Chapitre 10. Julia

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Vendredi.   

Après un dîner plus que succulent pris dans des fous-rires inlassables sous des anecdotes familiales, que chaque membres de la tribu s'amusaient à raconter pour charrier un autre, Caroline propose de prendre le dessert ailleurs et de faire une balade au bord de l'eau avant de rentrer.  

On quitte donc le restaurant pour partir à la recherche d'un glacier encore ouvert, tombant finalement sur une baraque à chichis installée près de la côte.  

Le soleil s'est totalement couché il y a déjà plusieurs heures, la mer est plongée dans l'obscurité de la lune, paisible, le bruit des quelques vagues se fait tout juste entendre. Seuls les réverbères qui bordent le petit chemin de pavés face à la plage éclairent les environs, et une partie du tapis de sable à perte de vue. La brise de terre provoquée par le changement de climat entre terre et mer, notre planète se refroidissant plus vite que l'océan après le coucher de soleil, apporte un léger appel d'air plus que bienvenu.  

Zoé taquine sa cousine sur une vieille histoire de vase qu'elle avait apparemment cassé chez un oncle, avant de prétendre à celui-ci que son chien était le coupable alors que le pauvre innocent avait rendu l'âme quelques jours plus tôt. Tout le monde rit en écoutant l'histoire, sauf moi. Même si j'essaie de m'y forcer, un bref sourire se fend tout juste sur mes lèvres, je le sens.  

-Papa, regardes, je sais faire la roue ! 

Louise s'exécute sur le bitume, vite arrêtée par son père qui la sermonne sur le danger si elle se cogne la tête. Il lui propose, et nous propose par la même occasion, de longer par le sable pour qu'elle puisse nous montrer ses talents de gymnastique. 

On suit en applaudissant en chœur les prouesses de la petite. L'ambiance est détendue, légère, agréable. Mais ma gaieté du moment plaisant diminue à mesure qu'on approche de la maison, où je sais qu'Axel va vouloir relancer cette foutue conversation à propos de ce baiser. Ces baisers. 

J'ignore ce qu'il est persuadé qu'il y à a ajouter à toute cette affaire, encore, mais je suis pratiquement sûre que ça ne va pas m'aider à continuer de faire semblant qu'il n'y plus aucun malaise entre nous. Tout autant que moi, il sait pertinemment qu'il y en a toujours bel et bien un, malgré qu'on s'affaire à le masquer au reste de la maison pour ne plus pourrir les vacances. 

-Ça va Lia ? me sourit gentiment Maxime en venant à mes côtés, alors que je marchais un peu en arrière du groupe. T'as l'air bien soucieuse tout à coup, qu'est-ce qu'il se passe dans ta tête ? 

S'il savait...  Ton beau-frère continue de foutre le bordel dans ma tête, voilà ce qu'il passe, me gardais-je de me plaindre. En plus de lui demander de lui écraser la mâchoire comme punition. 

-J'apprécie seulement le moment, lui souriais-je en retour, sûrement moins convaincante mais il a la délicatesse de faire semblant d'y croire en hochant la tête. 

-Tu ne parts jamais en vacances avec ta famille ? J'ai cru comprendre que tu n'avais pas vu la mer depuis des années, quand t'as littéralement couru et sauté dans l'eau en criant comme une folle le premier jour. 

On échange un rire à ce souvenir, avant que le mien ne s'estompe sous un pincement inopiné dans ma poitrine. 

-Je ne suis jamais vraiment partie où que ce soit avec ma... Famille. Sauf si un village paumé de six-cents habitants pour aller rendre une dernière visite à une vieille tante mourante compte, tentais-je de plaisanter, sans grand succès. 

Il fronce subtilement les sourcils en gardant un œil sur sa fille, qui creuse le sable avec son parrain. Qui s'est montré étrangement silencieux toute la soirée, du moins envers moi. Aucun de nous n'a adressé un mot à l'autre de tout le dîner, se contentant de participer aux conversations en s'esquivant. 

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