Chapitre 37 : Découvertes matinales

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Les cheveux encore mouillés, une clope éteinte entre les lèvres, je descends les escaliers en pleine forme. Ma star du X a profité de ma somnolence pour s'éclipser silencieusement de ma chambre.
Son regard fuyant, son sourire gêné accueillent mon entrée dans la salle à manger. Oh non,Jelem , tu ne vas pas me la jouer timide ! Plus maintenant.
Le proprio me salue en posant un café devant moi.
— Bonjour. Vous avez bien dormi ?
— Parfait ! L'air de la montagne est très vivifiant, dis-je en plantant mon regard dans celui de ma pornographe.
Le gars disparaît et me laisse en tête-à-tête avec celle qui est en passe de devenir mon plan cul préféré.
Jaylie , arrête de me regarder comme ça ! s'exclame-t-elle en claquant sa tasse sur la table.
— Excuse-moi, Jelem , mais je crains de ne plus te voir pareil.
— On a déconné, enfin... j'ai déconné ! Quelle merde !
Ça recommence ! À croire qu'elle est atteinte d'un dédoublement de la personnalité.
— Arrête de te prendre la tête ! On a juste baisé ! Cela devait arriver et il n'y a pas de quoi te torturer les méninges.
Elle me fixe avec intensité. Je souris en mâchouillant un croissant.
— T'es amnésique ? Tu as vu ce qu'il s'est passé cette nuit !
— Ah oui, je l'ai surtout bien senti.
— Bordel ! Ça craint ! Qu'est-ce qu'il m'a pris ? s'interroge-t-elle, en stress.
— Il t'a pris que t'avais sacrément envie de me régler mon compte ! Et, déstresse, il n'y aura pas de problème avec moi, je suis une tombe. Tu as pris ton pied, moi aussi, rien de plus ! Ceci dit, t'es plutôt un bon coup...
— T'es con ou quoi ?
Les compliments, c'est pas son truc, on dirait. Je hausse les épaules en l'interrogeant du regard.
— Putain,Jaylie , on a pas mis de capotes !
— Ah...
Des images pornos plein la tronche, je secoue la tête et me reconcentre sur ma chieuse en chef. La voilà, la raison de ce putain de kiff sensoriel. Je n'ai pas baisé sans capote depuis... je m'en souviens même pas. Je devais avoir quinze piges.
— Ouais, bon, c'est pas top mais il faut dire que tu m'as sauté dessus et je te fais confiance. J'espère juste que t'es pas en train d'essayer d'avoir un môme avec ton mec parce que moi je veux pas participer à cette connerie !
— Non mais, t'es dingue ! Et c'est tout ce que ça te fait ?
— Oui.
— Mais bordel,Jaylie , je suis limite à courir à l'hosto ! Toi, tu as peut-être confiance et tu n'as pas tort car une chose est certaine, c'est que je suis clean, mais toi ? Tu te tapes toutes les putes de douala -Yaoundé .
Je rigole en allumant ma clope.
— Détends-toi, Jelem . Tu deviens flippante et désobligeante avec mes copines. En plus, d'une, je ne me tape pas toutes les putes, j'ai mes habituées...
— Super ! s'exclame-t-elle en levant les mains, atterrée.
— De deux, je baise toujours avec capote mais toi non ! Alors s'il y en a un qui doit s'inquiéter ici, c'est moi.
— Je suis en couple ! Je n'ai jamais trompé Aurélien, se défend-elle.
— Peut-être, mais lui ?
Elle reste muette.
— Finalement en y réfléchissant bien, un petit test s'impose.
Elle s'empare de ma cigarette, tire dessus nerveusement.
— Tu as raison ! Je passe au labo dès qu'on rentre ! Mais toi aussi !
Putain, rends-moi ma clope ! Et puis tout compte fait, garde-la. Je me casse. Les discussions matinales me foutent mal au crâne.
— C'est bon ? On peut passer à autre chose et y aller ?
Haussement d'épaules. Je me lève et m'éclipse.
Jaylie , toi aussi, t'es un putain de coup... avoue-t-elle enfin.
Un sourire au coin des lèvres, je quitte la pièce sans me retourner.

                                    *****

Une demi-heure que j'enchaîne les virages dans un silence de mort. Jelem  n'a pas ouvert la bouche depuis notre départ. Vu comment elle s'est pris la tête lors de son premier dérapage avorté dans sa maison de campagne, je n'ose même pas imaginer l'état de son cerveau après sa multirécidive de cette nuit. Difficile de plaider non coupable quand on a baisé à trois reprises.
Je ricane intérieurement et ralentis lorsque le GPS nous indique notre arrivée imminente. Mais il n'y a rien ! Juste une forêt lugubre, des roches grises. Soudain, j'aperçois une grande maison sinistre sur le bord de la route.
— Ça doit être là ! Arrête-toi !
Je me gare devant ce qui ressemble à un vieux corps de ferme.
— Merde ! C'est glauque. Je comprends mieux le Sebastian et ses envies de meurtres.
Manuella descend, je la suis. Pas de porte, juste une façade en pierre et bois avec deux petites fenêtres crasseuses. Je mate discrètement à l'intérieur en longeant la bâtisse. Une cuisine datant d'une autre époque, un salon vieillot, personne.
Pendant que nous contournons le bâtiment sur la droite, des grognements attirent mon attention. Je me fige en tendant ma paume ouverte derrière moi pour avertir Jelem  de ne pas bouger. Lentement, je dégaine mon arme, fais un pas. Un molosse noir sorti de je ne sais où surgit en aboyant comme un enragé. Je le mets en joue, recule, son grognement déraille lorsque sa chaîne se tend. Ses crocs claquent à dix centimètres de ma gueule.
— Putain de clébard ! Je déteste les chiens.
Jelem , morte de rire, me passe devant en rasant la maison. Je la suis en surveillant la bestiole qui s'égosille comme un taré.
Ma boss se dirige vers ce qui semble être une porte d'entrée. Je m'arrête de nouveau en entendant d'autres grognements sourds derrière les planches qui remplacent la pierre des murs. Je jette un œil à travers les interstices et fronce les sourcils devant ce qui semble être une femme de dos, au milieu de... porcs, je crois. Jelem  disparaît dans la maison. Je range mon arme et interpelle la silhouette.
— Madame Miniot ?
Rien. Pas un mouvement. Elle est sourde ? Je longe l'étable et pousse la porte battante. Une odeur âcre s'incruste dans mes poumons. J'avance dans une gadoue puante en retenant ma respiration et hausse les sourcils.
Oh, c'est dégueu.
JAYLIE ! m'appelle Jelem  de l'autre bout de la ferme.
Je dégage et me précipite pour la rejoindre. Plantée au milieu d'un salon immonde, elle examine un gros mec tout blanc, les yeux ouverts, assis bien tranquille dans son fauteuil. On lui a tranché la carotide et tout son sang s'est déversé « sur son débardeur gris duquel dépasse son bide visqueux.
— On arrive trop tard. Quelqu'un a fait le ménage, lâche-t-elle, dépitée.
— Attends ! T'as encore rien vu. Va faire un tour chez les porcs à côté !
— Les porcs ?
— Oui, tu sais, l'animal avec un groin et une petite queue tordue.
Elle déguerpit. Penché sur le type refroidi, je rigole tout seul en imaginant la tronche de ma grande brune quand elle va découvrir la fermière. J'étudie les chairs de la gorge du bonhomme a priori refroidi depuis peu. C'est net, précis, du beau boulot exécuté avec un instrument de qualité. Subitement, des coups de feu retentissent. Mon flingue au poing, je fonce à l'extérieur. Merde, Jelem  ! Le palpitant à cent mille, je déboule dans l'étable en braquant mon arme et me stoppe net en écarquillant les yeux. Ça beugle, ça couine.

Jaylie murder&sex[En ECriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant