Chapitre 8 : Intrusion

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Sa tête de con et son sourire niaiseux me foutent d'emblée les nerfs. Assis en face de lui, je me calme en jouant avec ma bague.
— Alors kn, tu étais où hier entre 22 heures, dernière heure à laquelle notre victime Mme Ngassa a été aperçue par son voisin, et 6 heures ce matin, heure à laquelle son oncle l'a retrouvée morte ?
Je me marre, tellement le gars se prend au sérieux. Non mais il délire, il faut lui donner un anxio et lui rappeler qu'on bosse ensemble. Tout en levant ma main pour lui faire coucou, je rétorque en riant :
— Youhou, kira ! C'est moi, jaylie ! Tu te rappelles, le gars que tu as arrêté et qui bosse maintenant dans ton équipe !
kn, répond à ma question ! insiste-t-il, le visage impassible.
Putain, le type, il est méchamment attaqué ! C'est quoi, sa drogue ? J'en veux ! Ça a l'air dément ! J'inspire pour maîtriser la crise de fou rire qui menace.
kira, tu as un examen à passer ? Tu t'entraînes pour tes prochains interrogatoires ? OK, t'es bon alors vas-y, change de disque et parle-moi plutôt de l'enquête, où on en est ?
kn, j'attends, dit-il sérieusement.
Bordel, il devient flippant avec sa gueule de premier de la classe. D'ailleurs, on ne peut qu'être sacrément en conflit avec soi-même pour être flic et porter des costards de banquier. Ça doit être un frustré des écoles de commerce entré dans la police pour assouvir a minima sa soif de pouvoir. Bon, je réponds à sa question et après, s'il ne se calme pas, j'appelle les urgences psychiatriques.
— J'étais avec Jelem jusqu'à une heure du mat environ, et après avec sa copine jusqu'à ce matin.
Il se décompose. Je jubile intérieurement en imaginant tous les fantasmes qui fusent dans son cerveau déjanté.
— Comment s'appelle la fille avec qui tu étais ? Qu'on l'interroge.
Là c'est trop, j'explose de rire en pensant à Jelem et à sa tête si on cuisine sa copine.
— J'en sais rien, je connais juste son prénom : Sine. Demande à jelem, elle la connaît mieux que moi ! Je peux juste te parler de son cul, éventuellement.
Sine ? Tu te fous de ma gueule, Kn !
— Non ! Tu en fais une tronche. C'est ta femme ?
Il cligne des yeux et pianote sur son ordinateur.
— Tu es allé le chercher où, ce prénom ?
Il commence à me chauffer avec ses questions à la con. Je perds progressivement patience et c'est pas bon.
— Écoute, Kira, arrête ton numéro de flic qui fait du zèle avec moi, sinon c'est sur tes dents que tu vas pianoter ton rapport.
Le mec se tend, un léger tic agite le coin gauche de sa bouche. C'est un faux calmé,ce gars peut péter un plomb. J'adore ça.
kn, continuons, quelles étaient tes relations avec la victime ?
OK, il lâche pas l'affaire !
— Je la baisais deux fois par semaine avec l'aide de ses deux chats, et le tonton, il venait parfois pour mater. Putain, Kira  ! Détends-toi, sinon...
Il m'ignore, continue son rapport.
— Donc je note que vous étiez intime avec la victime.
Son disque rayé me fait voir rouge puis noir et, avant qu'il ait le temps de relever la tête, mon corps se redresse, ma poigne se referme sur sa nuque et plaque sa joue contre la surface du bureau. Légèrement tendu, j'approche ma bouche de son oreille et murmure calmement :
— Je t'ai dit d'arrêter ton petit jeu. Tu m'as mis en rogne et je déteste ça !
La porte s'ouvre brutalement derrière moi.
— Mais qu'est-ce qu'il se passe ici ? Véline, tu fais quoi, là ?
Mila me fusille du regard. Je relâche mon collègue, le pousse contre le dossier de sa chaise, réajuste sa cravate en lui donnant une tape sur la joue.
— Rien, on faisait plus ample connaissance ! Hein, kira, t'es un bon gars, tout compte fait !
Jelem, ce type est cinglé ! Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de l'avoir choisi pour cette infiltration. Il est instable et violent. De plus, il refuse de se soumettre à l'interrogatoire, s'écrie-t-il d'une voix stridente.
Bla-bla-bla... Vas-y, balance à ta chef, elle va te donner une image !
Jelem s'avance en nous regardant tour à tour. Un grand sourire aux lèvres, je lève les mains en signe de reddition.
— Ça suffit, tous les deux ! On a autre chose à foutre que de participer à vos enfantillages. Kira, on s'en tape de l'interrogatoire, tu as épluché les appels, les relations de la victime ?
Le premier de la classe passe au dernier rang.
« — J'ai commencé, il y a un numéro qui revient souvent, c'est une agence d'escorts.
J'éclate de rire. La secrétaire en escort girl !
jaylie, tu as une remarque à faire ? m'interroge Jelem , agacée
— Non, non, c'est juste que la vieille n'avait pas le physique de l'emploi, en revanche elle a certainement dû faire appel à l'agence pour rencontrer des mecs ou des nanas. Plutôt des mecs à mon avis.
— Ils proposent des hommes dans cette agence ? interroge la chef en se tournant vers l'autre tordu.
— Je... je ne sais pas.
Jelem manuella Croft l'impressionne carrément, il va se pisser dessus si ça continue ; l'idée qu'il soit amoureux d'elle commence à émerger dans mon esprit. Oh, kira, ça va me plaire, ça. Je vais pouvoir m'amuser avec toi.
Je rigole, attirant l'attention de ma belle brune.
kn, marre-toi ! Kira, vérifie s'ils ont des hommes en catalogue et si c'est le cas,on va envoyer notre taupe chez eux, n'est-ce pas,
kn  ?
Oh merde, en plus des cinglés, il va falloir que je copine avec les putes, bon, ça c'est plus mon rayon. Un sourire de satisfaction s'affiche sur le visage de ma fliquette et une lueur sadique dans le regard de l'autre timbré. Je m'affale sur ma chaise, étends mes jambes en mettant mes mains dans mes poches.
— Pas de problème ! Je peux tout faire, tout ce que tu veux mais reconnais que ça t'excite.
Son bleu azur braqué sur mon bleu orage, nous entamons un bras de fer visuel quand la porte s'ouvre et se referme sur un Marius affolé.
jelem, jaylie ! Je crois que notre tueur a mordu à l'hameçon !
Interloqués, nous le regardons. Il sautille comme un gamin, je craque le premier.
— Vas-y, crache ton scoop. On n'en peut plus, là.
— J'étais sur le PC en train de surveiller ton appart, jaylie, et quelqu'un est entré...
« Mila manque de s'étouffer.
— Putain, Marius ! Tu nous balances ça comme ça. Ce n'est pas un jeu vidéo ! Il fallait nous le dire tout de suite et foncer là-bas ! fulmine ma chef.
— J'ai immédiatement envoyé une patrouille de quartier pour protéger notre source. Voir le 36 débarquer sans raison, ça aurait fait un peu bizarre.
Il n'est pas si stupide, notre gamer.
— Mais rien. Depuis mes écrans, j'ai vu la personne ressortir cinq minutes après être entrée. Il n'a même pas été voir dans la douche où était la nana.
Mon sang se glace. Sine ! Bordel, qu'est-ce qu'elle foutait encore chez moi ? J'espère que ce cinglé n'a pas trucidé ma sénégalaise dans ma douche, c'est dégueu ! Les poings serrés, j'interroge Jelem du regard.
jaylie, elle m'a dit qu'elle prenait une douche et qu'elle partait, je n'en sais pas plus que toi.
Elle sort son téléphone en arpentant la pièce de long en large. Je deviens cinglé à rester ici.
« — Messagerie.
— Il faut que quelqu'un me ramène chez moi ! Et putain, retrouvez-moi cette nana !
Marius, toujours surexcité, intervient. Je vais lui péter la tronche s'il dit une connerie.
Jaylie, viens voir la vidéo, tu pourras peut-être nous aider. On ne peut même pas voir si c'est un homme ou une femme. Mais je te rassure, il n'a pas touché à ta copine.
Les nerfs à vif, j'inspire profondément.
— OK. Allons voir ça, mais mettez une équipe sur Sine !
Jelem approuve. Marius, installé devant son poste de surveillance, lance la vidéo. Les pervers ! On peut voir toutes les pièces de mon appartement en simultané.
Jelem apparaît à l'écran, en conversation – un peu agitée – avec son amie ; puis elle quitte l'appartement. Sine ouvre ma penderie, regarde à l'intérieur, sans fouiller. Qu'est-ce qu'elle fout ? Elle veut renifler mes caleçons ? Lentement, elle se dirige vers la salle de bain, se déshabille et entre dans la douche. Je constate qu'elle est vraiment bien foutue et que le geek ne doit pas s'emmerder dans son boulot, il pourrait me remercier car c'est vachement kiffant. Discrètement, je me penche à son oreille.
— Tu pourras me faire des enregistrements ? Ça me fera des souvenirs.
Il se marre, notre chef pas du tout.
En plein matage de ma nymphe sous les eaux, ma concentration peine à se porter sur l'entrée où se profile un individu affublé d'un jean, d'un sweat ample, la capuche couvrant les trois quarts de son visage baissé. C'est trippant, on est en train de se visionner un vrai thriller, il ne lui manque plus que le couteau de boucher à la main.
Marius, mets sur pause !
J'ai besoin de noter les moindres détails, visibles ou non. Pas de bagues, des baskets bon marché, de carrure et de taille indéfinissables avec ces vêtements informes. C'est pas gagné. Marius appuie de nouveau sur « play », l'individu se remet en marche, zappe le salon pour aller directement dans la chambre. Il contourne le lit, reste un moment immobile face à la fenêtre avant de ressortir de la pièce. Devant la porte de la salle de bains, sa main se pose sur la poignée. Mon palpitant accélère, quel suspense, on est bons pour les Oscars ! Mais il quitte les lieux...
À ma demande, Marius nous repasse plusieurs fois l'enregistrement : mon cerveau, mes yeux analysent à toute vitesse les données et plusieurs questions se posent immédiatement. Pourquoi il est allé directement dans la chambre ? Qu'est-ce qu'il a foutu devant cette fenêtre et évidemment pourquoi il n'a pas touché à Sine ? Soudain, une pensée sinistre s'infiltre dans mon esprit. Et s'il l'avait attendue en bas de chez moi ?
— On a retrouvé Sine ?
Jelem, inquiète, me fait signe que non. Il faut qu'on la retrouve, vivante ou morte, les disparitions, ça me rend dingue, je n'aime pas ne pas savoir.
Jelem, ramène-moi chez moi et donne-moi son adresse, je vais y aller !
Jaylie, je vais y passer...
— Non ! Si le tueur en a après elle, il ne vaut mieux pas qu'il sente que les flics sont dans les parages.
*

Dans la voiture conduite par xercès, ma boss, assise à l'avant, se retourne vers moi.
jaylie, tu me tiens au courant mais je suis certaine qu'elle va bien. C'est une fille maline.
Bon, c'est sûr que, bourrée, elle l'était beaucoup moins et il faut dire que nous n'avons pas beaucoup discuté.
— Elle est journaliste d'investigation, elle étudie les groupes militants actifs en tout genre et a l'habitude de fréquenter des milieux pas franchement sympathiques. C'est une femme très prudente et méfiante, renchérit ma supérieure.
— Ah ouais, on ne dirait pas ! Je l'ai trouvée plutôt docile et facile à manier.
Ma remarque l'exaspère, et tant mieux, car je n'ai plus du tout envie de l'écouter. J'ai besoin de me concentrer, de me mettre dans la peau de ce tueur en me plantant devant ma fenêtre. Je suis certain que son comportement est un indice.
Je salue mes collègues rapidement et monte les étages à toute vitesse. Une fois que je suis arrivé devant ma porte, tous mes signaux clignotent, elle est juste tirée, pas fermée. Ma main sur mon flingue, dans mon dos, je la pousse et scanne rapidement la pièce, rien. Je fais de même pour toutes les autres, fouille les moindres recoins de l'appart : R.A.S.
Peut-être Sine a-t-elle mal claqué la porte ? Si le visiteur était revenu, marius l'aurait vu. Je me détends et fonce dans la chambre, vers la fenêtre, exactement. Mes yeux scrutent les moindres détails du paysage urbain qui s'étend devant moi. Trois grands immeubles de cinq étages, les toits en zinc, la rue en contrebas avec la boulangerie de quartier, un bar défraîchi. Merde ! Qu'est-ce qu'il a foutu devant cette fenêtre ? Je m'empare de mon casque et file à la recherche de Sine. Je verrai ça plus tard. Il va falloir que j'aille visiter les immeubles d'en face.
Sine habite à environ quinze minutes à pied de chez moi, dans un quartier bobo. Je me gare devant un immeuble plutôt bien entretenu, pousse la grande porte cochère et me retrouve dans une belle cour. Suivant les indications de jelem, je la traverse en scrutant les moindres renfoncements et emprunte la cage d'escalier la plus à gauche. Arrivé sur le palier du quatrième étage, j'observe les trois portes en bois et soudain mon cœur se met à battre plus fort. L'une d'entre elles est entrouverte, exactement comme la mienne. Soit elle a un problème avec la fermeture des portes, soit... Le pas assuré mais léger, je dégaine mon flingue et m'avance. Le nom sur la sonnette me confirme qu'il s'agit bien de son appartement. J'ai bien l'impression que Sine a dû faire les frais de sa nuit avec moi. Je pose lentement ma main sur le battant et le pousse.
Putain ! C'est quoi, ce carnage ?


                                              ________________                   9ème partie

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Jaylie murder&sex[En ECriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant