de Pierre Lelong.
-Alors c'est à ce temps là qu'on l'a surnommé le Paris de Saint Domingue.
-Oui, elle était alors la capitale économique de la colonie de Saint Domingue avant la révolution haïtienne. En 1695, précisément en mai, le cap est attaqué et pillé par les Anglais, en représailles à l'expédition de la Jamaïque, menée en 1694 par Jean Baptiste du Casse.
  Ralph regarda autour de lui.
-En 1739 on édifie le fort Picolet, composé de deux batteries superposées, d'un chemin de ronde et d'une muraille longeant la côte. Tout près, il y avait le fort  Magny, Fort Saint Joseph, Fort Belly et Fort-aux-Dames. En 1790, on comptait 15 000 habitants. Entre le 21 et 23 juin 1793, la ville fut incendiée une première fois lors de l'affrontement franco- français entre les troupes républicaines et les séparatistes blancs.
-On m'a dit que c'est sur la place du Cap qu'on a proclamée l'abolition de l'esclavage.
-Oui c'était le 29 août 1793, par Étienne Polverel et Léger, Félicité Sonthonax qui étaient des commissaires envoyés par la France.
-Ces commissaires étaient venus rétablir l'ordre et la tranquilité dans le pays.
-Nous, les haïtiens on ne nous marche pas sur les pied. Après le 5 au 6 février 1802, lors du débarquement de l'expédition de Saint Domingue, le général Henri Christophe, faisant face à la supériorité militaire française par une politique de la tête brûlée,  declenche l'incendie qui détruit la ville en totalité. Alors Cap-Haïtien a connu des phénomènes comme la bidonvilisation, la pauvreté, l'insécurité et la criminalité.
-Tu es une capoise dans l'âme Vanessa, observa Ralph d'une voix remplie d'admiration. L'histoire de la Navidad m'interesse encore plus. Pourquoi Christophe Colomb avait laissé ses hommes? D'ailleurs ils ne connaissent pas les Amérindiens assez pour leur faire confiance.
-En fait les Amérindiens n'ont pas mal pris l'arrivé de Christophe Colomb vu que les hommes de la tribu du cacique du Marien Guanagarix, que Colomb avait rencontré l'avant- veille, ont l'aidé à débarquer la plus grande partie de la cargaison sur la terre ferme. Colomb était dans l'impossibilité d'amener tous les hommes de son équipage, alors il a laissé 39 sur place.
-Leur avidité et leur brutalité ont conduit les indiens Taïnos à les massacrer par vengeance, conclut Ralph.
-Ouais. En 1979, des archéologues américains ont effectués des fouilles, et ils ont conformé la présence des colons espagnols sur le site du village d'en bas Saline. Les Espagnols nommèrent ce lieu " Puebla Limon".
-Pourquoi? s'enquit Ralph.
-En raison de la présence de nombreux citronniers.
-En quelle année Limonade fut donc constuite?
-En 1676 par Bertrand D'Ogeron de la Bouere et on a révélé le 21 janvier 1691, Limonade fut le théâtre d'un important affrontement entre Français et Espagnols. En représailles de l'attaque et de la destruction de Santiago.
-C'est Saint-Yague, la partie orientale de l'île?
-Exactement. Après la Traité de Ryswick en 1697, par lequel l'Espagne reconnaît l'occupation par la France de la partie Ouest de Saint Domingue, Limonade connait un développement rapide. Les sucreries s'y multiplient, en même temps que commence l'importation d'esclaves d'Afrique.
-Tu feras une excellente prof d'histoire.
-Merci. Mais je me suis déjà inscrite en Sciences administratives.
-Ah oui?
-Oui.
-Nous sommes déjà à Milot?
-Oui. Nous sommes maintenant dans l'arrondissement de l'Acul du Nord.

   Charlotte Cormier rendit visite à son père à son bureau.
-Salut papa chéri!
-Bonjour Charlotte. Quelle suprise!
-Oui je suis venu t'inviter à déjeuner.
-Zut! J'avais promis à Caroline de l'emmener dejeuner.
-Voyons papa, bientôt tu vas l'épouser, maintenant que tu es libre, tu veux passer quelques temps avec ton unique fille. J'aurais pu dire unique enfant si maman n'avait pas mis au monde ce morveux.
-Charlotte! prévint Jacques. Alex est ton frère.
-Eh oui, il n'a pas oublié de me le rappeler tous les jours.
-Mais pourquoi tu le détestes Charlotte? J'arrive toujours pas à expliquer cette haine envers ton frère.
-Je ne veux pas m'empêcher d'imaginer, s'il n'était pas né, j'aurais tous ça pour moi tout seul, en désignant le bureau.
-Tu pourrais bien la partager à trois ma chère, déclara Jacques.
-A trois! s'exclama Charlotte en se levant. Comment ça à trois?
-Caroline est jeune, il se pourrait qu'on ait un enfant.
-Jamais. Comment peux-tu penser...
-Je plaisante Charlotte.
-Je l'espère papa. Vous avez déjà fixé la date du mariage?
-Oui 23 décembre. Nous rendons à Porto Rico pour notre lune de miel. Tu sors ce soir?
-Non, j'en ai assez de sortir avec ces idiots qui ne courent qu'après ma fortune. Tu savais que Ralph a quitté Port au prince?
-Non.
-Cette idiote de Marianne l'a fait quitter la ville sûrement à cause de cette peste de Vanessa.
-Ne me dis pas que tu as des vues sur le copain de Vanessa, gronda Jacques.
-S'il te plaît Papa, c'est pas comme s'ils étaient déjà mariés et même le mariage ne m'arrêtera. Cette paysanne m'a humilié le jour de mon anniversaire. Elle me le payera.

La Force du destin Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant