Chapitre 26. Julia

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Mardi.

-J'en reviens pas qu'on parte déjà demain, se plaint Caroline en dirigeant le parasol de la terrasse de façon à tous nous mettre à l'ombre. J'ai l'impression que ce mois de Juillet a duré une semaine, c'est passé beaucoup trop vite sérieux.

-On aura quand même bien profité, c'est le principal, renchérit Elyott.

-Pas assez à mon goût, rétorque Axel, sur qui je pose instinctivement les yeux.

Il me tend un faible sourire nostalgique, à l'image de toutes les mines dépitées de la maison.

Savoir que notre séjour ici prend fin dans moins de vingt-quatre heures nous pompe tous le moral. Depuis le réveil, personne n'est entrain à profiter du peu de temps qu'il nous reste, trop mélancolique. Moi y compris.

Je me sens patraque, le ventre creux et noué, la bonne humeur bien loin. Je n'ai pas envie de partir, encore moins que tout le monde pour des raisons évidentes.

Rentrer chez moi pour quoi au juste ? Devoir faire des pieds et des mains pour retrouver un travail ? Réfléchir à mon avenir et songer sérieusement à ce que je vais faire à la rentrée, entre entamer un master ou prendre un boulot merdique à temps plein pour subvenir à mes besoin ?

Et puis quoi, vivre de nouveau seule ? Enfermée dans mon studio silencieux et morose sans entendre le rire pétillant de Louise qui résonne perpétuellement, sans pouvoir observer Zoé et Max s'envoyer des regards amoureux en juif, sans pouvoir m'attendrir devant Axel qui joue avec sa filleule ?

Bon Dieu, sans Axel tout court, qui sera à deux heures de train de chez moi !

Le simple fait d'y penser me donne la nausée.

-Qu'est-ce que t'en dis Lia ? m'interroge Zoé en câlinant sa fille assise sur ses genoux.

-Hmm, de quoi ? Je n'ai pas suivi, désolé.

-On pensait se faire un resto de fruits de mer ce soir pour la dernière soirée.

-En fait, me coupe Axel alors que j'allais accepter, peu enthousiaste. J'avais dans l'idée qu'on passe cette soirée rien que tous les deux, si vous vous sentez capable de vous passer de notre fabuleuse compagnie.

Ils pouffent à l'unisson en lui envoyant des vannes sur son manque de modestie, tandis que je me perds une nouvelle fois dans ses pupilles bleu nuit qui m'en disent beaucoup. C'est l'heure de vérité, d'avoir la fameuse discussion sur la suite, sur ce qui va advenir de nous à partir de demain, quand Paradise ne sera plus qu'un merveilleux souvenir.

Ça y est, j'ai vraiment la nausée.

-Promis, cette-fois, on vous prévient avant de rentrer. Pas de mauvaise surprise, nous sourit traîtreusement Maxime.

Ils repartent tous à rire de bon cœur, taquins. Sauf moi, figée dans un sourire crispé totalement faux, rongée par l'anxiété.

***

Je plie, déplie, et replie pour la cinquième fois un chemisier sans manche, puis soupire en l'abandonnant dans ma valise que j'essaie désespérément de faire. Le cœur lourd. 

Je ne sais même pas combien de temps je suis restée là, plantée devant mon lit et ma valise ouverte posée dessus encore presque vide, à gagner du temps et m'occuper l'esprit pour ne pas sombrer dans l'angoisse à mesure que l'heure passe. Ce qui était totalement inutile puisque de toute façon, le moment fatidique qui devait arriver, arriva :

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