Lundi.
L'estomac aux bords des lèvres, je me force du mieux que je peux à sourire et hocher la tête chaque fois qu'Axel s'adresse à moi, devant ravaler la nausée qui menace de me quitter. D'une, pour nous éviter un énième débat au sujet d'une possible consultation chez un médecin et de deux, pour lui éviter d'être davantage en retard pour sa reprise du boulot qu'il ne l'est déjà.
-Je serai rentré vers vingt heures normalement, m'informe-t-il en faisant passer son dernier morceau de biscotte avec le fond de son café. J'aurai pas mon portable sur moi mais tu peux appeler directement à l'accueil du magasin s'il y a un problème. Tu tomberas sûrement sur Fanny, demande-lui à parler au responsable du rayon outillage et elle transfèrera la ligne dans nos bureaux, ok ? Je garderai le fix avec moi au cas où.
Nouvel hochement de tête et sourire forcé de ma part qui passe, Dieu du ciel merci, comme une lettre à la poste, étant trop occupé à réunir toutes ses affaires pour réellement me prêter attention. Tellement qu'il n'a même pas remarqué que j'avais tout juste touché à mon petit-déjeuner. Probablement parce que j'ai eu la brillante idée d'émietter mes biscottes pour donner l'impression que mon assiette soit moins pleine.
-Tu n'hésites pas à m'appeler s'il y a quoi que ce soit, compris ? insiste-t-il d'un regard exagérément sévère dans ma direction en enfilant son manteau.
-Message reçu, abrégeais-je dans un sourire plus crédible. Dépêche-toi, tu vas être à la bourre.
Je le pousse gentiment jusqu'à la sortie sans me dépêtrer de mon sourire, sentant que mon estomac va se déverser d'un instant à l'autre.
-Bonne journée, à ce soir, je t'aime, m'empressais-je de l'embrasser, de refermer la porte et de courir à la salle de bain.
J'atteins les toilettes de justesse, ayant tout juste le temps de relever la lunette avant de régurgiter le peu que j'ai réussis à avaler. Soit une tasse de café et un minuscule bout de biscotte difficile à faire passer.
Je souffle en me laissant retomber sur les fesses, puis contre le mur, consternée, frustrée et épuisée par toutes ses nausées quotidiennes qui commencent sérieusement à devenir insupportable. Je repousse ma frange pour essuyer mon front moite quand un raclement de gorge rompt brutalement le silence infaillible qui régnait. Je sursaute avant d'apercevoir Axel, accoudé contre le chambranle de la porte, les bras rudement croisés, son regard accusateur rivé sur moi.
-Tu te fiches de moi ? me réprimande-t-il.
Je soupire de lassitude et me relève pour remplir un gobelet d'eau, avec l'espoir grandissant que ça apaise la brûlure dans ma gorge. Manque de chance, il l'attrape avant moi en soutenant davantage son regard plein de reproche.
-Tu m'as dis que tu te sentais mieux, m'accuse-t-il. Comment tu veux que je parte sereinement au travail alors que tu me mens ?
-Axel...
-J'aurais dû appeler le médecin hier comme prévu au lieu de céder encore une fois à tes caprices, rage-t-il en remplissant le gobelet pour me le tendre. Je vais appeler mon patron pour demander ma journée, il n'est pas question que je te laisse toute seule.
-Arrête, je ne suis pas à l'agonie non plus.
Je lève les yeux au ciel en avalant une gorgée d'eau qui n'atténue malheureusement en rien la douleur dans mon œsophage, au contraire. Je grimace discrètement, toujours sous son regard excessivement inquisiteur.
-J'appelle mon patron, décrète-t-il fermement. Et après, j'appelle un médecin, que tu le veuilles ou non.
-Je peux le faire moi-même ça, va travailler Axel.

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Holidays
RomanceIls méritaient bien quelques jours de vacances. Elle venait de perdre son travail. Il venait de se faire larguer par celle avec qui il s'imaginait faire sa vie. Quoi de mieux qu'une maison en bord de mer pour se remonter le moral ? Ce qu'ils igno...