Chapitre 32. Axel

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Lundi.

-Je prends une pause Tim, prévenais-je mon collègue en l'abandonnant lâchement dans les rayons avec trois clients sur les bras, me précipitant déjà vers la réserve à l'arrière du magasin.

-Encore ?

Je fais mine de ne pas avoir entendu sa plainte et lance un appel à Julia à l'instant où je me retrouve seul, mais comme les huit derniers coups de fils que je lui ai passé durant les six dernières heures, je n'ai le droit qu'à la voix robotique de son foutu répondeur comme réponse.

-Nom de Dieu Julia, t'as plutôt intérêt de me rappeler rapidement parce que je vais faire un carnage, grondais-je dans le microphone, à bout de nerfs et complètement paniqué par son soudain silence radio incessant. J'essaie de te joindre depuis des heures putain, je me fais un sang d'encre. Rappelle-moi ! lui ordonnais-je avant de raccrocher.

Bordel !

-Tout va comme tu veux ? me surprend Guillaume, un cariste d'une trentaine d'années qui a été embauché quasiment à la même période que moi et dont je me suis lié d'amitié. T'as l'air à cran aujourd'hui mon vieux, t'arrêtes pas de gueuler depuis ce matin. C'est la reprise qui te met d'aussi bonne humeur ? ricane-t-il sarcastiquement.

-Juste mon emmerdeuse de copine qui s'amuse à filtrer mes appels, grommelais-je.

Je m'avachis mollement sur une palette avant de me frotter hargneusement le visage pour faire passer mon excès de colère envers Julia, ce qui ne change absolument rien à mon envie grandissante de rentrer pour lui passer un savon. Et m'assurer qu'elle aille bien, aussi.

Guillaume abandonne son monte-charge pour me rejoindre, les sourcils froncés.

-Tu t'es remis avec Anaïs ? me questionne-t-il naïvement, à juste titre puisque je n'ai pas encore eu le temps de lui raconter mes vacances. Ça ne me regarde pas mais franchement, je trouve que c'est une mauvaise idée mon vieux. Après la façon dont elle t'a largué, à quelques mois du mariage... C'est une connasse cette fille, tu mérites largement mieux tu ne crois pas ? Ok elle est sacrément mignonne, mais quand même. C'est impardonnable ce qu'elle t'a fait. Moi si ma femme me fait un coup comme ça, je te jure qu'elle pourra toujours ramer pour essayer de me récupérer. Elle ira se faire foutre bien profond.

-Je penserai à lui passer le message si jamais l'envie lui prend, raillais-je. Mais non, je ne me suis pas remis avec Anaïs. Plutôt crever.

Son air exagérément choqué me fait marrer. Il faut dire qu'avant que je ne parte en vacances, je chouinais encore tous les jours sur son épaule en jurant que j'étais prêt à vendre un rein pour la reconquérir, la mine dépitée et le cœur en miettes.
En un mois, mon discours a radicalement changé, je comprends que ça puisse être aussi étonnant.

-J'ai rencontré quelqu'un pendant les vacances, une amie de ma cousine qu'elle avait invité chez mes grands-parents, lui appris-je, ce qui semble le ravir si j'en crois son large sourire. Elle est super. Tellement qu'il ne m'a même pas fallu un mois pour tomber raide dingue d'elle et lui demander de vivre avec moi, c'est pour te dire.

-Voyez-vous ça, le petit Axel est amoureux. Comme il est mignon.

-La ferme, me marrais-je en repoussant sa main alors qu'il s'amusait à me pincer la joue.

-Et alors, pourquoi est-ce qu'elle évite tes appels ?

-J'en sais rien, grognais-je de plus belle. Elle était censée appeler un médecin ce matin mais j'ai aucune nouvelle. Elle est toute seule à l'appart, il a pu lui arriver n'importe quoi.

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