Chapitre 33: Le triangle des Bermudes

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Je déboule dans un 36 en ébullition. Jelem débriefe avec son équipe. Elle raconte comment elle a été accueillie par le dénommé Sebastian à son arrivée chez le Croate pour reprendre conscience quelques minutes plus tard devant l'hôpital, une ceinture d'explosifs autour de la taille. Ils ont retrouvé Lucie à l'intérieur, attendant son uro. La gamine a vite pété les plombs et perdu ses moyens tandis que la flic tentait d'entrer en contact avec son ravisseur. Mais rien. Il n'a pas ouvert la bouche jusqu'à mon arrivée.
Xercès , Diany et Kira ont interrogé tous les gardes du corps et les proches de Kovacevick ce matin pour tenter de comprendre leur implication. RAS de ce côté-là. Les types prétendent ne rien savoir et disent ne connaître que le prénom du tueur. Ils ne savent rien sur lui, c'est la politique de la maison. Juste qu'il était très dévoué à la fraternité et à son gourou.
Marius s'agite sur son siège face à son PC portable en évitant mon regard. C'est ça ! Planque-toi derrière ton écran, sinon je te pixellise la tronche !
— Bon ! dit-il en faisant craquer ses doigts crochus avant de pianoter comme un dingue sur son clavier. On a rien sur ce Sebastian ! Nada ! Même pas un nom de famille ! Ce type, c'est comme s'il n'existait pas ! C'est incroyable ! Je trouve que dalle ! À croire qu'il vient d'une autre planète !
Je cale mon menton dans ma paume. Jelem , hyper décontractée, reprend la parole. Qu'est-ce qu'il lui arrive ? À croire que les orgasmes avortés lui réussissent à merveille.
— Selon le légiste, il a environ vingt ans et ne présente aucun signe particulier. Pas d'antécédents médicaux visibles.
Merde ! Je commence à regretter de l'avoir buté, celui-là. Il nous aurait été plus utile en état de marche.
Jaylie, tu as des remarques ? me demande ma belle brune.
Je réfléchis en passant ma main sur ma barbe naissante.
— Deux choses m'ont interpellé dans ce qu'il a dit. Il a fait référence à la thérapie, sous-entendant qu'il en avait fait une. Marius , creuse de ce côté-là avec ta machine plutôt que de me mater à longueur de journée et de venir me casser mes plans.
Le visage de ma chef blêmit. Oh, c'est bon ! Tout le monde a dû voir ton cul en train de cramer sur mon sèche-linge.
— Il a aussi parlé de sa cause. Qu'il avait fini sa mission mais que cela ne faisait que commencer.
— Tu penses qu'il parlait des « Lumières de l'Humanité » ? demande Diany .
— J'en sais rien. Mais c'est fort probable car il nous a bien fait comprendre qu'il admirait beaucoup leur chef et « sa perfidie sans limites ».
— Bien. Xercès , tu fais monter Kovacevick pour son interrogatoire. On va essayer d'en savoir plus. Jaylie , tu le fais avec moi ?

Je la retrouve dans son bureau. En ligne, elle me fait signe de patienter.
Aurélien, tout va bien... Oui, j'ai eu une intervention difficile toute la nuit... On est débordés et je risque d'être très occupée dans les prochains jours... Promis... Je t'aime.
Je me marre tout seul. Manuella Croft a tout compte fait un petit côté « Mami ton ». C'est dégoulinant de ridicule et vachement moins sexy. Elle raccroche.
— Qu'est-ce qui te fait marrer ?
— Rien !
— Si ! Vas-y ! Que j'en profite !
— Il ne t'a pas cherché cette nuit ? Il est pas hyper inquiet, ton mec ! dis-je pour faire diversion.
Marius l'a prévenu hier soir.
Décidément, le geek gère tout à distance. Un vrai virus, celui-là.
— Et tu comptes réintégrer ton domicile ? Parce que je te le dis tout de suite : oublie mon appart ! T'es trop chiante et tu sers à rien !
Elle se redresse en rigolant.
— Tu t'es branlé après mon départ ? balance-t-elle tout à fait normalement en rassemblant son dossier d'enquête.
Surpris, je l'observe prendre ses affaires et se diriger vers la porte.
— Qu'est-ce qui te prend ? C'est moi qui pose ce genre de question débile, d'habitude.
— Disons que j'apprends vite, dit-elle en se faufilant dans le couloir.
— Dans ce cas-là, accélère un peu ta formation et intègre les actes à ton côté grande gueule si tu veux faire comme moi.
Une allumeuse ! C'est tout ce qu'elle est ! Je la talonne, les mains dans les poches. Elle s'arrête devant la salle d'interrogatoire et se retourne.
— On y va ? T'es prêt ?
— Ouvre cette porte ! À cause de toi, j'ai besoin de me défouler !
Nous pénétrons ensemble dans la pièce où le Croate, vêtu d'un costume sombre, nous attend tranquillement. Les mains jointes sur la table, il lève ses yeux bleus transparents vers nous. Un petit sourire étire ses lèvres lorsque nous nous installons en face de lui.

Jaylie murder&sex[En ECriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant