Chapitre 4 :

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– C'est bien Noah, l'encouragea Chloé, tu m'as presque battue !

La jeune fille sourit à son ami autiste. Il avait failli gagner une partie d'échecs et elle en était très fière. Il avait fait énormément de progrès depuis la dernière fois qu'elle était venue apporter son aide à la Maison de Soutien de Maria, sa professeure de philosophie. Noah gloussa et mit sa main devant sa bouche, les yeux écarquillés, se balançant légèrement d'avant en arrière. Ce garçon avait 8 ans et Chloé n'osait pas demander à ses parents de quel syndrome précis il souffrait. C'était trop intime, trop déplaisant à dire.
Au moins il semblait heureux et cela plaisait énormément à Chloé.

– Tiens, ma belle, l'interpella Maria, je vois que Noah a failli te battre !

– Oui Madame, répondit la jeune fille en laissant le garçon seul, il a drôlement progressé !

Maria hocha énergiquement la tête.

– Tous ! S'enthousiasma-t-elle. Mais avec les examens, tu n'as pas pu voir tout le travail, je suis heureuse que tu sois revenue !

– Moi aussi, Madame.

Elle embrassa la grande salle du regard et remarqua que le brouhaha habituel n'existait plus. Tous les enfants étaient calmes. Aucun n'avait encore fait de crise et aucun n'avait encore pleuré. Chloé sourit gentiment, bercée par les visages ronds et lisses de ces jeunes enfants. La vie allait être dure pour eux, mais Chloé essayait toujours de les consoler lorsque les plus courageux arrivaient à formuler cette pensée à voix haute. La jeune fille n'était pas la seule bénévole à venir tous les après-midi de ses vacances ou de ses week-ends pour passer du temps avec ces enfants différents mais tous aussi gentils que n'importe qui. Elle leur répétait que ces personnes généreuses étaient la preuve qu'ils n'étaient pas seuls et que tout se passerait bien pour eux, qu'ils n'avaient plus à s'inquiéter. Cela marchait la plupart du temps et Maria jugeait bon à chaque fois de rappeler à la jeune fille qu'elle était vraiment douée en sociologie, peut-être pour lui faire comprendre qu'elle utilisait la bonne méthode et qu'elle devait continuer ainsi.  

– Les premiers parents arrivent, fit remarquer Chloé en souriant.

– Tu peux partir, je vais gérer ça maintenant.

La jeune fille secoua la tête, elle savait que ce moment était important pour les enfants et surtout qu'il était épuisant pour sa professeure de philosophie.

– Je peux vous aider Madame, insista-t-elle doucement, je n'ai pas encore de couvre feux et la nuit ne devrait pas tarder de tomber, j'ai encore du temps devant moi.

– Très bien, si tu insistes, sourit Maria.

Durant la demi-heure qui suivit, elles échangèrent des paroles amicales et réconfortantes aux familles des enfants malades, leur assurant qu'ils avaient fait d'énormes progrès et que leurs habitudes dans le centre devraient se répercuter rapidement à la maison. Tous les parents les regardaient avec étonnement, n'en croyant pas un mot, mais ils furent bien obligé de considérer la possibilité que leurs propres enfants verraient bientôt le bout du tunnel. Chloé adorait ce genre de moment, elle aimait partager son savoir-faire et ses petites astuces à ses familles déboussolées et fatiguées. Elle préférait encore plus les voir sourire en apprenant tels ou tels exploits de leur enfant et même si cela était un peu pervers, elle aimait par dessus tout se faire des amis. Elle n'en avait pas au lycée et c'était les vacances depuis deux jours, le seul endroit où elle pouvait échanger était donc la Maison de Soutien que Maria avait ouvert l'an dernier. 

Une fois la salle vide, Maria s'écroula sur une chaise, un léger sourire sur les lèvres.

– Tu peux y aller, fit-elle, je dois ranger quelques affaires encore.

Zack & Chloé [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant