Trois plombes qu'Elias, le geek, tremble et chiale comme un bébé face à Xercès et Diany. Adossé au mur dans un coin de la pièce, je l'observe en fumant ma clope.
— Putain, réponds ! C'est toi qui filmais ? Pour un mec qui soi-disant sort pas de chez lui, tu t'éclates bien avec ton pote !
— Non... ce n'est pas moi. J'y suis pour rien. Je n'étais pas avec lui, dit-il en reniflant.
— Comment tu as eu ces vidéos, alors ?
Mon collègue hurle, perd patience ; Diany se la joue plus sympa.
— Écoute, Elias, tu ferais mieux de ne couvrir personne. C'est grave, tu es suspecté pour le meurtre d'Eva, voire les autres.
La tête dans les mains, il sanglote de plus belle. Diany souffle, Xercès tape du poing sur la table. Le geek se redresse aussitôt. Je me marre. Affolé, il se tourne vers moi.
— Jaylie, je te jure, ce n'est pas moi. Dis-leur, tu sais que je ne ferais pas ça.
Je m'avance tranquillement, me penche vers lui en écrasant ma clope sur la table, lui crache la fumée à la gueule et souris.
— Je te jure, Jaylie...
Sa tronche s'écrase contre le bois. Ma poigne bien serrée sur sa nuque, je murmure à son oreille :
— Lieutenant Kn. Et mec, parle ! Sinon tu vas mettre un certain temps avant de pouvoir bouger à nouveau la tête. Qui a fait les vidéos et où tu les as eues ?
— C'est Alex. C'est lui qui a fait les vidéos et c'est lui qui me les a filées sur une clé USB, marmonne-t-il, la bouche contre la table.
Je serre, il grimace en beuglant. Diany me jette un œil réprobateur.
— La première m'a amusée mais après je lui ai dit d'arrêter. On s'est engueulés.
— C'est qui le type avec lui sur la dernière ?
— Il est tout seul.
Je lui relève la tête pour la fracasser de nouveau sur le plateau.
— J'en sais rien ! Un pote à lui ! Un dénommé Sébastien. Je le connais pas, je l'ai jamais vu, je te jure... lâche-t-il avant de s'effondrer en pleurs.
— Eh bien, voilà ! Tu vois, ce n'était pas très compliqué.
Satisfait d'avoir un nom, je relâche ma prise et sors de la salle d'interrogatoire. Jelem me tombe dessus.
— T'étais obligé d'être aussi violent ?
— Non, mais il ne se serait jamais arrêté de chouiner et ça devenait trop long. On s'emmerdait. Ce mec n'y est pour rien. C'est Alex, notre clé dans tout ce merdier.
Muette, elle m'observe mettre mon blouson, prendre mon casque.
— Où tu vas ?
— Je rentre. Je passe te prendre pour aller chez Kovacevick ? 22 h 30 ?
— OK ! répond-elle en haussant les épaules.***
Xercès s'est invité à notre petite fête. Notre brassard de police au bras, nous sonnons à la porte du somptueux hôtel particulier. Un mec genre videur en costard hors de prix nous ouvre et nous mate des pieds à la tête.
— Vous avez une invitation ?
— Évidemment ! rétorque aussitôt ma belle brune en brandissant sa carte de flic.
Le type se pousse. D'une démarche assurée, jelem nous ouvre la voie. Nous pénétrons dans un hall somptueux desservant plusieurs salles dans lesquelles évoluent un bon nombre d'invités en tenue de soirée.
Xercès part à gauche vers ce qui semble être une salle à manger, Jelem et moi à droite vers un salon. La vache ! Ils ne s'emmerdent pas, les illuminés ! Ça rapporte, les idées extrémistes. Et l'ambiance n'a rien de religieux. On se croirait plus dans un bordel chic qui n'a pas encore lancé le coup d'envoi. Nous évoluons dans un décor très Versailles. Les femmes sont à tomber et mon œil connaisseur valide rapidement la théorie d'Alex sur le trafic de nanas. Ma fliquette, elle, ignore le reluquage sans gêne de mecs aussi vieux que leurs cigares et leur whisky.
Putain, mais qu'est-ce qu'Alex fait dans cet endroit ? C'est pas sa came.
Deux molosses blonds viennent à notre rencontre. Oh oh, je sens que la soirée va pouvoir débuter. Je détends ma nuque en les voyant approcher et se planter devant nous.
— Bonsoir. Capitaine Manuella croft de la brigade criminelle. Tout nous laisse penser qu'un individu que nous recherchons est ici, balance froidement Jelem.
Les yeux acier des types passent de ma boss à moi. Je leur décoche mon plus beau sourire et continue ma course, stoppée nette par une main sur mon torse. J'inspire en matant l'intruse et en dépliant mes phalanges.
— Suivez-nous ! crache l'un d'eux en se dirigeant vers une porte au fond de la pièce.
Coup d'œil à Jelem qui approuve. Sous bonne escorte, nous entrons dans une salle plus sombre, éclairée par des chandeliers. Ma belle brune se tend en voyant passer une sylphide blonde, totalement nue, en talons hauts. Je balaie aussitôt les lieux du regard . Ah ouais, c'est sympa. Des nymphes sorties des enfers s'occupent d'hommes avachis sur des banquettes. Certaines portent des laisses, d'autres sont carrément attachées aux meubles. Dans un coin, deux nanas s'enfoncent des plugs sous le regard vicieux de types en cercle autour d'elles.
Je bloque un instant. Jelem me tire par la manche. C'est quoi, cette secte ? Bordel, Jaylie, pense au gourdin de Lucie ! Tu ne peux pas faire une interpellation avec une gaule de malade.
Nous quittons la débauche et empruntons un escalier. Les deux gars frappent, ouvrent une porte et nous font signe d'entrer. Sur mes gardes, j'emboîte le pas de Jelem , hyper concentrée.
Mon cerveau se met en alerte lorsque j'aperçois Kovacevick, assis derrière un bureau gigantesque. OK. On y est. Planté devant lui, je scanne rapidement l'environnement. Un, deux... quatre mecs balèzes, tous blonds, prototypes aryens. Sauf notre suspect, Alex, assis tranquillement dans un canapé sur ma droite. Mon regard rencontre celui d'un jeune homme posté derrière son chef de meute. Le Croate nous accueille d'un rictus à faire fuir. Prunelles bleues limpides, cheveux gris coupés très courts, visage émacié séparé en deux par une fine cicatrice allant de son oreille droite à son oreille gauche en passant par son nez déformé. Je comprends mieux ses adeptes. Le mec, t'as pas du tout envie de le contrarier, t'as même plutôt envie de prier.
Jelem, faussement détendue, nous présente. J'en profite pour sonder de nouveau le jeune blond derrière Kovacevick. De marbre, les lèvres scellées, il soutient mon regard. C'est le mec qui était avec Alex au bar et je suis prêt à parier que c'est notre Sébastien.
Le rire glauque de Kovacevick attire mon attention. Mes iris se braquent sur lui. Il me dévisage, tire sur son cigare.
— Monsieur kn ? Vous êtes de quelle origine ? me demande-t-il en souriant.
— Camerounaise.
— Ah, le Cameroun ! Merveilleux pays ! Vous y êtes déjà allé ?
— J'y suis née.
Continue de t'intéresser à moi. Je ne demande que ça.
— C'est vraiment un pays magnifique, mais dommage qu'il y ait autant de problèmes avec les Tziganes. Vous ne trouvez pas, monsieur kn ?
Il me scrute à travers son nuage de fumée. Jelem , stressée, tourne la tête vers moi. Détends-toi, ma belle, je ne suis pas susceptible.
— Oui en effet, dommage. On devrait tous les exterminer.
Son rire résonne dans toute la pièce.
— Exactement ! De la vermine ! me dit-il, menaçant. Vous savez, Dieu ne nous a pas donné à tous les mêmes chances. Il a voulu qu'il y ait des forts et des faibles... et il a eu raison. C'est le principe de la chaîne alimentaire, monsieur kn ! Et c'est contre nature de ne pas la respecter. C'est aller contre la volonté de Dieu !
Ce mec est complètement perché ! Son patrimoine génétique lui a bousillé le cerveau. Je fais un pas. Tous les corps se redressent, même celui de ma supérieure. Un deuxième et je pose mes mains à plat sur le bureau.
— Et pisser sur un mec après l'avoir sodomisé, c'est la volonté de Dieu, monsieur Kovacevick ?
Il caresse lentement le rebord de sa table en souriant. C'est ça, saute-moi à la gorge, qu'on rigole un peu.
— On a tous nos défauts, monsieur kn... Le mien est impardonnable mais peut éventuellement se soigner alors que le vôtre coule dans votre sang.
Xercès entre, interrompant mon échange amical avec le pervers. Jelem en profite pour intervenir :
— Bien ! Monsieur Kovacevick, vos théories sont passionnantes, mais on s'en contrefout. Xercès , embarque notre suspect.
Le Croate tourne son attention malsaine vers elle. L'envie de lui exploser la tronche sur son bureau Empire me démange. Non, Jaylie ! Ce n'est pas correct ! Garde-le en état de parler.
— Mais allez-y, mademoiselle croft ! Il est à vous !
— Capitaine !
— Oh oui. Toutes mes excuses, capitaine ! Mais voyez-vous, pour moi vous restez avant tout une femme. Très jolie d'ailleurs.
Bordel, le gars il est multifonction. Raciste, misogyne, extrémiste, déviant et j'en passe. Manuella Croft va lui faire bouffer son cigare.
— Monsieur Kovacevick, je vous remercie de me rassurer sur ma féminité. En attendant, vous et votre bande de peroxydés, vous allez venir me rendre une petite visite demain au 36 quai des Orfèvres pour un interrogatoire. Vos pulsions urinaires ne vident pas que votre vessie mais vous impliquent dans une affaire de meurtre. Xercès, Jaylie ,bloquez les issues et rameutez-moi tous les flics dans les parages, qu'ils viennent prendre l'identité de toutes les personnes présentes dans ce putain de lieu sordide !
Le cinglé hausse les sourcils. Les yeux écarquillés, je fixe le profil de ma sexy flic, hyper bandante en pleine action et murmure à son oreille :
— Continue ! Tu m'excites !
Un rictus des plus ravageurs se dessine sur ses lèvres. Quelle aguicheuse.
— Je vais prendre l'air et sonner la cavalerie, dis-je en pivotant vers la sortie et en secouant ma tête bourrée de fantasmes.
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Jaylie murder&sex[En ECriture]
Mystery / ThrillerJaylie .ok, je vous l'accorde c'est bizarre comme prénom pour un mec. Mais pour toute réclamation ,adressez-vous à ma génitrice ,vous allez voir,elle est charmante. Que dire sur moi? Je suis flic à la brigade de répression du proxénétisme ,j'ai un...