Chapitre 25. Julia

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Lundi.

Le regard sur le plafond, j'écoute la respiration d'Axel briser délicatement le silence de ma chambre à chaque léger ronflement. Il dort encore paisiblement alors que je me suis réveillée en sursaut il y a bien une heure, ce qui l'a fait gigoter et passer son bras autour de ma taille pour me ramener contre son corps brûlant.

Je n'ai pas regardé l'heure qu'il est mais j'en ai une idée approximative. Comme toutes les nuits, j'ai dû ouvrir brusquement les yeux vers six heures. C'est comme si mon horloge interne était réglée sur cette fonction pour me protéger inconsciemment depuis des années. C'est toujours la même chose, peu importe si mon rêve était agréable ou guidé par de vieux démons, j'ouvre tout simplement les yeux dans un soubresaut et m'empresse de vérifier qu'aucune lumière extérieure ne traverse le bas de ma porte. Ce qui n'est plus jamais le cas depuis longtemps déjà et pourtant, mon subconscient continue de me tirailler en m'obligeant à m'en assurer chaque nuit.

Des bribes de souvenirs traversent ma mémoire en hérissant tous le poils de mon corps, un courant froid imaginaire qui prend mes veines en traître. Ma gorge se dessèche, mes membres s'ankylosent graduellement par la peur. Je sens à nouveau sa présence à quelques pauvres mètres de moi dans le couloir, et je me paralyse complètement. Ma porte grince quand il l'ouvre, l'odeur de tabac froid et de marijuana venant du rez-de-chaussée envahit la pièce. Jusqu'à me donner un haut le cœur quand elle devient trop pesante, trop forte, trop près...

-Lève-toi gamine, me bouscule-t-il l'épaule.

Je suis déjà réveillée mais entièrement paralysée. Je serre le rebord de la couverture dans ma main tremblante sous mon menton, blottie sous elle en priant pour qu'il batte en retraite, au moins une fois.

-Je t'ai dit de te lever ! s'écrie-t-il en tirant sur la couette, découvrant mon corps crispé en boule sur le matelas. Pourquoi est-ce que tu ne m'écoutes jamais bordel de Dieu ?

-Il est quelle heure ? demandais-je d'une voix fébrile, les paupières lourdes.

-Six heures du mat, et tu sais ce que ta mère vient seulement de voir dans ton carnet de liaison petite garce ? rit-il cruellement en empoignant durement mon poignet pour me redresser. Il parait que t'as eu une conversation intéressante à mon sujet avec ta prof d'SVT ?

-Je ne lui ait rien dit, je te le jure, pleurais-je, terrorisée par ce qui va suivre et dont j'ai parfaitement conscience.

La gifle tombe dans un bruit assourdissant, faisant bourdonner mon tympan touché par l'impact.

Dans ses mains calleuses d'homme, j'ai l'air ridiculeusement minuscule et fragile comme du cristal du haut de mes quatorze ans. Je me sens comme un vulgaire insignifiant bout de chiffon qui se détériore au fil du temps, jusqu'à finir en lambeaux.

-Tu vas le regretter espèce de salope, rage-t-il les dents serrées en attrapant mes cheveux à l'arrière de mon crâne, me traînant hors de mon lit pour me jeter sur le parquet froid.

-Mamaaaaaan !

Le premier coup de ceinture tombe et je hurle dans un murmure étouffé par un sanglot.

-Lia... ?

Un second coup frappe violemment mon dos et je me recroqueville de douleur, implorant ma mère de mettre fin à ce fléau sans jamais qu'elle ne me vienne en aide.

-Si j'apprends que t'as parlé de moi à qui que ce soit d'autre, je te jure que je t'étrangle avec, c'est compris ? me menace son dégénéré de mari en enroulant sa ceinture en cuir autour de mon cou, serrant juste assez fort pour m'obliger à hocher la tête en signe d'acquiescement, le souffle court.

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