Chapitre23: Sous Surveillance Rapprochée

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À moitié couché sur le siège passager, je m'accroche à l'accoudoir. Chaque freinage manque d'exploser ma cicatrice. Je tourne la tête vers ma pilote de formule 1.
Jelem, doucement. On fait pas « Pékin Express ».
Le regard vissé sur la route, elle ne répond pas. Putain, elle est furax. Devoir s'arrêter pour me faire des courses et aller pour moi à la pharmacie pendant que j'attendais dans la voiture l'a totalement mis hors d'elle.
Sur le périph', elle bifurque brutalement vers La Défense. Je jette un œil derrière moi.
— Euh... J'habite pas en banlieue.
Rien. Elle enclenche la musique. Ça, ça veut dire « ferme ta gueule ». Nous quittons yaoundé, direction l'autoroute d'Akak. Mais où est-ce qu'elle m'embarque ? J'ai demandé à sortir, pas à aller bouffer des moules à l autre bout de la planète . Je m'agite.
Jelem, où on va ?
Toujours rien. Elle me fout les nerfs.
— Réponds-moi, sinon...
— Sinon quoi ? me coupe-t-elle en souriant.
Les poings serrés, je me renfonce dans mon siège en grimaçant. Cette douleur lancinante me tape sur le système.
— On va dans ma maison de campagne, à deux heures de yaoundé.
— Pourquoi ?
— Parce que c'est idéal pour se reposer, un endroit sûr, idéal aussi pour se reposer, un endroit sûr, idéal aussi pour travailler.
De nouveau le silence. Épuisé, je lâche l'affaire, m'appuie contre la portière et sombre.
*

Je me réveille seul dans la bagnole, au milieu d'un grand jardin où se dresse une maison ancienne à deux étages. J'y pénètre par la porte ouverte d'une cuisine et, alors que je m'apprête à entrer dans le salon, je m'arrête.
— Non, ce n'est pas la peine. Reste à yaoundé... c'est l'histoire d'un ou deux jours, il est mal et a besoin de récupérer... Non, je te dis. On va bosser en plus...
Silence. Ma belle brune semble avoir quelques difficultés avec son mec.
Aurélien, t'es sourd ? Ne viens pas ! Allez, salut !
Elle raccroche. Je m'affale l'air de rien sur la première chaise à ma portée. Énervée, elle entre, balance son téléphone sur le plan de travail et ouvre le frigo sans me regarder.
— Tu veux une bière ?
— Oui, merci.
Elle me la tend, fouille dans son sac et me jette un paquet de clopes. Oh putain, cette meuf est parfaite ! Aurélien, reste à Yaoundé, tu vas me la prêter un peu.
Sans dire un mot, elle retire son holster, pose son flingue sur la table et s'assied en face de moi. Ses jambes interminables s'étendent en même temps qu'elle souffle la fumée de sa cigarette. J'allume la mienne en l'observant. Très belle, très sexy et très... chiante. Un cocktail qui va m'exploser à la tronche. En pleine décompression, elle balance sa tête en arrière en virant ses pompes. Mes yeux se posent aussitôt sur sa paire de seins moulée dans son T-shirt.
Ma mâchoire se crispe, mes doigts se resserrent sur ma bière. Bordel, qu'est-ce qu'il m'arrive ? Rien ! Il ne se passe plus rien ! Ma bite est dans le coma, avachie dans mon jogging. Des idées noires me vrillent le cerveau. Et si le type avait fait bien plus que me couper l'appendice ? Putain, les médecins se sont plantés !
Je descends ma bouteille cul sec. Jelem me dévisage.
— Ça ne va pas ? T'es tout blanc.
— Si, si...
— Non, je vois bien. Vas-y, dis-moi. On est bloqués ici tous les deux, alors parle, sinon on va vite s'emmerder.
Ne me chauffe pas, jelem, je suis pas d'humeur. En plein stress, je crains de ne pas gérer mon agressivité. Silence. Elle se lève, exaspérée.
— Viens, je vais te faire visiter et te montrer ta chambre.
Un grand salon, ma piaule et une salle d'eau au rez-de-chaussée. Deux chambres dont la sienne et une salle de bains à l'étage. Discrètement, je prends connaissance de toutes les issues, vérifie qu'elles sont fermées en matant dans le jardin qui entoure la maison isolée.
Tendu, à l'affût, je m'installe dans le canapé. Mec, relax, tu vas péter un plomb sinon. Jelem revient avec des bières et de quoi dîner. Le soleil décline.
— C'est ta maison ?
— Celle de ma famille. J'y viens de temps en temps pour le week-end. Tu te sens mieux ?
— Ouais, ça va.
— Je vois bien que non. Tu as perdu ton cynisme et tes blagues pourries. Je t'ai vu mater toutes les portes, toutes les fenêtres.
Putain de flic, pire qu'une psy !
— Et je te protège, ajoute-t-elle en riant et en avalant une gorgée de sa bière.
Je me marre en m'enfonçant dans les coussins. Ma belle, tu me cherches...
Jelem, pourquoi tu n'as pas voulu que ton mec vienne ?
— Parce qu'il bosse tôt demain et que ça ne sert à rien, répond-elle aussitôt.
— Mais s'il a envie de venir, ne te gêne pas.
Ses billes bleues se braquent sur moi.
— Il voulait venir parce qu'il est jaloux, pas parce qu'il en a envie, et ça m'insupporte.
Intéressant. Je l'aime bien ce type, tout compte fait. J'étends mes bras sur le dossier en souriant.
— Quoi ? me demande-t-elle.
— Oh, rien... juste, je me demande pourquoi il est jaloux.
— Il est comme tous les mecs, possessif avec un instinct de propriété très développé.
Prends-moi pour un con. J'adore.
— Pas tous, j'ai des origines communistes, dis-je en riant.
Silence. Elle se cale dans son fauteuil, remonte ses genoux contre sa poitrine.
jaylie, pourquoi tu es seul ?
C'est ça, change de sujet.
— Parce que j'en ai envie.
— Mais tu n'as jamais eu de relation sérieuse ?
— Pourquoi faire ?
— J'en sais rien. Pour te poser, être bien avec quelqu'un. Tu n'es jamais tombé amoureux ?
Pfff... par moments, c'est bien une nana.
— Si ! ça doit m'arriver toutes les dix minutes.
« — Non, mais sérieusement.
Ah, ça y est ! Elle tente le copinage. Dans deux secondes, on est en pyjama à bouffer des glaces en se racontant nos histoires de cœur. Aucun intérêt. Il faut que j'abrège ça au plus vite.
Jelem, j'aime trop mon indépendance, les femmes et le cul pour me foutre en couple.
Elle ne dit plus rien, semble réfléchir. Je m'allume une clope.
— Et toi aussi, tu aimes ton indépendance. T'es flic, tu bosses qu'avec des hommes, alors ton mec, ça m'étonnerait qu'il soit du genre jaloux. C'est à cause de moi. Je me trompe ?
Ses iris bleus s'agitent. Je souffle ma fumée. Ça sent le défi.
— Il n'a pas confiance en toi et en ton physique avantageux.
Bah voyons, ça va être de ma faute.
— Je le comprends. Mais jelem, avant tout, il n'a pas confiance en toi. Nuance.
Bingo ! Elle se lève, subitement énervée.
— C'est un calvaire de discuter avec toi !
— Ah oui ? Je vois pas pourquoi !
— T'es arrogant, tu cherches à m'embrouiller... Oh, et puis merde ! Je vais me coucher.
— Détends-toi, jelem. Je te sens stressée. Et ton mec, s'il se fait un trip sur moi c'est parce qu'il est loin d'être con,dis-je en lui passant devant. Tu apprécieras de discuter avec moi quand tu assumeras.
Je pénètre dans ma chambre, m'écroule sur le lit et me marre tout seul en entendant une porte claquer.
*

Jaylie murder&sex[En ECriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant