Vendredi.
A l'image du ciel grisailleux, la mer n'a jamais été aussi déchainée depuis notre arrivée. D'ordinaire parfaitement plate et calme, depuis cette après-midi que le temps s'est graduellement couvert au fil des heures, quelques vagues déferlent à intervalles intermittentes. Je les regardes s'écraser sur le sable dans un bruit sourd au loin, depuis la véranda.
L'atmosphère est humide, les températures lourdes, la luminosité naturelle obstruée par des nuages sombres qui camouflent le soleil à peine distinct derrière-eux. On se croirait sous les tropiques en période d'hivernage.
-La tempête ne devrait se pointer que demain soir d'après la radio, me rejoint Maxime, deux bières à la main.
Il m'en tend une et on trinque avant d'avaler une gorgée en chœur, le regard rivé sur l'orage qui se rapproche progressivement.
-Il fait une de ces chaleurs, on dirait que ça va craquer d'un moment à l'autre, observe-t-il en essuyant la sueur sur son front avec son avant-bras. Heureusement qu'on ne va pas au resto ce soir finalement, je suis certain qu'on se serait tapé une averse en rentrant du centre-ville.
-Pourquoi est-ce que c'est annulé ?
-Lia est clouée au lit, elle ne se sent pas bien, m'apprend-il. Elle a dû chopper un coup de froid sur la plage cette après-midi avec toi et Lou. Le vent a vite débarqué, ça a surpris tout le monde.
-Ouais...
Je prends une autre goulée en me demandant si je ne devrais pas aller voir comment elle va. Mais après ma réflexion de cette après-midi, alors que Louise dessinait un chœur dans le sable et me demandait d'y inscrire nos initiales en incluant Julia, ce que j'ai refusé en prétextant que les chieuses n'avaient pas leur place dans le cœur de l'amour dans le seul but de l'emmerder un peu, mais qu'elle semble s'être véritablement vexée, je doute qu'elle ait envie de me voir à son chevet.
J'ai bien essayé de me rattraper en creusant son prénom entier entre moi et ma filleul en signe de pardon, mais elle m'a envoyé un majestueux doigt d'honneur dans le dos de la petite avant de faire comme si je n'existais plus tout le reste de la virée.
-Qu'est-ce qui te fais sourire ? me demande brusquement Max.
Je hausse les épaules en m'empressant de prendre une autre gorgée, longue, pour ne pas avoir à répondre. Surpris moi-même de sourire bêtement à ce souvenir, et à la réaction clairement puérile de cette emmerdeuse.
-Julia est une chouette fille, Lou l'adore, me dit-il en m'observant du coin de l'œil.
-Hmm, marmonnais-je.
Je sais très bien à quoi est-ce qu'il pense, tout comme Zoé qui n'arrête pas de venir vers moi pour complimenter Julia à longueur de journée en étudiant distinctement chacune de mes réactions. Je me contente de lui sourire et de ne surtout pas lever les yeux au ciel ou l'envoyer bouler, sous peine de me faire réprimander par mon beau-frère. Mais conserver ma bonne humeur infaillible devient une épreuve difficile dans ces moments-là.
-Vous avez l'air de bien vous entendre aussi, non... ?
-Max, grognais-je en gardant péniblement mon calme. Lâche-moi.
-Elle te plait ? insiste-t-il malgré ma mise en garde.
Sans prévenir, je récupère mon tee-shirt que j'avais abandonné sur un canapé en osier et quitte la véranda dans un soupir. Je l'entends ricaner dans mon dos pour je ne sais quelle raison, ayant tout autant envie de lui demander ce qui l'amuse que de m'éloigner de lui avant qu'on en arrive au moment où il m'éclate la mâchoire. Ce que je suis certain qui arrivera si je décide d'approfondir cette discussion.
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Holidays
RomantizmIls méritaient bien quelques jours de vacances. Elle venait de perdre son travail. Il venait de se faire larguer par celle avec qui il s'imaginait faire sa vie. Quoi de mieux qu'une maison en bord de mer pour se remonter le moral ? Ce qu'ils igno...