Chapitre 9. Axel

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Vendredi.

Je contemple Julia jouer à un, deux, trois, soleil avec Louise dans le jardin, adossé contre une porte-fenêtre. Elles rient aux éclats quand ma nièce tente de rester immobile sur un pied, avant de perdre l'équilibre et de se laisser volontairement tomber comme une crêpe dans l'herbe.

Je souris derrière mon verre de jus d'orange, puis en avale une gorgée qui me reste en travers de la gorge quand mon sourire s'affaiblit brusquement.

C'est n'importe quoi. Je sais parfaitement que je ne la laisse pas indifférente, je le sens quand je l'embrasse. Et putain, ça me donne encore plus envie de l'embrasser, jusqu'à ce qu'elle l'avoue. Et surtout, jusqu'à ce qu'elle comprenne qu'elle me plait réellement et que mon intéressement envers elle ne vient pas d'une envie malsaine de l'utiliser pour apaiser le manque d'Anaïs dans ma vie.

Le problème, c'est que j'en doute moi-même depuis qu'elle m'a exposé sa vision des choses.

Et si je faisais vraiment le lien entre ma meilleure humeur des derniers jours et elle seulement parce qu'elle est là, alors que c'est tout bonnement le fait de prendre du recul et d'être ici avec ma famille qui m'aide ?

-Tu ne vas pas jouer avec elles ? me demande soudainement Caroline, débarquant dans mon dos. 

-Elles ont l'air de bien s'amuser toutes les deux, je ne veux pas m'incruster, m'efforçais-je de lui sourire pour n'éveiller aucuns soupçons.

Parce que je le sais, notre attitude distante et irritée après l'épisode de la plage a touché toute la maison. Le moral des troupes c'était affaissé à cause nous, et Max ne s'est pas privé de me rappeler qu'il n'hésiterait pas à mettre ses menaces à exécutions si je ne faisais pas quelque chose pour arranger les choses avec Julia.

Elle l'a finalement fait la première parce que je n'ai pas trouvé le courage de l'affronter le premier. Du moins, elle a essayé. 

En apparence nos rapports sont redevenus pacifiques et amicaux, mais la vérité est bien plus triste, on ne s'adresse pas un mot dès qu'on se retrouve seul. Et je sais que tout autant que moi, elle fait en sorte que ça arrive le moins souvent possible parce qu'à chaque fois, un malaise grandissant engouffre l'oxygène. 

-Tout roule... ? me questionne ma cousine, suspicieuse.

J'inspire discrètement en reprenant une gorgée de jus d'orange, puis m'éloigne de la baie vitrée en me façonnant d'un masque impassible.

-Ouais, nickel. On part au resto pour quelle heure ?

-Zoé a réservé pour 19h.

Je jette un coup d'œil sur l'horloge murale au-dessus de la cheminée du salon depuis la cuisine, qui indique 17h. J'acquiesce en fouillant le frigo à la recherche d'un encas, sentant Caroline me rejoindre à pas de souris.

-Quand je demandais si tout roulais, je voulais dire... Entre toi et Lia...

Evidemment, j'avais bien compris.

Je me décide pour un yaourt au chocolat, puis referme la porte du frigo en haussant nonchalamment les épaules.

-Nickel aussi, mentis-je. Où est Ely ?

-Il aide Max à ranger le garage, mamie a demandé qu'on y fasse un peu de tri.

-Zoé ?

-Elle profite que Lia joue avec Lou pour décompresser dans un bain.

Je suis donc coincé là, avec toi qui t'apprêtes à me me faire passer un interrogatoire, compris-je. 

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