Lundi.
Pied au plancher, je manque de peu un accident en grillant une priorité. Le type m'insulte à gorge déployée par-dessus le bruit strident de son klaxon, ayant sûrement eu la peur de sa vie.
-Allez Lia, répond nom d'un chien ! m'exaspérais-je face à son foutu répondeur à la con sur lequel je tombe directement à chaque coup.
J'abandonne en grognant et jette mon téléphone sur le siège passager, puis appuie davantage sur la pédale d'accélération malgré l'aiguille de mon compteur déjà bien trop couchée.
A peine plus de cinq minutes plus tard, contre les quinze qu'il me faut habituellement pour faire le trajet du boulot à l'appartement, je bloque mon frein à main sur la première place de parking que je trouve de libre en bas de l'immeuble. Sans prendre la peine de rectifier ma position de biais qui bloque incontestablement la sortie aux deux autres voitures qui m'encerclent, à moins que mes voisins ne décident de m'arracher mon parechoc ou un rétro comme punition.
Je sprint jusqu'au hall et gravis les escaliers plus vite que je ne m'en serais cru capable, le cœur battant à tout rompre.
-Lia ? l'appelais-je une fois dans l'appartement, indéniablement déserté si j'en crois le silence fulgurant. Julia ? tentais-je tout de même plus fort en examinant toutes les pièces à tour de rôle, vides.
Je vérifie le placard de l'entrée, constatant que ni son sac à main, ni les sandales qu'elle porte quotidiennement n'y sont, signe qu'elle est sortie.
-Hé merde !
Je tâte mes poches pour retenter un énième et, très probablement ; inutile, appel, mais je m'en rend vite compte que j'ai oublié mon portable dans la voiture.
Je prends une seconde pour souffler et ralentir les palpitations bien trop agitées dans ma poitrine, tellement que ça en devient douloureux et que ma respiration commence à devenir difficile à prendre. J'inspire profondément par le nez en fermant les yeux, essayant de me rassurer moi-même mentalement au passage.
Et même si elle était réellement enceinte, ce ne serait pas forcément une tragédie. Certes, c'est encore plus prématuré que notre brusque emménagement à deux, mais maintenant ou demain, quelle différence ça fait ? Guillaume à raison. J'aime Julia, je sais que je veux faire ma vie avec elle et je veux fonder une famille, alors quel mal il y aurait-il à ce que ça se fasse prématurément dans le fond ?
J'y réfléchis un instant, avant de me rendre à l'évidence et de trouver la raison évidente du pourquoi est-ce que je me sens soudainement coincé dans un étau, complètement paniqué. Le problème ne vient pas du fait de ne pas en vouloir, de ne pas être sûr de ce que j'éprouve pour Julia, c'est de ne tout bonnement pas être prêt.
S'occuper occasionnellement de sa filleule le week-end c'est une chose, s'occuper d'un gamin à temps plein tout en gérant une vie de couple et un travail, ça me paraît totalement irréalisable et insensé.
-Je savais bien que je t'avais entendu mon garçon, me surprend Mme Lynn, postée devant ma porte d'entrée que je n'avais même pas pris le temps de fermer derrière-moi. J'avais cru comprendre que tu travaillais toute la journée aujourd'hui ?
-Ouais, normalement.
Je soupire lâchement en me décollant du mur contre lequel je m'étais retenu, ayant cru un instant que j'allais tomber dans les pommes, et la rejoint sur le palier. Réalisant que je n'ai pas le souvenir de lui avoir communiqué mes horaires de la semaine.
-Comment vous le savez ? la questionnais-je, intrigué.
-Devine, me sourit-il doucement. Je suis prête à parier que tu cherches quelqu'un. Une jolie petite brune maigrelette peut-être ? De sublimes yeux verts, folle de toi... Ça te dit quelque chose ?
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Holidays
RomanceIls méritaient bien quelques jours de vacances. Elle venait de perdre son travail. Il venait de se faire larguer par celle avec qui il s'imaginait faire sa vie. Quoi de mieux qu'une maison en bord de mer pour se remonter le moral ? Ce qu'ils igno...