Chapitre 49

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PDV Cassiopé

- Nan Kenny contre l'autre mur c'est mieux.

Mon copain soupir en poussant, tant bien que mal, le meuble sur le mur d'en face. Je le regarde faire un sourire amusé sur les lèvres, assise au milieu de la pièce presque vide.

- C'est bon là?

- Ouais nan enfaîte c'était mieux avant.

Je lui dis ça un sourire mutin sur les lèvres. Il hausse un sourcils avant de, littéralement, me sauter dessus. Je manque de tomber en arrière mais il me retient.

- T'as décidé de m'casser les couilles encore longtemps ?

J'avance légèrement le visage pour que nos lèvres se frolent.

- Jusqu'à la fin de ta vie mon cœur.

Je tape sur le bout de son nez avec mon index avant de l'embrasser rapidement. Ken se redresse en secouant la tête un sourire en coin. Je me rassois en tailleur et il termine de mettre les meubles dans la chambre de notre futur enfant.

Une vive douleur me travers le ventre. Je pousse un gémissement de plainte. Ken se retourne vivement vers moi.

- Ça va ?

- Oui oui t'inquiète.

Ken me lance une moue dubitative. Je suis à sept mois de grossesse et je ressens ses douleurs depuis quelques semaines déjà, j'en ai parlé à mon gynécologue qui m'a simplement dit de ne pas trop faire d'efforts physiques. Selon lui ce n'est pas grave mais je dois avouer que ça commence à m'inquiéter.

Au milieu de la nuit une douleur beaucoup plus forte que celle ressentie plutôt dans la journée me reveil. Je tente d'y faire abstraction, pensant que ça va passer, mais, très rapidement je comprend que ce n'est pas normal. Je secoue alors Ken pour le réveiller. Celui-ci se réveil en sursaut et se tourne vers moi la mine endormie.

- Ken j'ai mal c'est pas normal.

Il fronce les sourcils, ne comprenant pas tout de suite de quoi je parle. Lorsqu'il comprend, il se lève brusquement et vient à côté de moi.

- J't'emene à l'hôpital.

Il m'aide à me lever et à enfiler un sweat et mes chaussures. Il va ensuite réveiller Leo, il est hors de question de le laisser seul ici même si j'aurais préféré qu'il n'ai pas à venir.

Arrivés à l'hôpital nous sommes hâtivement pris en charge. Une sage femme m'examine rapidement.

- Vous allez accoucher. Dit elle doucement.

Mon cœur rate un battement. Accoucher ? À sept mois de grossesse ? Je lance un regard paniqué à Ken qui attrape ma main et tente, en vain de me rassurer. Ses propres mots ne la rassurent pas lui même.
Il sort quelques instants pour prévenir les autres et pour que l'un d'eux viennent s'occuper de Leo.

Je ne peux pas accoucher maintenant. C'est beaucoup trop tôt. Je ne comprends pas. J'ai pourtant fait attention, j'ai arrêté la danse lorsque mon médecin me l'a dit, je ne fais pas d'efforts physique trop important, je fais attention à mon alimentation. Je ne comprends pas.

Ken revient enfin à mes côtés après avoir laissé Leo à Maya et Framal qui, étant les plus proches, sont arrivés assez rapidement. Il attrape ma main et embrasse tendrement ma joue.

- Ça va aller d'accord? On va se battre, tout va bien se passer.

Je hoche la tête et ferme les yeux quand ses lèvres se posent sur ma tempe. Sa main ne quitte pas la mienne et même si il fait tout pour me rassurer le regard paniqué qu'il pose sur mon ventre traduit son état intense de stress.

Les contractions sont de plus en plus proches, de plus en plus insupportables. Ma respiration se bloque et je peine à retenir de petits gémissements de douleurs. La main de Ken caresse mes cheveux alors qu'il me murmure des mots apaisants. La mâchoire serrée, la main refermée sur celle de Ken, je prend sur moi pour ne pas pleurer.

La sage femme finit par revenir, c'est donc après quatre longues et intenses heures de travail que je pars en salle d'accouchement. Je tente de me préparer mentalement à ne pas voir tout de suite mon bébé. À les voir partir en courant avec mon tout petit enfant dans les bras sans que je ne puisse le voir ou le toucher.

Ken part pour aller enfiler une blouse mais il revient assez rapidement prendre place à mes côtés, sa main tenant toujours la mienne. Il dépose rapidement ses lèvres sur mon front avant de s'assoire a côté de moi. Il se penche vers mon oreille.

- Ne doute pas un seul instant de toi, ce n'est pas de ta faute, rien n'est de ta faute. Tu vas gérer et notre bébé sera en bonne santé.

Je hoche la tête, le menton tremblant.

- Je t'aime.

Il m'embrasse rapidement. Le personnel médical s'affaire autour de moi me donnant presque le tournis. Ils parlent entre eux faisant comme ci nous n'étions pas là. Rien ne nous ai clairement expliqué.

- Bonjour madame, je suis Julie, c'est moi qui vait vous aider à accoucher d'accord ?

Je hoche machinalement la tête. La jeune femme me sourit tendrement.

- Je sais que c'est dur et qu'un accouchement prématuré est stressant, mais ce n'est pas de votre faute d'accord ? Votre poche des eaux s'est fissurée trop tôt.

Je hoche encore une fois la tête. Une infirmière arrive à mes côtés et me caresse tendrement les cheveux en me lançant un sourire rassurant. Elles semblent toutes les deux si sûres d'elles, si confiantes. Le sont-elles vraiment ou est-ce uniquement dans le but de nous rassurer ?
Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions, une nouvelle contraction se fait ressentir. Julie me dit alors de pousser, ce que je fais sans broncher. Ma poigne se ressert autour de ma main de Ken tandis qu'il reste de marbre à mes côtés.

- Vous êtes super, reprenez votre respiration.

Je pose lourdement ma tête sur l'oreiller et reprend tant bien que mal mon souffle.

- Dès qu'une contraction arrive vous poussez.

À peine a t elle terminé sa phrase qu'une nouvelle douleur me tord les entrailles. Je sers fortement la mâchoire et les poings en bloquant ma respiration. J'entends Ken me parler mais c'est comme ci il venait de très loin, comme ci il était au fond d'une grotte. Mon esprit est obnubilé par le fait de faire naître notre enfant, même si c'est trop tôt, même si il n'aurait dû naître que dans deux petits mois.

- Super, soufflez tranquillement.

Je sens la main de Ken se faufiler dans mes cheveux. Ses lèvres se collent à mon oreille et sa voix résonne dans mon crâne.

- T'es la meilleure.

Un légé sourire se forme sur mon visage.
Les contractions et les poussées s'enchaînent. Je suis morte de fatigue. Je sens l'énergie me quitter petit à petit. Pourtant, après une longue heure de travail et de douleur, la sage femme me dit que c'est bon. Notre enfant est né. Une infirmière coupe le cordon ombilical et part en courant dans la salle d'à côté, notre enfant entre les bras. Seul les petits crit de notre bébé résonnent au loin.

- Ça y est beauté, notre fille est née.

Je souris et tourne la tête vers Ken.

- T'as entendu, elle a pleuré.

Il me sourit tendrement en caressant ma joue transpirante.

- Oui, j'ai entendu.

- Je suis fatiguée.

- Repose toi. T'as été super. T'as le droit de te reposer maintenant.

Je secoue la tête, ne voulant pas dormir sans avoir de nouvelle de l'état de notre fille, mais, la fatigue est bien trop présente, bien trop forte. Mes yeux se ferment sans même que je ne le réalise.

- Je t'aime.

Les mots de Ken me semblent lointain mais je sens ses lèvres se poser sur mon front alors que je sombre dans un profond sommeil.

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