Je pénètre dans le petit hôtel et repère aussitôt la silhouette longiligne de Suzanne assise au bar. Personne à l'accueil, personne dans la salle. C'est mortel comme ambiance ! Je m'installe à côté d'elle, le barman me salue discrètement.
— Bonsoir, Suzanne.
Elle sursaute, son regard anxieux se plante dans le mien.
— Merci, jaylie, d'être venu. Je suis désolée mais je ne savais pas qui appeler.
— Ne t'en fais pas. Si je te l'ai proposé, c'est que ça me fait plaisir. Tu sais, moi aussi, je n'ai pas grand monde à qui parler.
Elle sanglote en silence. Je m'ennuie déjà et commande une vodka, histoire de rester sur ma lancée.
— Tu sais, j'aime mon mari. Mais son côté dominant a pris une tournure extrême. Je crains qu'il n'ait plus de limites.
Silence. Elle triture sa coupe de champagne devant elle. J'avale une gorgée, hésitant à me taper mon verre cul sec et me casser.
— Mais c'est ma faute. En tant que soumise, j'avais le pouvoir de l'arrêter et je ne l'ai jamais fait, le poussant au contraire à aller toujours plus loin.
Accoudé au bar, le menton dans ma main, je l'écoute. Putain, je suis crevé et j'en ai rien à foutre de ses états d'âme de soumise !
— Tu as peur de lui ?
Ses iris émeraude se braquent subitement sur moi. Quoi ? J'ai dit une connerie ? Le mec, il a quand même fait de la broderie avec sa chatte ! Y a de quoi flipper quand il te dit « chérie, on baise ce soir ?>>
— Non. J'ai peur de moi. Je ne suis pas capable de canaliser sa violence. C'est ma faute.
Mouais, cette nana est carrément sous emprise, son identité s'est fait la malle. Je masse ma nuque, me frotte le visage. Il fait une chaleur...
— Suzanne, tu ne trouves pas qu'il fait trop chaud dans cet hôtel ?
— Non, ça va ? Tu te sens bien ? dit-elle, surprise.
J'inspire profondément, m'enfile mon verre d'un trait.
— Oui, oui, je suis fatigué. Tu devrais... peut-être... passer un peu de temps loin de ton mari, pour... réflé... chir.
Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Mon élocution part en vrille. Je frotte mes mains sur mes cuisses, mes jambes tremblent. Je pique du nez, relève brutalement la tête. Elle pèse une tonne, mes joues, mes mains, ma bouche s'engourdissent.
— jaylie, tu te sens bien ? T'es tout pâle !
Bordel, c'est quoi, ce délire ? Il est où, le serveur ? Le palpitant à fond, je mate autour de moi. Ça tourne. Merde ! On m'a drogué. Incapable de parler, je me lève, manque de m'écrouler et me cramponne au bar, haletant. Suzanne, affolée, passe son bras autour de ma taille. Jaylie ! Reste lucide, putain !
— Je vais t'emmener dans ma chambre. Tu vas te passer de l'eau sur la figure.
Trébuchant, je me retiens au mur. J'y vois de moins en moins, je me fous des claques. Une porte, un bruit, des talons, je m'effondre...
Une voix, je cligne des yeux, la lumière m'aveugle. Où je suis, bordel ? On me touche, il fait froid. Je bouge la tête, elle retombe aussitôt. Je suis tellement fatigué... jaylie ! Réveille-toi ! Non... Putain, mec, secoue-toi ! Je rassemble toutes mes forces pour me redresser. Où est mon flingue ? Merde ! Je suis à poil... Une main froide sur mon épaule m'invite tranquillement à me rallonger. Les membres mous, engourdis, je panique sans pouvoir lutter. Une ombre se penche sur moi, je grimace à la douleur dans mon bras. Un visage flou.
— Calmez-vous. Tout va bien se passer...
Un homme... mes paupières sont lourdes, de plus en plus. Je ferme les yeux...*
Jaylie, réveille-toi ! Je peux pas ! Je suis où ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Impossible d'ouvrir les yeux, c'est trop dur... Dormir... Où je suis ?
Incapable de bouger, je sens que j'émerge et replonge. C'est long, beaucoup trop long... Je suis fatigué. NON ! BOUGE ! Mon cœur s'emballe, je tousse, j'ai du mal à respirer. Mec, calme-toi ! T'es vivant. Mon souffle résonne dans ma tronche, je me concentre comme un malade sur mon rythme cardiaque. Je cligne des yeux. Cette lumière, c'est atroce. Impuissant, j'attends. Ça va passer, ça va passer...
*Un sursaut. Dans le coltard, j'ouvre les yeux et tire mollement sur mes bras relevés au-dessus de ma tête. Putainnn ! Je suis attaché. Calme-toi, respire. La vision trouble, je déglutis et tente de réguler ma respiration. J'ai soif, j'ai envie de gerber. Immobile, je scrute la lumière éblouissante du plafond. Au ralenti, je tourne la tête à droite : les lueurs du jour filtrent par la fenêtre. Je suis toujours à l'hôtel ? Mon regard se pose sur la table de nuit où trônent ma carte de police et mon flingue. Bordel, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je ferme les poings, tire encore sur mes bras. Impossible. La rage et la peur se mêlent à ma faiblesse, je plie les jambes. Putain de merde ! La douleur m'arrache un râle rauque. Le souffle bloqué, je crache mes poumons, c'est encore pire. Les muscles tétanisés, tremblants, je ne bouge plus. Mon pouls pulse dans mes veines. Bordel, ce que j'ai mal. Où ? Où j'ai mal ? Paniqué, je braque mon regard à gauche et me fige.
Mon dieu... c'est un cauchemar. Suzanne, étendue à plat ventre sur le lit voisin me fixe, les yeux grands ouverts, inerte, un filet de sang séché au coin des lèvres. Là j'ai clairement raté un épisode. Je redresse doucement la tête. Putain ! Le carnage ! Les draps sur lequel repose le corps impeccablement blanc et nu de la SM sont imbibés de sang. OK. On reste calme. Et toi ?
Mon regard dévie sur mes jambes. Un drap propre les recouvre jusqu'à ma taille. Je bouge les pieds et doucement plie les genoux. J'étouffe un cri en serrant la mâchoire, ma tête retombe sur l'oreiller.
Je reprends mon souffle. Allez, mon gars, fais pas ta mauviette ! Bouge-moi ces putains de jambes ! Je compte jusqu'à trois et rabats brutalement mes genoux sur mon torse. Je hurle à me crever les tympans, mon cerveau vrille sous la douleur. Tous mes muscles épuisés se relâchent d'un coup, je m'effondre comme une merde et lutte pour ne pas tomber dans les vapes...
Des bruits dans le couloir m'extirpent de ma concentration, la porte s'ouvre. Jelem, suivie de xercès et de Diany entrent, l'arme au poing. Je ferme les yeux, soulagé.
— Merde ! Xercès, détache-le !
Ça s'agite autour de moi. Je suis fatigué, très fatigué. La voix de Jelem résonne.
— Appelez l'ambulance immédiatement ! On a un agent blessé et que les scientifiques ramènent leur cul ! On a aussi un meurtre.
Libéré, je ramène mes bras sur mon torse. Bordel, ce qu'il fait froid.
— Mec, ça va ? Comment tu te sens ? me demande Xercès.
« — Mal, je me sens mal. J'ai envie de gerber... et putain, j'ai mal.
— Où ça ?
Jelem s'approche, me dévisage. Je suis crevé, j'ai du mal à respirer, mes paupières sont de nouveau lourdes.
— jaylie ! Reste avec nous ! Regarde-moi ! s'écrie-t-elle en posant sa paume chaude sur ma joue.
Instinctivement, je plie mes jambes engourdies et me tords de douleur.
— Oh, putain ! Qu'est-ce qu'on m'a fait ? Bordel !
Jelem, inquiète, mate xercès et leur attention se braque sur le drap au niveau de mon entrejambe où se répand progressivement une tache rouge sombre. L'expression d'horreur sur le visage de mes collègues fait ressurgir brutalement les propos de ma mère « Il va te couper les couilles au couteau de boucher ». L'effroi me prend à la gorge. Sidéré, je ne bouge plus.
— Le mec m'a...
— jaylie, ne bouge surtout pas, l'ambulance arrive, me balance ma chef, décomposée, ses mains tremblantes posées sur mes épaules pour me maintenir.
— Je me sens pas bien, murmure Xercès tout pâle.
C'est pas possible... je vais me réveiller. Une violence inimaginable, une envie soudaine de tout défoncer me tord les tripes. Je hurle comme un dingue, me redresse brutalement et me lève. Une douleur atroce me déchire l'abdomen. La pièce tourne à toute vitesse, je m'accroche à jelem. Elle me parle, mes oreilles bourdonnent, mes jambes me lâchent. Plus rien ...__________________
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Jaylie murder&sex[En ECriture]
Mistério / SuspenseJaylie .ok, je vous l'accorde c'est bizarre comme prénom pour un mec. Mais pour toute réclamation ,adressez-vous à ma génitrice ,vous allez voir,elle est charmante. Que dire sur moi? Je suis flic à la brigade de répression du proxénétisme ,j'ai un...