Never Alone - Tome 1 [Terminé]

21-We Close Our Eyes to See

Ryan

Les événements de la veille tournaient en boucle dans ma tête, sans pour autant trouver de sens à tout ce qui m'arrivait en ce moment. Ce qui nous arrivait. Je ne pouvais plus nier les sentiments que j'éprouvais pour elle, surtout après hier soir. J'avais côtoyé pas mal de filles dans le passé mais aucune ne m'avaient fait cet effet. Cette petite décharge qui avait parcourut tout mon corps lorsqu'elle posa sa main sur la mienne, venait de confirmer ce que je savais déjà. Il ne servait plus à rien de me mentir à moi même et je devais prendre les devants et affronter la vérité.

J'avais bien compris que nous avions tous les deux nos propres démons à combattre, et je voyais dans son regard qu'elle luttait en permanence. La question était de savoir contre quoi elle se battait avec autant d'acharnement.

Lorsque j'émergeai ce matin, elle n'était déjà plus là, ce qui ne me surpris qu'à moitié. Elle avait ce côté incontrôlable qui ne supportait pas qu'on lui dise quoi faire ni comment le faire. Elle avait toujours eu ces traits de caractères mais cela s'était bien amplifié avec les années. C'était une fille pour qui le mot liberté prenait tout son sens. Alors ne pas la voir dans l'appartement ne m'étonnai pas, elle avait seulement laissé un petit mot avec écrit « Je file, je dois rejoindre Jess », ce qui me fit sourire. Cette fille était vraiment incroyable.

Je décidai de profiter de mon après-midi pour aller faire un tour du côté de Eastchester et particulièrement dans ce petit coin abandonné proche de la jetée où on avait pris l'habitude, à l'époque, de venir passer quelques soirées avec Nate. Depuis je m'y rendais que très rarement, cela me ramenait trop à la réalité d'un monde sans lui. Les seules fois où j'y passais c'était lorsque j'étais au plus bas et que j'avais besoin de son soutien. Et bien évidemment je ne l'ai jamais eu et je repartais souvent dans le même état que lors de mon arrivée. Mais là c'était différent, j'avais juste besoin de son approbation, ça peu paraitre insensé mais j'avais besoin de lui parler, et le meilleur endroit pour le faire c'était bien là bas.

Par besoin d'aérer mon esprit, j'enfilai simplement mon perfecto, pris mon téléphone et mes écouteurs avant de m'élançai dans la rue. Je savais que c'était vraiment loin à pied mais j'avais envie de marcher et de réfléchir à toute la situation. Jordan avait raison, si on commençait à s'embarquer dans une relation il n'y aurait plus de retour en arrière possible, cassant et brisant nos liens fraternels qui ne pourront jamais être rétablis si jamais ça ne fonctionne pas entre nous. C'était quelque chose d'impensable et je ne pouvais pas m'imaginer la perdre à nouveau. Dans ce cas ne valait-il pas mieux ne rien commencer du tout et préserver ce qu'on avait déjà ? Est-ce que les sentiments que je ressentais étaient bien réels, après tout, je ne la connaissais plus qu'à moitié et une grande part d'ombre subsistait autour d'elle. Et puis dans tous les cas, il fallait que de son côté elle ressente la même chose pour moi. Et je savais qu'avant d'envisager quoi que ce soit, il faudrait qu'elle arrive à gagner ce combat qu'elle menait contre elle même.

Je ne vis pas le temps passé et mes pieds endoloris par la marche me sortirent de mes pensées. J'étais presque arrivé et j'avais mis pas loin de trois heures trente à venir jusqu'ici. Plus je m'approchais et plus les souvenirs remontaient. On avait passé des moments heureux ici tous les quatre, à parler de nos dernières conquêtes, de voitures et tout un tas d'autres choses qui intéressaient les jeunes de vingt ans de l'époque, autrement dit nous. C'est le sourire aux lèvres que je me dirigeai vers ce ponton avec cette impression que rien n'avait changé. La fraicheur venait de tomber et les derniers rayons de soleil s'abattaient sur ce pont en faisant un endroit apaisant, avant que la noirceur de la nuit ne prenne le dessus. Lorsque je m'assis sur le bord, je pouvais facilement l'imaginer à mes côtés, une bière à la main me souriant comme un frère à l'autre.