Chapitre 10: L'Ex-Flic

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23 heures, je me pointe à pied rue Madagascar devant mon lieu de rendez-vous avec l'uro. Une vieille porte en bois sans enseigne, cachant certainement un bar glauque.
Putain de journée, putain d'enquête ! Après mon départ de chez Sine avec Caramel sous le bras, la visite de l'immeuble en face de chez moi n'a rien donné. Seules des familles bobos habitent les lieux. Je commence à croire que mon intrus a juste tripé sur la vue.
J'écrase ma clope, souffle la fumée et frappe. Je sens que cette soirée va être mémorable.
La porte s'ouvre sur un type énorme, barbu, moulé dans ses vêtements en cuir. Un mélange de locko et De k-tino. Bordel, me voilà chez les Villageois
version gore. Mon uniforme de parade aurait fait fureur. Le regard du bonobo glisse sur moi, détaillant chaque partie de mon anatomie.
— Qu'est-ce que tu fous là, mon loulou ? Tu t'es perdu ?
OK, Jaylie, joue-la cool si tu ne veux pas finir à tourner au fond de la cave. J'affiche un sourire aussi niais que le sien en louchant sur sa barbiche.
— J'ai rendez-vous avec Alex, ma biquette.
Fou rire intérieur en voyant les yeux du molosse s'arrondir de plaisir. Je réprime ma vision du gars courant dans les champs en bêlant. Il se décale aussitôt pour me libérer le passage. Mon attention se braque alors sur l'escalier qui descend dans les profondeurs et d'où provient une musique assourdissante. Un pas, la porte claque derrière moi. Mes muscles se tendent au contact du mec dans mon dos, mes poumons se bloquent au mélange d'odeurs, sueur et clopes froides.
— Eh bien, Blanche-Neige, vas-y, descends...
La vache ! Protège tes arrières ! Sinon c'est toute la parade Disney qui va te passer dessus !
Sourire complice à mon nouveau geôlier et je m'engouffre dans les bas-fonds. Un comité d'accueil des plus sympathiques ovationne visuellement mon arrivée dans une petite salle voûtée, où des spots rouges diffusent une lumière intermittente. Pas une gonzesse ! Seulement un amas de testostérone en fusion prêt à gicler sur le petit nouveau.
J'évite mon smile de starlette et me dirige direct vers le bar, seul endroit à peu près éclairé de la pièce. Ici, mieux vaut avoir un support sur lequel appuyer son cul. À peine suis-je accoudé au comptoir que le barman rasé, torse nu entièrement tatoué, se penche vers moi.
— Salut, mon petit poussin. Alors, qu'est-ce qu'il a envie de téter ce soir ?
Ah ouais... Ça se voit tant que ça que je suis vierge ? Je sens que je vais être la pucelle de la soirée. C'est pas bon ! Ils vont tous être candidats.
— Une bière ! J'ai besoin de me remplir la vessie, il paraît qu'elle vaut de l'or, dis-je, légèrement tendu.
Rictus en coin de M. Propre qui pose aussitôt une canette  devant moi.
— Je t'en sers autant que tu veux. C'est gratos si tu me réserves une place dans ton carnet de bal.
Il se penche un peu plus et plonge son regard salace dans le mien.
— Les dames-pipi sont dans la cour intérieure. Tu montes le petit escalier du fond.
Je lui offre un clin d'œil. Non, mais qu'est-ce que je fous dans ce merdier ? Ah ouais, l'enquête ! Bon, où est Alex ?
Tout en ignorant les prétendants qui s'accumulent l'air de rien autour de moi, je scrute la salle à la recherche de mon nouveau pote. Je suis sur les nerfs, chaque frôlement me donne envie de leur refaire la dentition. Je finis par bloquer sur la pipe effectuée en direct live au milieu de la piste de danse et sursaute au son de la voix bien reconnaissable de mon uro.
Jaylie ! Cool ! Bienvenue, mec !
Je tourne la tête vers le brun plutôt mignon qui déjà m'envoie une tape sur l'épaule. Il doit avoir sa réputation et un certain succès, vu l'envolée de mouches à son arrivée.
— Salut, Alex ! C'est quoi, ce traquenard ? T'as mis mon cul à prix ? Je préfère te dire d'emblée que c'est pas mon trip !
— Je sais ! Ce soir, j'empoche un max de blé et après on bouge ! T'en fais pas, ils ont pas l'air sympa comme ça mais en fait ils sont mignons, rétorque-t-il en faisant signe au serveur, tout en s'installant à côté de moi.
Je mate les gueules ravagées autour de nous.
— T'es quoi au juste ici ? Leur pute ?
— Oh, jaylie ! Je te permets pas ! Je gagne ma vie ! Honnêtement ! Disons que je vends mes atouts...
— Ouais, c'est bien ce que je dis.
Il ingurgite sa bière d'une traite en m'invitant à faire de même d'un signe de la main.
__Mec, si t'es dans le groupe c'est que t'es pas vraiment clean ou alors... il y a d'autres raisons.
Il exprime clairement ses doutes. Fait chier ! Il va falloir que je sois convaincant si je ne veux pas griller ma couverture. Ce gars m'a invité pour me tester.
— Désolé, mais me faire pisser dessus, c'est pas mon credo !
— C'est quoi, ton truc, alors ?
— Je me branle.
— C'est parfait ! Tu n'imagines pas combien ces types sont capables d'allonger pour te voir à l'œuvre. Un flic...
— Ancien flic. Je me suis fait virer.
— Je sais ! Mais pour eux, c'est pareil ! Allez, viens : je vais te faire visiter les lieux.
Il pose son verre, je le suis. Ce mec en sait apparemment beaucoup sur moi. Ça craint. Si je suis découvert, ça va être ma fête, et je commence à me dire que j'ai pas le choix que de participer à sa petite sauterie entre potes.
Nous évoluons ensemble vers le fond de la salle, sous l'œil lubrique de types louches prêts à lancer un chat-bite géant. Le sourire aux lèvres, mon compagnon de débauche grimpe l'escalier et pousse une porte métallique.
Cinq mecs se retournent à son entrée. Il s'avance dans la cour en les saluant. Appuyé à un mur, j'allume une cigarette en matant le transfert de billets et en espérant me faire oublier. Pas de bol : mon guide me rejoint.
— Bon, t'es chaud ? On y va ? J'ai doublé mon tarif grâce à toi.
Une lueur de défi agite ses prunelles sombres. Il est beaucoup moins con qu'il n'en a l'air et il y a urgence à le rassurer sur mon statut. Je tire sur ma clope en faisant marcher mes méninges à toute vitesse.
Bordel ! Impossible de me branler devant ces tarés. D'une, j'arriverai jamais à bander, et de deux, j'ai trop peur de me faire bouffer. Alex me dévisage en plissant les yeux. OK ! Détends-toi, mec ! Laisse-moi réfléchir. Les Connards se rapprochent. Je me redresse, bombe le torse.
__Bon, mesdemoiselles... je crois que c'est l'heure de la douche ?
Leur pisser dessus me semble être la seule option envisageable. Il me suffit juste d'imaginer leur gueule en urinoir public et ça devrait le faire.
— Toi, t'es cool ! Je sens qu'on va bien s'entendre ! jubile Alex en me poussant dans l'arène.
— Calme-toi ! Je fais vraiment ça pour te faire plaisir et... pour la thune !
— Je te le revaudrai !
— J'y compte bien ! dis-je en coinçant ma clope entre mes lèvres et en déboutonnant mon jean à côté de mon complice, sous les regards avides des cinq mecs déjà à genoux devant nous.
— Prêt, le flic ?
— Ex-flic ! T'es lourd !
— C'est pareil ! Allez, fais comme moi, le poulet !
Oh, bordel ! J'ai envie de gerber !

                          *

Accroché au bar de je ne sais plus quel club underground de la capitale, je tente de garder l'équilibre. Je peux plus rien avaler, sinon je vais crever ! Je savais que les missions d'infiltration étaient difficiles, mais celle-là aura ma peau. Non parce que je vais me faire découper en morceaux par un psychopathe, mais à cause de ce mec borderline que j'ai dû suivre dans ces délires afin de le séduire et qu'il me prenne pour son meilleur pote.
5 heures du mat et ce timbré, après sa séance d'uro, a décidé d'écouler notre pactole dans tous les bistrots  de Yaoundé. J'ai arrêté de compter au bout du quatrième et après avoir ingurgité des litres d'alcool. Putain ! Garder le contrôle ! Ouaiis... j'ai une enquêête... je dois rester claiir... La vache ! Ça tangue !
Je bafouille :
— Hé, dis-moi ! On accoste quand ?
— Mon gars, t'es défoncé ! me rétorque le barman.
— Ah ouaiis ? On est pas sur un bateau-mouche ?
Le type se marre, je tente d'ajuster ma vue mais ces putains de spots me vrillent le cerveau. La main sur le comptoir, je titube. Mon fana des pissotières se dirige vers moi en riant, suivi par un type immense et une grande blonde à moitié à poil. Je bloque sur son rouge à lèvre rouge vif.
Jaylie, on bouge ! Kanye et kim nous proposent une after !
Merde ! À quoi il carbure pour être encore debout ? Et cette bouche...
— Ton copain n'a pas l'air en forme. Tu l'as trouvé où ? rétorque le gros tas de muscles efféminé  en me dévisageant.
— C'est un flic ! Mais il est cool ! répond
— Ex-flic ! Tu fais... chier !
— Ouais, je sais. Je te charrie ! Allez, viens !
Pas le temps de réagir, je me fais embarquer. D'un coup de baguette magique, je me retrouve dans une voiture puis, sans rien capter du trajet, dans un appart. Debout au milieu du salon, je vois double, voire triple. Les rires s'infiltrent dans mon esprit en plein gang bang avec mes neurones. On est chez qui ? Il y a combien de personnes ? Totalement paumé, je ne bouge plus de peur de tomber. Mon Alex, à quatre pattes sur le tapis, est prêt à se faire défoncer... Oh, merde ! Jaylie, casse-toi d'ici vite fait !
Le visage de la blonde au sourire carnassier apparaît subitement à deux centimètres de ma gueule. Oh, putain ! Je manque de partir à la renverse. Elle m'a fait peur, cette conne !
— Ça va ? T'es toujours avec nous ? me demande-t-elle en m'observant attentivement.
Je bats frénétiquement des paupières. Non, elle est toujours là. Les beuglements derrière elle m'achèvent. Je souris bêtement à ce que je pense être une femme. Quoi ? Jaylie, pense pas à ça ! Oui, c'est une nana ! Enfin... dans mon état, j'ai un doute. Je louche sur sa paire de seins.
— Je crois que... je vais rentrer...
— Attends, souffle-t-elle en crochetant déjà mon jean.
Incapable de réagir, je le sens tomber sur mes chevilles, suivi de mon boxer. La tête plonge entre mes jambes, me laissant une vue imprenable sur mon uro en train de se faire prendre par le grand balèze.
Oh, merde ! C'est trop...

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Jaylie murder&sex[En ECriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant