Chapitre22: Le fugitif

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Je me réveille, complètement dans le gaz. Peu après le départ de Jelem, je suis tombé comme une masse mais mon cerveau en état d'alerte a décidé de m'emmerder. J'ai sursauté toute la nuit, prêt à sauter à la gorge du premier qui entrait dans la chambre. Quand l'infirmière est alors venue vérifier ma perf pendant que je dormais, la pauvre a fini à plat ventre sur mon lit avec une clé de bras et un mec à poil sur elle. Ils m'ont donc calmé à coup de médocs.
Une petite dame un peu bulldog entre en trombe, suivie de mon petit déj.
— Bonjour, monsieur kn. Je vous enlève votre perfusion. Vous allez pouvoir vous lever un peu aujourd'hui.
— Vous êtes qui ? Elle est où, Horny ? Et remballez votre café, il est dégueulasse.
— Je la remplace. Elle ne veut plus s'occuper de vous.
Déjà ? Elle n'a pas fait vingt-quatre heures ! Donc j'ai hérité de la catcheuse de l'hôpital. Je me marre, son regard noir me foudroie.
— J'attends !
— Quoi ?
— Levez-vous !
On va se calmer, le troll ! J'éjecte le drap, m'assieds en grimaçant et me redresse sur mes pieds. Merde, impossible de me barrer en courant.
— Dites donc, vous vous êtes cru dans un camp de nudiste ! Vous allez mettre un pyjama, ou au minimum un slip, gronde ma nouvelle nounou, pas commode.
— Un slip ! Pourquoi pas un string ! J'ai plus de fringues. Et honnêtement, ça vous dérange ? Matez la bête !
Jelem, xercès et l'autre con de kira apparaissent, avec un grand type à lunettes. L'infirmière me claque le cul.
— Allez faire votre toilette, sinon je m'en occupe. Vous allez voir qu'elle va moins faire la fière, votre « bête ».
— Sacrée poigne, la mère supérieure, dis-je à mes collègues en les saluant.
Je boîte en me frottant la fesse vers ma salle d'eau.
— Votre copain, il est lourd et apportez-lui des vêtements sinon il va nous affoler toutes les pucelles du service ! beugle-t-elle en sortant.
xercès, kira, allez lui chercher de quoi s'habiller avant qu'il devienne ingérable. Jaylie, dépêche-toi ! Le psychiatre de l'unité médico-judiciaire veut te parler, ordonne aussitôt jelem.
— Il attendra !
Je chope xercès avant qu'il ne déguerpisse et lui chuchote à l'oreille :
— Mec, débarrasse-toi de l'autre débile en costard, va chez moi, rapporte-moi mes fringues. Si tu peux aussi récupérer ma moto et me refiler mon arme, il n'est pas question que je reste une nuit de plus ici, sinon je vais faire un carnage.
Il approuve en me tapant sur l'épaule. Je m'engouffre dans la douche, claque la porte et, une demi-heure plus tard, je ressors en meilleure forme, une mini serviette autour de la taille. Fait chier, ils sont toujours là, ces deux-là. M'évader avec ma supérieure dans les pattes, ça va pas être simple. Dans mon état, son sprint doit être meilleur que le mien. J'ai aucune chance.
jaylie, je te présente le docteur Mballa, psychiatre et criminologue.
— Comment vous sentez-vous, monsieur kn ?
— Bien, pourquoi ?
— Parce que vous avez été sauvagement mutilé et que vous vous êtes réveillé à côté d'une morte. Cela peut potentiellement être traumatisant.
— Mouais... Ça peut.
Ça y est, il me soûle. Je m'installe tranquillement sur mon lit en le surveillant du coin de l'œil. Devant mon silence et mon humeur désagréable, ma boss prend les choses en main.
— J'ai interrogé le mari de Suzanne hier. Le procureur l'a mis en détention provisoire.
— Qu'il aille tripoter de l'appendice de détenus. Ça va le calmer.
— Vers 22 h 30, il a reçu un SMS montrant sa femme ligotée sur un lit, suivi d'un message lui disant de se rendre à l'hôtel, chambre 152, avec le matériel nécessaire pour une appendicectomie sinon elle mourrait. On lui demandait ensuite de laisser tout sur place, ton appendice dans un verre. J'ai vu le message.
— Et le gars, il y va ! Tu parles ! Il a dû partir en courant, emballé à l'idée de se faire une putain de séance SM de la mort.
— Avec tous les meurtres, il a paniqué, flippé. Il a pris ce qu'il fallait à la clinique et il y est allé sans appeler la police. Il a aussi pensé à des hommes recherchés qui avaient besoin d'un médecin.
Je hausse un sourcil, Jelem les épaules, puis elle reprend :
— Il est arrivé à l'hôtel vers 22 h 45. Il n'y avait personne, alors il s'est rendu directement dans la chambre où tu te trouvais, endormi. En te déshabillant, il a trouvé ton arme et là il a vraiment cru avoir affaire à une bande organisée, en fuite... Selon lui, il t'a opéré vers 23 h 15, jusqu'à 23 h 45 environ. Tout de même surpris de ne trouver aucune inflammation nécessitant une opération, mais bon... Il est ensuite parti vers 00 h 15, après avoir reçu un autre SMS lui demandant d'attendre sa femme chez lui. Vers 05 h 00, n'ayant aucune nouvelle, il a erré dans Yaoundé, puis dans un café, et vers midi, il est venu se présenter au commissariat pour qu'on retrouve Suzanne...
— Putain ! Il est pas réactif, le mec ! Je t'aurais déjà rasé toute la capitale à sa place ! T'en as pensé quoi ?
— Il est bouleversé, choqué. Je pense que cet homme dit la vérité. Marius a vérifié les SMS, tout est brouillé, impossible d'en connaître la provenance.
Cette enquête part dans tous les sens – et surtout, elle piétine. On doit absolument remettre de l'ordre dans tout ça. Jelem se tourne vers le médecin.
— Docteur, je vous laisse la parole.
— L'heure approximative du décès est 3 heures du matin. Selon le légiste, votre appendice a été logé de force dans la gorge de la victime avant sa mort par éventration. On lui a retiré ovaires et utérus.
Ce meurtre est plus sordide que les autres, le type est monté en puissance. Le prochain va dépoter, ça va être grandiose.
— Après analyse du mode opératoire du tueur, je pense qu'il s'agit d'une mise en garde. Il sait que vous êtes policier et a voulu vous faire peur.
Ouais bon, il fallait pas non plus bac+12 pour le deviner, vu comment il a tripé sur ma carte.
— D'un point de vue psychanalytique, votre opération peut être un symbole de castration. Il aurait très bien pu enfoncer vos attributs phalliques dans la gorge de la victime à laquelle il a ôté sa féminité, la désignant ainsi indigne d'être une femme.
Là, il m'intéresse.
— La standardiste a aussi été éventrée. Mais elle ne faisait pas partie du groupe thérapeutique.
— Le seul point commun que j'ai trouvé avec Suzanne, c'est qu'elle n'avait pas eu d'enfants. Eva et la deuxième victime, toutes les deux mères, ont été tuées par égorgement et strangulation. Ce qui les lie, c'est la nymphomanie dont elles souffraient.
— Bon, OK. Mais moi ? Normalement, j'aurais dû me retrouver avec mes parties génitales dans la gorge comme le premier, le masturbateur compulsif.
— Oui et c'est là que notre tueur devient intéressant. D'après moi, il savait que vous n'étiez pas malade ou déviant. Vous ne l'intéressez pas. Il a juste voulu vous mettre en garde.
. « — La vieille n'était pas déviante, alors pourquoi l'avoir tuée ? interroge Jelem.
— Je pense que quelque chose a dû attirer son attention. L'absence de maternité pouvait aussi être associée à ses goûts pour les escorts.
J'ai la tête qui fume. Ce type joue au puzzle avec la psychologie du tueur en tentant d'emboîter des pièces.
— Docteur, pourquoi m'avoir tendu un piège avec Suzanne ? Il aurait pu venir chez moi. Ce n'est pas sa façon de faire, il n'implique pas plusieurs victimes.
— Bonne question. Qu'il ait choisi de la tuer avec vous inconscient à côté est significatif. Je suis convaincu de sa volonté de vous montrer votre impuissance. Une mise en garde pour vous, mais aussi pour ce que vous convoitez.
Euh... là, je suis largué.
— Désolé, mais la SM, c'était pas mon trip. Je n'avais pas l'intention de la sauter.
— Il le sait. Il vous laisse juste un message vous disant que la prochaine fois il ne vous épargnera pas, ainsi que la femme que vous convoitez.
— Laquelle ? Parce qu'il est mal barré s'il éventre toutes les nanas que j'ai envie de me taper.
Jelem pouffe dans son coin. Je me tourne vers elle.
— Rigole pas ! Toi aussi t'es dans ma ligne de mire.
Son sourire s'efface. Tu fais moins la maline !
— Ce n'est qu'une hypothèse de travail, mais prenez garde, conclut le psychiatre très sérieusement.
Putain, il en devient presque flippant. Il va falloir que j'arrête tous mes plans cul, la galère. Le médecin change de sujet et commence à me brancher post-traumatique. J'ai droit à l'énumération de toute une tripotée de symptômes : troubles du sommeil, de l'appétit, du comportement, de la libido, hypersensibilité, agressivité... Perdu dans ma réflexion à propos du tueur, je ne l'écoute plus. Le mec savait que j'étais flic, il a donc dû me surveiller... Il me menace de m'arracher les couilles et d'éventrer une nana que je convoite... Mes yeux se posent sur Jelem, en pleine discussion avec le psy.
Oh, bordel ! Je ne vois pas qui cela peut être d'autre, à part Sine ou ma call-girl. Jaylie, tu délires. Les analyses du crimino t'ont un peu trop ouvert les chakras. Ces types ne font que des suppositions, c'est du charabia de psy, de quoi te faire virer parano.
Je le coupe brutalement dans son monologue sur le traumatisme.
— Merci, mais le trauma, c'est génétique dans ma famille alors tout va bien.
« — Très bien. N'hésitez pas à m'appeler si vous en avez besoin.
Xercès, débarrassé de kira, entre. Le toubib se lève et me serre la main. Jelem le raccompagne.
— Docteur ! Une dernière question.
— Oui.
— Les motivations du tueur peuvent-elles être religieuses ?
Il réfléchit en tripotant ses lunettes sur son nez.
— Possible. Cela voudrait dire qu'il y a une volonté rédemptrice dans ses crimes. Ses victimes représentant le mal, la pulsion... mais cela peut aussi bien être l'expression d'un traumatisme infantile, un désir de vengeance. Je vais y réfléchir...
— Ou les deux, dis-je en m'emparant du sac que me tend mon collègue.
Le psychiatre et ma supérieure à peine sortis, j'enfile à toute vitesse un boxer en râlant de douleur, un bas de survêt, un T-shirt et un sweat.
— OK. Xercès, on se casse !
— Mais... tu ne peux...
Je me retourne pour dégager vite fait et tombe nez à nez avec super-fliquette. Aïe ! Un obstacle.
— Tu comptes aller où comme ça, kn ?
— Je me barre. Pas question que je reste ici.
— Et tu te barres où ?
— Chez moi.
J'avance, elle me bloque le passage. Ma poulette, s'il faut que je te passe sur le corps, pas de problème. Ça va saigner.
Jelem, dégage ! Laisse-moi passer !
— Non.
Encore un pas. Sa paume se pose sur mon torse.
jaylie, tu n'iras nulle part. Tu n'es pas en état...
— Et tu penses pouvoir m'en empêcher ?
— Exactement.
Je la pousse contre le mur, boîtille en direction de la porte. Une main se referme aussitôt sur ma gorge, me force à reculer et à m'assoir sur le lit. Une douleur fulgurante me transperce l'aine droite.
— Je te préviens, tu vas te tenir tranquille et pas me faire chier ! Je n'ai pas envie de te retrouver encore une fois en train de crever je ne sais où, me crache jelem, son index pointé sous mon nez.
Oh la vache, elle m'a fait mal, cette garce. Plié en deux, je me relève en grognant. Elle va se calmer, c'est sa faute si je me retrouve dans cette merde alors... Tiens, tiens, une idée plus que tentante apparaît.
— Bon, calmez-vous !
— Toi, ta gueule ! rétorque Jelem à xercès sans me quitter des yeux.
Je me tiens le ventre en prenant mon air désespéré.
« — Jelem, je peux pas rester ici. Je m'y sens mal. Il y a trop d'agitation, ça me rend anxieux. Je flippe dès que quelqu'un entre dans cette putain de chambre. J'ai besoin de me reposer, de me sentir en sécurité. Laisse-moi sortir, sinon je vais péter les plombs.
Elle me dévisage un instant, cligne des yeux. Je réprime mon sourire en voyant émerger sa culpabilité, qui va devenir ma meilleure copine.
jelem, vraiment je plaisante pas. Je vais devenir dingue ici...
Putain, jaylie, t'en fais un peu trop. Ça va pas être crédible.
xercès, va chercher le médecin !
Yes ! Je savais qu'elle ne résisterait pas à mon petit air malheureux.
Deux secondes plus tard, le grand barbu se joint à notre petite discussion.
— Docteur, il veut sortir, lui apprend Jelem.
— Ce n'est pas prudent, mais s'il signe une décharge, pourquoi pas.
Lui, je le soupçonne de vouloir se débarrasser de moi.
— À une condition cependant. Qu'il ne reste pas seul. Il a subi une anesthésie importante, donc quelqu'un doit rester avec lui pendant quarante-huit heures.
Mes deux collègues se matent en silence.
— Quoi ? Personne ne veut de moi ! C'est pas cool ! Je viens de me faire charcuter pour votre putain d'enquête.
— Prends tes affaires ! me lance sèchement Jelem.
Je réprime difficilement mon sourire en coin.
jelem, tu vas jouer les infirmières pour moi ?
— Je te préviens, kn, ferme-la ! Sinon je te renvoie direct ici !
Énervée, elle tourne les talons. Je me marre avec xercès en prenant mon sac.
— Mec, t'es trop fort mais je suis pas certain que t'aies choisi la bonne option.
— Tu rigoles ! Je vais m'éclater. Elle va me choyer. J'ai l'appendice qui va repousser ! ...

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Jaylie murder&sex[En ECriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant