Chap 1 : Le 36

406 58 25
                                    

Bordel ! Mais qu'est-ce que je fous là ? La voiture se gare dans la cour, les deux molosses qui m'encadrent à l'arrière m'extirpent de mon siège en me tirant par les menottes.
— Hé, doucement ! Depuis quand se branler dans sa bagnole est-il un Crime ?
Ils me traînent sans ménagement à l'intérieur des locaux délabrés du 36, ainsi était appelé le secteur . Je suis un habitué des lieux, il m'arrive d'y venir pour croiser nos enquêtes. Mais y pénétrer menotté, c'est une autre affaire.
Après avoir grimpé les escaliers et capté le regard curieux de collègues que je ne connais que de vue, on me pousse dans un bureau aussi vétuste que le reste du bâtiment.
— Assieds-toi !
Je m'exécute nonchalamment en tendant mes poignets. Le balèze me regarde sans bouger.
— OK, j'ai compris, tu prends ton pied à me voir ligoté ! Dites-moi au moins ce que je fais là ?
Silence. Un grand blond avec une gueule de premier de la classe s'installe derrière le bureau.
— Bien... Alors, on aime s'astiquer sur la voie publique ?
Je n'y crois pas, je rêve. Je ne suis pas pudique, mais je n'ai pas forcément envie de déballer mes couilles sur la table devant toute la police judiciaire.
— Vous vous emmerdez à la Crim, ou quoi ? Détachez-moi, je ne vais pas vous agresser avec ma bite.
Il me fixe longuement. Sans se marrer.
— Détachez-le !
Je frictionne mes poignets, sors mon paquet de clopes de ma poche arrière et en extrais une.
— Je peux ?
— Fais comme chez toi...
Je n'aime pas sa façon de me dévisager, de mater l'anneau à mon oreille, les bagues à mes doigts, avec son sourire niaiseux. Sa gueule ne me revient pas : je sens d'emblée qu'on ne va pas être potes. Il s'adosse à son siège, croise les bras.
— Bon, alors ? Tu réponds ?
Je souffle la fumée.
— Quoi ? Tu veux savoir combien de fois je me branle par semaine ? Attends, dis-je en faisant mine de compter dans ma tête et en ébouriffant mes cheveux aussi sombres que son costard.
— À ta place, je ne ferais pas trop le mariole, kn
Putain, comment il connaît déjà mon nom ? Ça pue, cette histoire.
— J'étais dans ma bagnole, pas devant une école maternelle. Alors bordel, qu'est-ce que vous me voulez ?
— Tu es dans la merde, le Ruskoff. On sait tout sur toi ! Tes magouilles avec les putes... tu te fais de la thune sur leurs culs, souffle-t-il en posant ses avant-bras sur le bureau et en plantant son regard vicieux dans le mien.
Il délire ! OK, je ne suis pas un ange, mais jamais je n'abuserais des filles que je côtoie au quotidien. Je les respecte et elles m'apprécient, ce qui facilite mon boulot. Ce type me fout les boules et l'envie de lui exploser la tronche sur son clavier me titille.
— Tu n'es pas très original ! T'es comme tous ces cons qui pensent qu'à la BRP on fait du proxénétisme ? Qu'aux Stups il n'y a que des drogués ? À la Crim, vous êtes quoi ? Des serial killers ? Va te faire foutre, connard !
— Je ne t'aime pas et s'il n'y avait que moi, je ne ferais pas confiance à ta belle gueule.
Là, il commence à me faire marrer.
— Ah c'est donc ça ! Je te plais ! Tu t'intéresses à ma queue... Bon, allez, je me casse.
Je me lève, l'autre débile se redresse, tendu.
— Tu reposes ton cul sur ta chaise, sinon je te coffre avec toute la filière du centre !!
Sûr de moi, je range tranquillement mes clopes et m'apprête à partir quand la porte s'ouvre brutalement.
— Ça suffit ! Kira , dégage !
J'hallucine. Une tornade brune fait son entrée en rappelant son chien de garde qui part tranquillement se nicher dans un coin de la pièce.
jaylie, asseyez-vous !
Je cligne des yeux et la regarde s'avancer dans son jean moulant où repose un cul à faire bander toute la PJ. Elle doit faire un bon mètre soixante-quinze, a des jambes interminables ; son flingue dans un holster d'épaule par-dessus son T-shirt blanc met en valeur une magnifique paire de seins.
Que des privilégiés, dans ce service ! Ils se prennent pour des dieux et ont même le droit d'embaucher des déesses...
Légèrement troublé par Jelem Manuella Croft , je repose mes fesses sur la chaise en bois. Elle s'installe en face de moi et plante son regard bleu dans le mien. Bordel, jaylie, concentre-toi ! Gère ta bouffée de testostérone, pense avec ton cerveau.
— Bon... alors, jaylie kn, né le 13 juillet 1992 à Yaoundé de mère camerounaise  et de père canadien . Habitant 24 rue Ganneron odza et travaillant depuis cinq ans à la brigade de répression du proxénétisme. Vous avez été interpellé ce soir en fâcheuse posture, on dirait.
Je ne la connais pas, je ne l'ai jamais vue – je m'en souviendrais – et elle en sait déjà un paquet sur moi, un peu trop même. Je reste comme un con à la fixer, tandis qu'elle feuillette tranquillement des documents. Merde, c'est mon dossier de police !
— On dit que vous êtes un bon élément, vos supérieurs ne tarissent pas d'éloges sur vous, même s'ils vous trouvent parfois un peu caractériel et impulsif.
Elle est calme, parle bien. Qui c'est, cette gonzesse qui ne ressemble en rien à la plupart de mes collègues féminines ? Je reprends de l'assurance et me penche sur le bureau, réduisant la distance entre nous. En plus, elle sent divinement bon.
— Mais vous êtes qui, vous ? D'où vous sortez ? Vous tournez un épisode des Experts ou, vous aussi, vous vous intéressez à mon anatomie ?
Je plonge mon arme de destruction massive (c'est-à-dire mes yeux bleus dans les siens et lui décoche mon sourire en coin le plus séduisant. Allez, ma belle, laisse-toi charmer et je répondrai avec plaisir à toutes tes questions. Elle me toise sans ciller. Pas commode en fin de compte, la brunette.
— Fermez votre gueule, jaylie kn ! Vous pouvez vous branler autant que vous voulez, j'en ai rien à foutre, voire ça m'arrange, mais ici, c'est moi qui pose les questions ! Contentez-vous de répondre et d'obéir. Et il va falloir vous y faire car je vous annonce que vous allez travailler pour nous, enfin, plus précisément, pour moi !
Je hausse les sourcils.
— On va vous infiltrer dans le cadre d'une enquête qui commence à mettre tout le monde sur les nerfs.
Ça y est, tout s'explique. Ils ont besoin de moi et se permettent sans le moindre scrupule de prendre possession de ma personne. Je retrouve illico mon assurance, me sentant en position de force. Ma poulette, on ne me dit pas ce que je dois faire, on me demande. Je m'affale sur ma chaise, étends mes jambes et allume une autre clope en me marrant.
— Vous êtes en manque d'effectifs ou en panne d'inspiration ? Honnêtement, vous croyez vraiment que je vais venir faire le zombie pour votre service de jet-setters de la police ? Vous me faites tous marrer à la criminelle, vous pensez que tout le monde rêve de bosser avec vous. Eh bien, désolé de te décevoir ma jolie, mais je préfère les putes.
Elle me scrute en pianotant sur la table. Sa bouche est redoutablement sexy. Éventuellement, je veux bien la sauter, mais pas question de m'installer ici.
kn... je crois que vous n'avez pas bien compris ! Je ne vous demande pas votre avis. L'ordre d'affectation est déjà signé pour cette mission. Sauf si vous préférez que je vous colle un rapport pour délit sexuel sur la voie publique et une obligation de soins ?
Merde, je crois que je suis en train de me faire baiser. Je vois déjà ma réputation dégringoler. Elle jubile :
— Donc nous voilà collègues et sur cette enquête, je suis votre supérieure.
Quoi ? Il n'est pas question que je finisse comme le clébard dans mon dos. Cette nana doit avoir à peine mon âge et a dû être affectée ici parce qu'elle s'est tapée tout le ministère – ou parce qu'elle est sortie première des concours, et dans ce cas c'est une putain d'intello.
Je la mate pendant de longues secondes, cherchant un moyen de m'extirper de ce merdier.
— Pourquoi moi ? Vous avez tripé sur ma photo ?
Je lui décoche mon plus beau rictus. Elle me regarde de haut en bas et j'adore ça, certain qu'elle apprécie mon physique plutôt avantageux.
jaylie, votre côté beau gosse ne m'intéresse pas ! C'est plutôt votre queue, et ce que vous faites avec, qui fait que vous avez été choisi.
Je reste sans voix. C'est moi qui vais devoir coucher pour être promu ? Je suis en plein délire.
— Vous voulez que je fasse la pute pour votre service ?
Elle rit franchement, prend une cigarette dans mon paquet et l'allume..
Accoudée sur la table, elle me fixe à travers la fumée. Tous mes sens se réveillent d'un coup : je suis en manque et cette gonzesse excite ma libido.
— En quelque sorte... mais c'est surtout votre talent de branleur qui a éveillé notre intérêt. Vous faites ça tellement bien que dorénavant vous allez être payé pour vous tripoter. Il y a pire comme mission, non ?
Fuck, dans mon dos, rigole un peu trop à mon goût. Bon, OK. Ils sont en train de se payer ma tête et elle est peut-être bandante, la fliquette, mais là elle ne chauffe pas que mon entrejambe. Je vais me la faire, mais pas dans le bon sens.
— Écoute, ma poulette, si tu veux profiter de mon savoir-faire, ne te gêne surtout pas, mais je préfère que ça reste entre nous deux...
Elle se lève brutalement, jette sa clope dans le cendrier, plaque ses mains sur le bureau et se penche vers moi.
— Bon... Il est 3 heures du mat. Kn, je vous veux ici à 9 heures, en pleine forme, pour vous présenter au reste de l'équipe et vous expliquer votre mission.
— 9 heures ? Tu rigoles, je fais des heures sup, là ! Mais je te propose de me ramener, on gagnera du temps, tu pourras me briefer autant que tu veux.
Je me marre tellement je deviens lourd.
— Je ne vous ai pas autorisé à me tutoyer. Kira, occupe-toi de lui !...

                                                   ____________
                   2ème  partie . Qu'en pensez vous?
                   Merci de voter .
                          ________________
                       
                                    Voter
                                Commenter

Jaylie murder&sex[En ECriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant